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Le Cluster Herbe ou comment rassembler tous les acteurs dans le même pré

Le Cluster Herbe a réuni ses porteurs de projets pour un petit tour d’horizon des projets en cours en faveur du développement des filières agricoles et agroalimentaires.

L’herbe, une ressource indispensable en élevage sur laquelle repose des filières agricoles entières. Agriculteurs, chercheurs, conseillers, coopérateurs, industriels… tous sont réunis au sein du Cluster Herbe. Cette plateforme collaborative fait émerger, accompagne et promeut les projets de valorisation économique, environne- mentale et sociale des produits et services basés sur la ressource herbagère du Massif central. En bref, le Cluster Herbe est une “grande marmite” dans laquelle prennent forme des projets au service de la ressource herbagère et de ceux qui l’emploient. Le 14 novembre dernier, ses membres ce sont donnés rendez-vous à Lempdes pour une grande journée durant laquelle plusieurs résultats de projets labellisés ont été présentés.

 

Préserver, entretenir, cultiver

« La durabilité des systèmes repose sur l’herbe ». Jean-Baptiste Coulon de l’INRA ouvre cette journée centrée sur l’herbe en rappelant combien la ressource est précieuse au cœur du Massif central. Elle représente par ailleurs plus de 85% de la surface agricole. Que l’on soit éleveur de vaches allaitantes ou laitières, de moutons ou de chèvres, en bio, en conventionnel ou sous AOC, l’herbe est la base de l’alimentation. Pourtant, ces derniers temps, sa culture est régulièrement mise à mal, la faute aux sécheresses répétitives. Alors encore davantage qu’hier, les éleveurs doivent se réapproprier l’herbe ou plutôt réapprendre à vivre avec elle. D’après Philippe Plasse de Coop de France ARA, de nombreux atouts attendent ceux qui sauront s’emparer de cet enjeu. « L’herbe bénéficie d’un consensus total de la part de la société. Elle permet à la fois une activité agricole et touristique dans les zones rurales. C’est pourquoi la protection de la ressource est un défi pour continuer d’en vivre sans opposer les activités.» D’autant plus que l’activité de nombres de coopératives, comme d’industries, repose sur la ressource ! Tous baissent leur regard vers l’herbe et investissent dans des programmes de recherche, de développement de filières, de mar-ques et même d’OAD(1) pour tenter de l’apprivoiser et de la valoriser. « Le territoire devient un laboratoire mais il est difficile pour les agriculteurs de traduire les projets de recherche. Comme il est complexe pour les chercheurs de traduire en projet les demandes des agriculteurs » intervient Tony Cornelissen du SIDAM.

Atteindre la reconnaissance

Le Cluster Herbe donne ainsi à chacun l’opportunité d’avoir un interlocuteur. Au-delà de donner aux professionnels de la filière agricole les clés de la préservation et de la culture de l’herbe, l’ensemble de ces projets labellisés par le Cluster visent à atteindre la reconnaissance des services écosystémiques des prairies et leurs liens étroits avec les activités d’élevage, auprès des pouvoirs publics. « La reconnaissance des acquis environnementaux du Massif central est un pro- blème » assure Tony Cornelissen.

Certains porteurs de projets se sont emparés de l’autre versant de la montagne, l’aval : la valorisation de leur production auprès des consommateurs.

Des projets porteurs de valeur

C’est le cas par exemple de la marque de producteurs MontLait. Créée en 2010, l’Association des Producteurs de Lait de Montagne est parvenue à ériger ses produits laitiers dans les plus hautes sphères. Lait de consommation, raclette et beurre ont investi les GMS, les cuisines des plus grands chefs et même celles de l’Elysée. Petit à petit, les producteurs atteignent leur objectif de valoriser leur production, issue principalement du pâturage et de la culture de l’herbe, tout en participant au maintien des outils de transformation de leur zone de montagne.

Dans la même veine, on retrouve Valomac portée par le SIDAM. Ce projet a pour but de créer un modèle économique identifié au Massif central qui s’attache à valoriser les systèmes herbagers et répartir de la valeur ajoutée. Dernièrement, Valomac a lancé sa marque « 1886, les viandes du Massif » dans laquelle ne sont acceptés que les producteurs ayant plus de 75% de leurs surfaces en herbe et moins de 100 vaches/UMO(2).

Les projets labellisés par le Cluster Herbe ne reposent pas uniquement sur l’aval de la filière mais offre aussi des solutions à l’amont, c’est-à-dire les producteurs (voir encadré ci-dessus).

 

(1) OAD : Outils d’Aide à la Décision

(2) UMO : Unité de Main-d’Œuvre.

Zoom sur…

Production de luzerne : relier plaine et montagne

La création d’une filière de luzerne séchée en plaine à proximité de la zone AOP Saint-nectaire est également un projet labellisé par le Cluster Herbe. Ici, l’Interprofession du Saint-nectaire a pour ambition de retisser des liens entre la plaine et la montagne reposant sur un approvisionnement local de fourrage. L’ISN a évalué les besoins en luzerne sèche de ses adhérents à plus 2 000 tonnes de Matières Sèches (MS) par an. Quoi de mieux alors que la plaine de la Limagne et ses céréaliers pour produire ce fourrage ? En partenariat avec Limagrain, une quarantaine d’entre eux (soit environ 223 ha) seraient intéressés à condition que le débouché soit sécurisé, qu’ils bénéficient d’un appui technique et que s’organise des travaux collectifs de fenaison. « La luzerne est une nouvelle production pour beaucoup d’entre eux » souligne Louise Mions en charge du dossier à l’ISN. En bonne voie, le projet se penche désormais sur la récolte et notamment son séchage. « Le plus important pour les éleveurs est de réussir à garantir la qualité du fourrage. Or, cette dernière diffère selon le mode de récolte, elle peut considérablement varier. Le séchage en grange est le plus approprié mais demande de lourds investissements. » En effet, l’ISN estime le coût de production aux alentours de 255€/tonne de MS. L’interprofession et ses partenaires entrent dans la troisième phase de leur projet qui consiste à déterminer l’engagement des investisseurs et l’organisation de la structure juridique détenant l’outil de séchage. Le calendrier annonce une entrée en production dès 2021.

 

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