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L’ambroisie, une lutte inégale

Le Comité parlementaire de suivi du risque ambroisie a fait état des dernières données sur l’avancée du fléau qui a coûté plus de 40 millions d’euros de soins l’an passé.

À la veille du pic de pollen d’ambroisie, le Comité parlementaire ambroisie s’est déplacé à Bourgoin-Jallieu en Isère pour faire un point sur l’avancée du fléau.
À la veille du pic de pollen d’ambroisie, le Comité parlementaire ambroisie s’est déplacé à Bourgoin-Jallieu en Isère pour faire un point sur l’avancée du fléau.
© ID

« La région Auvergne-Rhône-Alpes est la plus infestée et la plus exposée à l’ambroisie », indique Hervé Bertrand, référent pollens et ambroisie à l’ARS. L’agence régionale de santé vient de délivrer les chiffres de l’année 2017 qui montrent que 80 % de la population de la région est exposée plus de 20 jours aux pollens, ce qui correspond à 6,7 millions de personnes, dont 2,5 millions le sont plus de 40 jours par an. Les chiffres communiqués par l’assurance maladie, tous régimes confondus, sont tout aussi astronomiques. L’an passé, 10 % de la population d’Aura, soit 660 000 personnes, ont consommé des soins en rapport avec l’ambroisie (de la prise de médicaments à l’arrêt de travail) pour un montant de 40,6 millions d’euros.

L’affaire de tous

Présente en France depuis 1863, cette plante exotique envahissante s’adapte, résiste et se trouve particulièrement bien en Auvergne-Rhône-Alpes. Elle prolifère sur le 45e parallèle, n’aime pas l’altitude, mais adore la terre retournée, d’où sa forte présence dans le pays du Roussillon et dans la plaine de Saint-Exupéry, secteurs où les lourdes infrastructures ont modifié les paysages. « L’ambroisie est l’affaire de tous. Il faut impliquer la population », insiste Michel Thibaudo, docteur en pharmacie, en présentant un état des lieux de l’évolution de l’ambroisie en France, lors d’un point proposé par le Comité parlementaire de suivi du risque ambroisie et autres espèces invasives, vendredi 21 juillet à Bourgoin-Jallieu en Isère. « Le but du comité est d’apporter des informations, de sensibiliser les populations, et d’impliquer les élus ainsi que les responsables de structures », martèle Alain Moyne-Bressand, ancien député de l’Isère qui a longtemps porté le dossier.

Désherbage

Mais la lutte sur le terrain semble bien inégale. Elle concerne les collectivités locales, mais surtout les agriculteurs. Les premières ont à charge d’entretenir les bordures de routes, les seconds, de contenir l’invasive dans leurs champs. Depuis 2017, la lutte contre l’ambroisie est inscrite dans le Code de la santé publique. Des arrêtés préfectoraux déterminent les moyens de prévention et de lutte. Pour ce faire, chaque collectivité peut désigner un référent ambroisie, personne ressource pour tout signalement. Une plateforme (www.signalement-ambroisie.fr)  sert à alimenter l’observatoire de l’ambroisie. Mais le problème est tel (et les moyens alloués quasi inexistants), que l’on en arrive à des situations extrêmement délicates où, comme l’an passé à Bourgoin-Jallieu, un agriculteur a été condamné suite à une procédure engagée par la municipalité. André Coppard, élu à la chambre d’agriculture de l’Isère, décrit combien la lutte est délicate, qu’elle soit chimique ou mécanique. « Pour qu’un désherbant soit efficace, il faut un minimum d’humidité », insiste-t-il. « Les interventions en rattrapage sont compliquées ». C’est précisément ce qu’il s’est passé à Bourgoin-Jallieu où l’agriculteur s’est trouvé dans l’impossibilité de traiter, bien loin de la négligence qu’on a pu lui reprocher.

Diffuser l’information

Pionnière, la chambre d’agriculture de l’Isère travaille depuis 15 ans sur la problématique de l’ambroisie, à l’interface entre la recherche, les collectivités et les agriculteurs. Elle est épaulée par le Département pour piloter un certain nombre d’actions : diffusion de l’information sur le développement de l’ambroisie, plan de communication grand public et édition d’un livret de gestion de l’ambroisie pour les collectivités. Florian Barge, agriculteur à Genas (Rhône), souhaiterait que l’initiative soit prise dans les autres départements. Il explique que la destruction mécanique ou chimique est un mouvement sans fin. Quand la culture est en place, il convient de trouver la fenêtre météo pour appliquer le désherbant,  même si l’injonction sociétale est à la réduction des intrants. Après la moisson, un seul passage de déchaumeur ne suffit pas tant l’ambroisie aime la lumière et pousse derrière la moissonneuse-batteuse. Les agriculteurs, qui se disent « victimes et les premiers concernés », raisonnent depuis longtemps en termes de rotations de cultures, puisque les tournesols, le soja et les céréales à paille sont propices au développement de l’ambroisie. Ils s’intéressent également de près à la recherche sur les variétés résistantes aux herbicides contre l’ambroisie.

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