La région doit choisir entre une politique agricole structurante ou une politique d’affichage
Daniel Couderc craint que les agriculteurs de Nouvelle-Aquitaine ne se retrouvent abandonnés en matière d’investissements. Il lance un dernier appel au Conseil régional qui doit rendre prochainement sa copie.
La gestion du second pilier de la PAC est désormais aux mains des conseils régionaux. À quoi doivent s’attendre les agriculteurs néo-aquitains ?
La région récupère les compétences en matière de politique installation, de politique d’investissements et de mesures agroenvironnementales. De manière générale, nous ne sommes d’accord sur aucune des orientations proposées par la Région. D’une part, elle place l’agriculture au second plan de ses priorités, avec des enveloppes a minima, qui ne permettront de faire, au mieux, que du saupoudrage. D’autre part, elle fait le choix d’une politique particulièrement discriminatoire et empreinte d’idéologie, qui ne colle ni aux réalités, ni aux besoins.
Quels sont les principaux points de désaccord ?
Le point le plus chaud porte sur l’accompagnement en matière d’investissements. Les affectations budgétaires prévus pour l’ensemble des dispositifs bâtiments, plan végétal, Cuma et diversification ne permettront pas de couvrir les besoins. Comment penser que le chantier de la modernisation des bâtiments d’élevage peut se contenter de mesurettes quand on sait le « plan bâtiments relance » a mobilisé, à lui seul et en moins de 2 ans, 86 M€ en Nouvelle-Aquitaine pour plus de 2 000 projets. Le seul moyen d’agir avec une enveloppe inadaptée devient alors de la rendre peu attractive. Le plafond d’investissement bâtiment éligible est annoncé à 90 000 ou 100 000 €, sans lien avec la réalité des coûts. La transparence Gaec, qui fut l’objet de tant de combats, est remise en cause. Les taux ne seront pas bonifiés pour les JA. Et pour finir, l’accès à ces aides sera conditionné par des exigences environnementales allant au-delà du réglementaire. La région Nouvelle-Aquitaine cherche à jouer sur tous les plans pour ne pas soutenir son agriculture, alors qu’elle fut la première, au nom de la décentralisation, à exiger le transfert de cette compétence.
À quelques semaines des arbitrages finaux, comment renverser la balance ?
Quand nous avons reçu Alain Rousset en Creuse, nous lui avons démontré, exemples concrets à l’appui, les distorsions de concurrence qui vont s’accentuer entre les éleveurs de Nouvelle-Aquitaine et ceux des autres régions. Ce n’est ni une question de générosité, ni une question politique. C’est un choix stratégique. M. Rousset ne peut pas prôner l’agriculture locale et provoquer dans le même temps la fuite des filières vers des environnements plus favorables. Il a finalement accepté que nous rencontrions une nouvelle fois ses émissaires Jean-Pierre Raynaud, vice-président en charge de l’agriculture et Charlotte Nommé, directrice du service agricole. Cette ultime entrevue s’est déroulée la semaine dernière. Les FDSEA et JA des 12 départements ont renouvelé leurs arguments en faveur d’une politique audacieuse en matière d’installation, de bâtiments, d’adaptation au changement climatique, d’investissements en Cuma. La décision finale revient désormais au président. Il devra choisir entre une politique structurante ou une politique d’affichage.