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La Sopa tient le siège...

La Sopa, société d'équarrissage du Sud-Massif central, continue d'être plébiscitée sur le terrain par les éleveurs bien que l'appel d'offres ATM ait été attribué à la Saria. L'association d'éleveurs qui la soutient appelle à élargir les rangs.

La très grande majorité des éleveurs continuent de solliciter la Sopa, assure Michel Queille.
La très grande majorité des éleveurs continuent de solliciter la Sopa, assure Michel Queille.
© Sopa

Le 1er février 2022, la Sopa(1) entrait en résistance : en résistance contre la décision de l'association interprofessionnelle nationale ATM d'attribuer au groupe Saria son marché historique d'enlèvement des animaux morts en ferme dans le cadre d'un appel d'offre triennal (2022-2024). Une décision dont les conséquences auraient pu être fatales pour cette entreprise - créée en 1978 par la profession agricole cantalienne et corrézienne sous forme d'une Sica - en la privant de 10 000 tonnes de matière pour son usine de transformation à Cros-de-Montvert dimensionnée pour en traiter 34 000. En la privant aussi des financements substantiels liés à cette prestation ATM. Seize mois plus tard pourtant, le bras de fer est toujours engagé, les camions de la Sopa continuent de circuler sur les routes et d'assurer cet indispensable service d'équarrissage dans une région à la forte densité d'élevage, le tout sur fond de bataille juridique entre la Sopa et la Saria, dont il faut rappeler que cette dernière est actionnaire à hauteur de 50 % de la Sopa... Le point sur la situation avec Michel Queille, éleveur corrézien qui a pris il y a un an la présidence de l'association interdépartementale des éleveurs ATM "dont l'objectif est de conserver notre outil, la Sopa, sur le territoire", souligne en préambule ce dernier.

Qualité, réactivité, garantie sanitaire

Depuis février 2022, la Sopa n'est plus censée assurer l'équarrissage. Qu'en est-il exactement ? M. Q. : "L'immense majorité des agriculteurs qui livraient leurs animaux morts à la Sopa continuent de lui faire confiance, quand bien même ils ont été sollicités par la Saria. Les éleveurs sont satisfaits de cet outil qui est le leur, et dont les points forts sont la proximité, la réactivité et la rapidité d'enlèvement ce qui permet par exemple de réaliser des autopsies fiables. Un éleveur qui appelle la Sopa la veille avant 17 heures voire le jour-même avant 6 heures du matin peut voir son animal collecté dans l'heure qui suit car la transmission de l'info est quasi instantanée au chauffeur dont la tournée passe dans le secteur. La Sopa, même si elle n'a pas obtenu l'appel d'offre ATM, reste une entreprise reconnue pour réaliser l'équarrissage. Elle rend d'ailleurs bien des services en période de crise sanitaire. Elle a ainsi été sollicitée par les pouvoirs publics pour la grippe aviaire, les broutards partis en Algérie et revenus... Sans la Sopa, les "copains" étaient dans l'incapacité technique et sanitaire de jouer le rôle qu'ils veulent s'attribuer. Dans les Pays de Loire, la Saria était tellement sous l'eau à cause de la grippe aviaire, il y avait tellement de canards à abattre qu'ils ont fait des charniers... C'était durant la période Covid, alors ça a été passé sous silence."

Défendre "coûte que coûte l'outil des éleveurs"

L'association interdépartementale des éleveurs ATM vient d'écrire à un certain nombre d'éleveurs du Cantal et des départements limitrophes, pourquoi ?
M. Q. : "Nous avons effectivement adressé un courrier à tous les agriculteurs détenteurs d'animaux qu'on a pu recenser via nos réseaux dans le Sud-Est Cantal, autour de Saint-Flour, dans le Nord-Ouest de la Corrèze et prochainement dans le Lot, pour les inciter à faire appel à la Sopa. Nous allons également rencontrer les responsables professionnels agricoles aveyronnais. Il faut défendre coûte que coûte cet outil qui est l'un des rares, si ce n'est le seul, en France à permettre de donner des informations fiables aux agriculteurs sur la réalité des coûts de l'équarrissage. Pour nous, il est essentiel de conserver un outil hors du monopole de la Saria, une boutique à capitaux allemands, qui, avec un autre groupe, Akiolis, détient déjà 96 % du marché tricolore, contre 2 % pour la Sopa. Il faut faire de la Sopa un combat national, on n'a pas le droit de donner cette réalité à des entreprises qui veulent nous tondre la laine sur le dos !"

Cette volonté de rallier d'autres éleveurs découle-t-elle aussi d'une nécessité financière pour la Sopa ?
M. Q. : "Économiquement, la maison Sopa va bien, elle dispose de suffisamment de fonds propres, pour tenir "le siège", d'assez de réserves pour tenir des années jusqu'à ce que les décisions de justice soient rendues. L'objectif de convaincre de nouveaux agriculteurs, c'est de lui permettre de continuer à atteindre son équilibre financier. Ce n'est pas parce qu'on a des réserves qu'il faut se contenter de petits résultats et ne pas préparer l'avenir."

Certains éleveurs, en soutien à la Sopa, sont tentés de ne pas régler leur CIE équarrissage (cotisation interprofessionnelle étendue) qui finance en partie le dispositif ATM, quelle est votre position ?
M. Q. : "Cette contribution obligatoire ne doit pas être remise en cause parce que la Sopa n'a pas obtenu le marché. Il y aura un prochain appel d'offres (pour 2025 et au-delà) et la Sopa compte bien se positionner. En revanche, à travers l'outil Sopa, on voudrait faire en sorte que cette cotisation reste la plus faible possible dans l'intérêt des agriculteurs, quitte même à la supprimer dans les périodes où il n'y en a pas besoin. On veut prouver que dans ces périodes où la matière première à une grande valeur(2), on pourrait suspendre l'appel de cette cotisation qui représente 20 % des ressources d'ATM, l'essentiel des coûts de transformation des matières de l'équarrissage étant financé par les consommateurs."

Êtes-vous confiant sur la suite des évènements ?
M. Q. : "Ce qui est sûr, c'est qu'avec la Sopa, on dispose d'une belle usine, au top, qui a fait des investissements de modernisation (plus de 1,4MEUR par exemple pour son unité de désodorisation, ndlr), mais qui a besoin d'avoir les coudées franches pour décider de ses évolutions et se développer sur d'autres marchés à valeur ajoutée. Aujourd'hui tout est bloqué par la Saria, qui, tout en étant actionnaire de la Sopa, joue contre son camp. Ça ne peut pas durer !"

Que doivent faire les nouveaux éleveurs intéressés pour que leurs animaux morts soient prélevés par la Sopa ?
M. Q. : "Se faire connaître auprès de la Sopa afin d'être enregistrés administrativement et qu'ils soient ainsi identifiés le jour où ils auront besoin du service d'équarrissage."

(1) Société pour la transformation des sous-produits animaux, qui intervient sur la totalité du Cantal et la Corrèze, sur le Nord-Aveyron et la bordure lotoise. L'entreprise basée à Cros-de-Montvert emploie 39 salariés.

(2) Les produits classés C1 issus de l'équarrissage jugés à haut risque sanitaire sont traités et transformés pour donner des graisses animales valorisées dans la filière biocarburants et des farines animales servant aux cimenteries.

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