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« La réalité des chiffres pour contrer la désinformation »

Les éleveurs du grand bassin allaitant se sont réunis en début de semaine à Aubière pour faire le point sur la conjoncture qui, selon eux, ne justifie en rien, les baisses de prix constatées sur le terrain ces dernières semaines.

Les éleveurs du berceau des races à viande se sont réunis en début de semaine à Aubière dans le Puy-de-Dôme.
Les éleveurs du berceau des races à viande se sont réunis en début de semaine à Aubière dans le Puy-de-Dôme.
© SC

Avec des cours à nouveau en retrait, le secteur viande bovine accuse le coup. La situation est d’autant plus incompréhensible « qu’il y a manifestement un décalage entre le discours des commerciaux sur le terrain et les indicateurs de marché », a souligné Christian Bajard, éleveur en Saône-et-Loire et coordinateur du Berceau des races à viande, à l’occasion d’une réunion du collectif, qui s’est déroulée, lundi 31 août à Aubière. S’en tenir au fait rien qu’au fait est la stratégie qui doit primer désormais dans toutes les cours de ferme, selon les responsables syndicaux. Cette stratégie s’appuie sur des indicateurs de marché incontestables produits chaque semaine par la DGAL, mis à disposition de la Fédération nationale bovine depuis le confinement et qui sont publiés chaque semaine (ndlr : dans les pages « cours et marchés » de votre journal agricole). « Aujourd’hui, il n’est plus tenable d’avoir des prix en retrait alors que les marchés sont porteurs », a insisté Olivier Boulat, éleveur en Lozère et secrétaire général adjoint de la FNB. Sur le sujet broutard par exemple, « qui une fois de plus démontre le dysfonctionnement de notre filière », a résumé Bruno Dufayet, éleveur cantalien et président de la FNB, il est temps de couper court à la désinformation : « Il y a eu moins de naissances en France donc moins de broutards. Le marché italien reste celui qui fait la tendance du secteur, avec sur les huit premiers mois de l’année, des volumes en progression de 1 % environ. Depuis trois ans, l’Italie devient dépendante de la fourniture française pour remplir ces ateliers. Pourquoi les exportateurs français sont-ils dans l’incapacité d’aller chercher de la valeur sur ces marchés porteurs ? Comment sort-on durablement de ce jeu qui consiste à prendre la place aux uns et aux autres ? ». Des questions qui ont été au menu d’une rencontre organisée à l’issue de la réunion à laquelle ont participé deux des plus gros faiseurs du secteur sur les quatre invités (Eurofeder, Deltagro, Bevimac et Parma).

Le cœur du réacteur : la publication hebdomadaire des indicateurs
Convaincre les opérateurs de la réalité des chiffres, cela vaut pour le maigre mais aussi pour toutes les autres catégories d’animaux. « On abat en moyenne 59 000 têtes par semaine. Ce bon niveau d’abattage est lié à une consommation qui se tient », a analysé Emmanuel Bernard, éleveur dans la Nièvre et vice-président de la FNB. Inquiet d’une forme de résignation qui s’est installée dans les campagnes, il invite les éleveurs à ne pas céder à la fatalité : « Les éleveurs se battent moins qu’avant sur les prix. 95 % d’animaux sont vendus au marché au cadran, même si les prix ne sont pas au rendez-vous. Alors évidemment, l’impact réel de la sécheresse et le travail en confiance avec opérateurs jouent dans ce phénomène, mais ce n’est pas une raison pour se laisser berner ». Un constat partagé par François Garrivier, éleveur dans la Loire : « Notre premier combat c’est celui du prix. En tant que chefs d’entreprises, les éleveurs doivent être guidés par les indicateurs économiques. C’est en exposant les faits, que nous sortirons de la fatalité des prix toujours plus bas ». « La vente des bêtes en euros et plus en francs doit désormais être la règle car il y a de l’argent qui se perd avec cette pratique désormais désuète », selon Valérie Imbert, éleveuse aveyronnaise et secrétaire générale adjointe de la FNB. Sur le volet contractualisation, là aussi les professionnels du secteur réclament de la clarté : « sur l’engraissement, il est inconcevable qu’un groupement navigue à vue. L’appel à rétention des animaux ces derniers mois a généré des prises de conscience. On ne pas continuer à travailler sans visibilité », a conclu Bruno Dufayet.

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