L'ambroisie, ennemie des cultures, poison des abeilles
Préjudiciable aux cultures de printemps, de tournesols en particulier, l’ambroisie produit un pollen de piètre qualité et potentiellement nocif pour les abeilles.
Dans la famille Chatard, l’ambroisie on fait avec depuis un paquet de temps. « Au milieu des années soixante, je me souviens que des plants poussaient après les moissons. Ils étaient détruits par le labour », se souvient Guy Chatard, exploitant en retraite du côté de Boucé dans l’Allier. Au cœur de ses fortes terres, l’ambroisie s’est disséminée dans les cultures de printemps, rendant délicat le travail des agriculteurs dans leur champ de tournesols et de colza. Jean-Loup, le fils de Guy en sait quelque chose. « C’est une plante difficile à contenir. Elle a une capacité à se développer très importante au détriment de nos cultures ». Le risque d’envahissement, Jean-Loup le contient en utilisant une variété particulière de tournesol faisant appel à la technologie de désherbage Clearfield. « Pour ne pas pénaliser la culture par un effet jaunissant, je traite en post-levée sous la culture, en utilisant en moyenne 1,100 litres par hectare ». De quoi freiner le développement de cette indésirable adventice¹, qui se révèle également être une redoutable ennemie pour les abeilles.
Le tournesol, le soleil des butineuses
Non contente d’être fortement allergène, l’ambroisie produit un pollen d’une bien piètre qualité. « C’est comme si une personne mangeait tous les jours, matin, midi, et soir, uniquement des navets », éclaire Philippe Lecompte, apiculteur bio et président du réseau biodiversité pour les abeilles². Pas de quoi nourrir des milliers de petites butineuses...pour qui, les tournesols constituent un copieux garde-manger. Pire, les investigations scientifiques menées actuellement à l’Université de Mons en Belgique, tendent à démontrer la toxicité du pollen d’ambroisie pour les abeilles. La menace est double, selon Pierre Testu du réseau biodiversité « la pression de l’ambroisie sur le tournesol fait baisser les surfaces, ce qui de fait affaiblit les ressources des abeilles ». Pour Philippe Lecompte, la lutte contre l’ambroisie est donc une nécessité pour les filières agricoles mais aussi apicoles. « Les techniques de désherbage et de binage ayant fait leur preuve doivent être encourager ».
¹ Le binage est une autre alternative à la lutte contre l’ambroisie. Elle est toutefois peut adaptée aux terres lourdes.
² Le réseau Biodiversité pour les abeilles rassemble des apiculteurs, des agriculteurs et des organisations professionnelles. Il est soutenu par des entreprises du secteur.