Transmission
" La transmission c’est l’affaire de tous "
Le renouvellement des générations en agriculture passe d'abord par la transmission dont la réusite est entre les mains de différents acteurs selon Terre de Liens, mouvement de préservation du foncier agricole.
Le renouvellement des générations en agriculture passe d'abord par la transmission dont la réusite est entre les mains de différents acteurs selon Terre de Liens, mouvement de préservation du foncier agricole.
Que l’on soit citoyen, agriculteur, élu, coopérateur, expert ou propriétaire, " la transmission d’une exploitation c’est l’affaire de tous " d’après l’association Terre de Liens. En partenariat avec la FRAB(1) Auvergne Rhône Alpes, InPACT(2) et les réseaux AMAP et CIVAM, Terre de Liens s’interroge sur le rôle que chacun peut jouer dans les transmissions agricoles. Comment se mobiliser pour agir ensemble et en complémentarité ? Une question qui a fait l’objet d’échanges et de témoignages à l’occasion du dernier sommet de l’élevage.
Le constat est limpide aujourd’hui : 50% des agriculteurs ont plus de 50 ans et près de 60% d’entre eux sont sans repreneurs identifiés. L’enjeu est donc de taille sur le renouvellement des générations et de fait, sur la transmission. D’autant qu’une étude conduite par le CIVAM 35 (Ille-et-Vilaine) montre qu’une partie des futurs retraités pense leur ferme " non transmissible " et n’entame donc aucune démarche de transmission. Cette perception négative sur la transmissibilité de l’exploitation se construit au fur et à mesure de la carrière du cédant. Elle est également influencée par son environnement direct : la famille qui a ses propres représentations de la transmissibilité, les voisins, les agriculteurs du territoire, les propriétaires, les professionnels du para agricole, les banques, les centres de gestion … " puis tout un tas de petites phrases qui peuvent influencer et freiner l’idée de transmettre. Il faut déconstruire ce type de discours " a expliqué Sixtine Prioux, Coordinatrice Transmission et Création d'Activité & femmes et milieu rural au CIVAM. " Car un cédant qui a une image négative de son exploitation n’a pas envie de la transmettre " poursuit-elle. Pour balayer ce constat, " il faut ramener une image positive dans le métier d’agriculteur afin de motiver les cédants à transmettre " indique Nathalie Delagnes, productrice de lait biologique et vice-présidente de la société Biolait. Elle est venue témoigner de l'action de Biolait en faveur de la transmission.
La transmission selon Biolait
Créée en 1994 par six producteurs de lait bio désireux de reprendre la main sur leur produit, le groupement Biolait compte aujourd’hui 1 400 fermes adhérentes (dont 400 en AuRA) réparties sur 74 départements et 100 salariés. " Du lait bio partout et pour tous " est le leitmotiv de l’entreprise dont l’ambition d’origine est de " mailler le territoire et maintenir une production sur des zones où il n’y en aurait plus aujourd’hui " raconte la vice-présidente. Mais la filière biolait qui produit 1 million de litre en 2020 a un gros enjeu de transmission devant elle. " Sur 1 400 fermes, 360 sont classées à risque sur la transmission dont 161 où le risque est jugé élevé " précise Nathalie Delagnes.
Au-delà des aides qu’elle a mise en place auprès de ses adhérents (3), l'entreprise Biolait a décidé d’agir en interne pour le renouvellement en dédiant une équipe de salariés/conseillers techniques à l’accompagnement des éleveurs qui se posent des questions sur la transmission et à les mettre en relation avec les différentes structures qui peuvent les aider, notamment les chambres d’agriculture. Une réflexion sur la mono-traite est également menée en interne ; cette solution étant évoquée comme "un levier pour rendre la production laitière plus attractive et moins contraignante " selon l’administratrice de Biolait. De par ses actions, l’entreprise laitière participe ainsi à sa manière à l’épineux enjeu du renouvellement des générations et fait de la transmission son affaire.
(1) Fédération Régionale de l’Agriculture Biologique
(2) Initiatives Pour une Agriculture Citoyenne et Territoriale
(3) Aide à l’installation pour l’adhérent (6 000€). Aide à la création d’atelier lait bio (6 000€). Aide à la structuration du pâturage pour le nouvel installé. Aide à la formation en complément de Vivéa. L’aide à l’installation s’élève à 1,5M€ entre 2015 et 2019 soit 255 adhérents aidés