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La résistance des burons

Une conférence sera donnée sur les combats du Lioran, mardi 13 août à la salle des fêtes de Laveissière, agrémentée de l’exposition “Burons en Résistance” réalisée par Marie-Paule Grandé.

des pierres qui forment un buron
Le buron du Lissart (commune de Laveissière) qui a servi de refuge au maquis Bartho fin 1943.
© Union du Cantal

Pendant des années, Marie-Paule Grandé, 64 ans, a questionné son papa sur son rôle dans la résistance pendant la première Guerre mondiale. En vain. “À chaque fois que nous abordions ce sujet, c’était top secret. J’avais quelques réponses, mais sans plus, se souvient-elle. Mais je comprends les réticences de mon père.” Il aura fallu attendre son décès pour que sa vie à elle prenne un nouveau tournant. Celui du devoir de mémoire.


Trouver des réponses


Dans une démarche personnelle, afin de combler les silences de son papa et “rattraper le temps perdu”, Marie-Paule Grandé a pris son bâton de pèlerin pour aller rencontrer des résistants. “La résistance, je connaissais, mais je ne pensais pas que tant de personnes avaient été déportées.” Originaire du Puy-de-Dôme, c’est dans la 
vallée de Brezons qu’elle fait la connaissance d’Émile, surnommé “Mille-pattes”, qui a partagé bien des aventures avec son papa. “Ils sont partis d’un quartier de Clermont-Ferrand pour aller distribuer des tracts, et rejoindre le maquis de Pontgibaud.” À Saint-Genès-Champespe, un “chemin des maquisards” permet de randonner sur ces lieux parcourus par ces hommes en 1944, dont Laspialade. “Avant de rencontrer Émile et sa femme, j’avais mené ma petite enquête au sein de ma famille. Tous les quatre-cinq ans, un groupe partait de Saint-Jacques pour la vallée de Brezons, comme s’ils allaient en pèlerinage. Nous n’avions jamais su où ils allaient.”
Des années plus tard, Marie-Paule Grandé apprend la vérité : les Clermontois allaient visiter une famille, celle d’Aline Salat, 17 ans en juillet 1944. “Ses parents ont accueilli à l’époque un groupe de personnes, dont mon père. Ils avaient été hébergés dans une grange en forme de bateau renversé. J’ai donc contacté la mairie de Brezons. M. Manhès et Mme Cayrols m’ont orientée vers Lucien Ajalbert que j’ai rencontré le 5 juin 2011. J’ai pu voir une photo prise en juin 44 avec dessus, tous les amis de papa et un groupe de sept personnes. C’était en moi depuis que j’étais toute petite, il fallait que je sache et là, je savais. C’était une belle récompense.”
 

Éclairer le présent


Autodidacte, Marie-Paule Grandé n’a jamais pris de cours de photo. Mais elle a toujours eu l’âme artistique, en pratiquant de façon professionnelle la céramique aux côtés de son époux. Née à Chamalières, elle évolue pendant 40 ans dans le Sancy, au milieu de grands espaces, là où elle se sent le mieux. “Les plateaux, ces espaces dénudés, j’ai l’impression de ne faire qu’un avec tout le reste. Je me sens presqu’invisible.”
Avec cette exposition “Burons en Résistance”, l’artiste souhaite poursuivre et faire connaître l’engagement de son père et ses camarades. “Le réduit de la Truyère, du Bourguet ou les combats du Lioran : les habitants de Clermont ne savent même pas que ça a existé. Il y a un devoir de mémoire à effectuer pour ces gens qui ont donné leur vie et ceux qui sont revenus des camps. De tels événements pourraient se reproduire. Chacun d’entre nous doit être vigilant. Individuellement, à l’époque, il y avait une chaîne d’amitié, avec des gens qui ont su réagir au bon moment.”
Et c’est de l’histoire de son papa qu’elle tire son inspiration pour cette exposition. “Il me racontait qu’il s’était arrêté dans un buron, où il avait trouvé à manger.” À la faveur d’une vaste exposition à Besse sur le patrimoine du Puy-de-Dôme (les jasseries du Forez, la Limagne,…), l’idée germe dans l’esprit de Marie-Paule Grandé de mettre en valeur ces burons, “en double résistance : une résistance pour se cacher, et une résistance à l’usure du temps grâce à l’implication de propriétaires qui les restaurent”.
Après avoir effectué des recherches sur ces édifices, compulsé des ouvrages sur la nomenclature des bâtis inscrits au cadastre napoléonien, l’exposition d’une vingtaine de documents (texte et photos) prend forme. “À chaque buron son histoire. Comme ceux qui sont situés sur des terrains de parachutage, il y en a pas mal dans le Sancy.” Ou celui de Peyre Gary, sur la commune de Laveissière, “un très grand bâtiment, très beau, avec une étable, que j’ai visité avec Alexandre Albisson il y a deux ans”. Ou celui situé “au bout de tout”, le buron du Font de l’Aze, à Chavagnac. Ou encore le buron de Margemont, sur le devant de la scène historique après avoir été retenu par le Loto du Patrimoine de Stéphane Bern pour être restauré. En 1944, il a abrité les troupes de la 7e compagnie. Trois mille résistants y sont passés, à l’appel de “Gaspard”, un des chefs de la Résistance, en partance pour le Mont-Mouchet.
“Ce cheminement dans le passé le fait revivre dans le présent. On se souvient du courage de cette jeunesse sacrifiée, qui a offert sa vie pour le retour des couleurs de la République. Tout ce qui s’est passé ne s’oublie pas.” Et continue de se transmettre, à l’image de la petite-fille de Mille-pattes qui, à 8 ans, est déjà une férue d’histoire et de la guerre de 39-45. Marie-Paule Grandé a même prévu de lui remettre tout son travail sur la période. Pour perpétuer cette transmission.
 

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