La relation viande rouge/charcuterie et cancer fait polémique
La récente publication, par le Centre International de Recherche sur le Cancer (Circ), de résultats scientifiques révélant un lien étroit entre viande rouge, charcuteries et cancer, met le feu aux poudres chez les professionnels de la viande et des grands pays producteurs tels que les États-Unis, le Brésil et la France.
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« Probablement cancérogène pour l’homme », c’est ainsi qu’a classifié le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), l’agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la viande rouge, dans un rapport publié dans la revue scientifique Lancet Oncology, ce lundi 26 octobre. Les produits carnés transformés (par salaison, maturation et autres procédés), et en particulier ceux de la charcuterie sont, quant à eux, classés « cancérogènes ». La publication, qui se base sur près de 800 études collectées, informe que le cancer colorectal arriverait en tête des maladies associées à la consommation de viande rouge. Ainsi, une consommation de 100 g de viande rouge par jour augmenterait de 17 % le risque de cancer colorectal. Concernant la viande rouge transformée, ce même risque passerait à 18 % pour une portion de 50 g ingérée.
« Je ne veux pas qu’un rapport comme celui-là mette encore plus la panique chez les gens », a, pour sa part, réagit le ministre français de l’Agriculture Stéphane Le Foll, appuyant « on peut et on doit consommer de la viande, mais on doit le faire de manière raisonnable ». Le président de la FNSEA, Xavier Beulin, regrette l’accumulation des problèmes concernant le secteur de l’élevage : « les éleveurs doivent se demander si tout ça est bien sérieux, alors qu’ils connaissent les plus grandes difficultés ». L’interprofession bétail et Viande (Interbev), a également riposté, dans un communiqué de presse, soulignant le fait qu’ « il ne s’agit pas d’une nouvelle étude scientifique mais d’un jugement d’experts ayant fait un état de l’art d’études existantes » précisant qu’ « aucune étude scientifique n’a permis d’affirmer qu’un aliment pouvait être, à lui seul, la cause d’un cancer, une maladie complexe et multifactorielle ».
Unanimité
Selon Interbev, en France, les niveaux de consommation de viande rouge cuite seraient « en dessous du seuil de 500 g par semaine (soit environ 70 g par jour) », et donc inférieurs au seuil préconisé par l’organe de l’OMS. Le Circ, à l’instar d’Interbev, rappelle d’ailleurs l’importance de la viande dans l’équilibre alimentaire avec ses apports nutritionnels tels que les protéines comme le zinc, le fer ainsi que des vitamines du groupe B dont la B12, présente uniquement dans les produits carnés. L’interprofession porcine Inaporc est sur la même longueur d’ondes rappelant « qu’il n’y a aucune nouveauté dans la communication faite par l’OMS ». En soulignant aussi que le taux de sel « a été considérablement réduit » dans les charcuteries et que la consommation de viande et de charcuterie n’excède pas les recommandations faites par l’OMS.
Aux États-Unis, l’Institut Nord-Américain de la Viande (Nami) dénonce de manière catégorique la fiabilité des conclusions de l’étude, pointant du doigt « des données triturées pour obtenir un résultat bien précis » ajoutant que « si l’on s’en tenait juste à la liste [...] du CIRC, il serait clair que le simple fait de vivre sur terre serait un risque de cancer ». Pour l’Institut, l’argument avancé, et depuis repris par tous les industriels du secteur, est le suivant : « la science a montré que le cancer est une maladie complexe qui n’est pas provoquée par de simples aliments ».