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L’aveuglement du gouvernement dénoncé, face aux mouvements extrémistes

Le congrès de la FDSEA du Cantal est revenu sur un phénomène qui prend de l’ampleur, pénalise les filières et les consommateurs, dans l’indifférence des pouvoirs publics.

À Aurillac, la présidente de la FNSEA se dit choquée par l’attitude laxiste des gouvernants face aux exactions violentes d’associations antispécistes. 
À Aurillac, la présidente de la FNSEA se dit choquée par l’attitude laxiste des gouvernants face aux exactions violentes d’associations antispécistes. 
© R. S.-A.

Dès les premiers mots introductifs, le ton était donné. Outre les combats syndicaux pour la défense de prix rémunérateurs, d’une juste répartition des marges et d’une concurrence loyale, le 73e congrès de la FDSEA du Cantal, qui sest tenu devant près de 400 militants, allait aussi évoquer les difficultés auxquelles l’élevage est de plus en plus souvent confronté : des mouvements qualifiés “d’extrémistes” et “sectaires”. Un avis partagé par l’ensemble des intervenants sur le sujet et qui ont fait part aux parlementaires présents ce vendredi 9 novembre à Aurillac(1), de leur stupéfaction face à un gouvernement qui “ne prend pas la mesure de la gravité”, alors que se multiplient des actes toujours plus violents, notamment envers les abattoirs ; qui laisse la profession agricole soumise à une vindicte populaire imposée par une minorité mais soutenue par quelques grands médias ; ne s’interroge pas sur le fonctionnement et le financement de ces puissantes associations ; ferme les yeux sur le langage offensant à la mémoire des familles de déportés, utilisé par la cause antispéciste (qui compare les animaux conduits à l’abattoir à des camps d’extermination nazis)... Par leur silence, les pouvoirs publics fragilisent toute l’économie agroalimentaire. Christiane Lambert, présidente de la FNSEA et invitée du congrès, cadre d’emblée : “Nous sommes face à une escalade insensée de ces mouvements dont le combat n’est plus anti-viande, mais pour l’arrêt total de l’élevage, dans un crescendo des mots qui dépasse les bornes de la part de ces égéries toutes pâles qui parlent à la télévision de déportation d’êtres sensibles”, souligne-t-elle, en rappelant n’avoir obtenu aucune réponse des lettres adressées au Président de la République à ce sujet, ni du ministre de l’Intérieur, après la diffusion de l’appel à manifester lancé par 269 life, dont le visuel était un abattoir en feu.

Sentiment d’impunité

Preuve de ce “laisser-aller”, Christiane Lambert souligne que le jour où l’abattoir a été incendié dans l’Ain, Gérard Collomb était dans ce département. “Il avait deux raisons d’aller voir cet abattoir : il était invité au congrès des pompiers tandis que 30 d’entre eux luttaient contre le feu. Et parce que 80 salariés se retrouvent sans emploi et 200 éleveurs impactés. Le ministre ne s’est pas déplacé. Aucune considération, rien du tout ! Pire, à cette heure, le préfet de l’Ain ne s’est toujours pas rendu sur le site.” Dans le même ordre d’idées, des jeunes pénètrent dans des élevages, porcins notamment, réalisent et postent des vidéos, sans être inquiétés. “Est-ce que moi je rentre chez ces gens-là pour voir ce qu’il y a dans leur frigo, quelle voiture ils utilisent, comment ils s’habillent ? Ce n’est pas du tout normal !”, martèle la présidente de la FNSEA. “On soigne nos bêtes, les négociants investissent pour ne pas que les animaux se blessent, les abatteurs font de même, les bouchers jouent la transparence... Tout ce travail mis à mal à cause de quoi, au profit de qui ? Une mauvaise formation, une manipulation d’images, une manipulation de l’homme pour vendre des vidéos ?”, demande Roger Oudoul, de Celles. Et c’est précisément pour répondre à ces questions que le syndicat agricole majoritaire a demandé qu’une commission d’enquête parlementaire (70 députés) fasse la lumière sur ces réseaux. Qui les pousse, qui les finance, quels sont leurs ressorts ? Mais Christiane Lambert a déjà quelques éléments de réponse.

Financement américain

“L’association L214 a touché l’année dernière 5 millions d’euros pour agir. Elle a perçu 1,140 M€ d’une association américaine derrière laquelle on trouve les co-fondateurs de Facebook et des géants de la Silicon Valley, qui mettent au point une viande végétale et donc pourrissent la vie des éleveurs en France”, affirme la présidente de la FNSEA. “Nos animaux sont nourris tandis que des êtres humains meurent de faim ; sont abrités l’hiver, contrairement aux SDF ; soignés en cas de maladie...”, constate Francis Flagel, président des JA du Cantal qui, excédé, finit par lancer à l’encontre de ces associations de défense de la cause animale, sous un tonnerre d’applaudissements : “Ouvrez les yeux et fermez vos gueules !” Le maire d’Aurillac, Pierre Mathonier, se dit également conscient de “l’existence de ces sectes intégristes et occultes” et promet de poursuivre des opérations de communication positives autour de l’élevage (Salon de l’habitat, Européennes du goût...). “D’autant que les agriculteurs restent aimés des Français”, insiste le président de la FNB, Bruno Dufayet. Chantal Cor, vice-présidente de la Chambre d’agriculture, invite les éleveurs à se former à une communication, verbale et non-verbale. Et surtout, à ne pas oublier l’immense majorité des mangeurs de viande, à qui il convient de continuer à ouvrir les étables et montrer la réalité d’un élevage qui n’a pas à rougir de ses pratiques.

(1) Le congrès s’est tenu en présence de l’ancien ministre Mézard (qui doit retrouver son siège de sénateur), de la sénatrice Josiane Costes, des députés Bony et Descœur, le préfet ayant fait valoir son droit de réserve à l’approche des élections de janvier à la Chambre d’agriculture.

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