L’AZOTE AU BON MOMENT, AU BON ENDROIT GRÂCE AU DRONE
Si de loin, le bruit d’un drone ressemble à un bourdonnement, cet objet volant d’un nouveau genre est de plus en plus utilisé en agriculture. La Chambre d’agriculture de l’Allier est l’une des rares en France à proposer une prestation drone pour une fertilisation azotée ajustée au centimètre.
« Bientôt on aura nos résultats du passage du drone instantanément sur notre téléphone, on ira directement dans nos tracteurs connectés qui calculeront automatiquement la dose à déposer ». Jean-Marie Chédru, agriculteur à Gouise et vice-président de la Chambre d’agriculture de l’Allier, en charge des questions d’agronomie, se prend à rêver en voyant un drone survoler sa parcelle de blé.
« Notre rôle est d’être dans l’innovation »
Et pourtant, ce jour n’est peut-être pas si lointain à en croire Patrice Bonnin, président de la Chambre d’agriculture : « La Chambre d’agriculture est l’une des rares en France (*) à proposer cette nouvelle prestation drone. Notre rôle est aussi d’être dans l’innovation car si nous ne le faisons pas, qui le fera à notre place ? », se demande-t-il.
Deux hectares cartographiés à la minute
Une innovation qui vise à propulser le drone à 150 mètres du sol pour qu’il photographie sous quatre longueurs d’ondes différentes les parcelles au rythme de deux hectares à la minute et d’une dizaine de photos prises par hectare. Le tout, à une vitesse de 40/50 kilomètres par heure afin de produire un cliché le plus précis possible, au mètre près. Au sol, le technicien ne pilote pas directement le drone mais programme le vol qui est ensuite automatique et s’assure sur son ordinateur que la parcelle est parfaitement photographiée.
Une première campagne sur blé, les prochaines en colza et orge ?
Si le vol en lui-même ne dure que quelques minutes, les étapes sont multiples en amont et en aval. Il faut d’abord récupérer les informations relatives à la parcelle (délimitation, données agronomiques, …). Il est ensuite indispensable de demander une autorisation de vol à l’aviation civile. Une fois la parcelle photographiée, les clichés sont envoyés à un prestataire extérieur afin d’être interprétés pour déterminer les besoins en azote de la culture. Le travail du technicien sera de vérifier la cohérence de ces conseils avant de les communiquer à l’agriculteur. « La finalité est d’apporter des conseils pour les derniers apports d’azote sur blé. C’est l’objectif de cette première campagne avant, peut-être, de proposer le même type de prestation sur colza et orge », note Guillaume Cellier, technicien au service agronomie.
Une information supplémentaire pour un conseil toujours plus précis
Même avec une technologie si sensible, rien ne viendra remplacer l’œil de l’agriculteur et l’avis du conseiller : « Les résultats fournis par le drone sont là pour nous apporter un complément d’information, nous aider à réajuster et nous permettre de tenir compte des bords de parcelle », explique encore le technicien. « Cette nouveauté est pertinente d’un point de vue économique avec l’optimisation de la fumure azoté et des rendements, et d’un point de vue environnemental si, comme dans mon cas, mes parcelles sont situées en zone vulnérable », résume Jean-Marie Chédru.
(*) À ce jour, les Chambres de la Somme, du Loiret, de la Charente-Maritime et de l’Eure-et-Loir sont équipées d’un drone.
♦ Retrouvez notre dossier consacré aux nouvelles technologies
dans l'Allier Agricole du 6 juillet 2017