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La Rava, la brebis jardinière des monts Dômes

Une poignée d’éleveurs puydômois a constitué « l’Association des éleveurs de brebis Rava » pour rendre toutes ses lettres de noblesse à la jardinière des volcans.

La Rava est ce que André Le Nôtre fut pour Versailles, une jardinière aussi talentueuse qu’indispensable.
La Rava est ce que André Le Nôtre fut pour Versailles, une jardinière aussi talentueuse qu’indispensable.
© DR

Race emblématique du Massif central, la brebis Rava est à l’aube d’un succès médiatique.
Depuis l’inscription de la Chaîne des Puys-Faille de Limagne au patrimoine mondial de l’UNESCO, il n’est plus une seule photo des volcans qui ne soit diffusée sans sa fidèle jardinière, paissant tranquillement sur leurs flancs. La brebis Rava est ce qu’André Le Nôtre fut pour Versailles. Un collectif d’éleveurs a donc récemment créé « l’Association des éleveurs de brebis Rava » pour faire briller encore davantage ce rôle indispensable au territoire et œuvrer à la préservation de cette race, menacée aussi bien par la démographie agricole que ce site unique qu’elle entretient.

Le jardin du puy de Dôme


La Rava est d’abord un animal rustique reconnu pour son adaptabilité à tous les environnements. Marcheuse inépuisable en plus d’être une mère attentive et dévouée, cette brebis originaire des monts Dômes valorise la ressource herbagère quelle quelle soit. Près de 70% de ses effectifs sont d’ailleurs présents sur le site du Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne où environ 170 éleveurs et bergers vivent directement d’elle. Ensemble, ils maintiennent ouverts jusqu’à 60 000 hectares de paysages (source Coram, races-montagnes.fr).
Dans ce grand jardin”, la Chaîne des Puys attire désormais les regards du monde entier. Ce haut lieu tectonique, d’une superficie de 242 km², doit son unicité aux hasards de la géologie mais sa qualité visuelle repose essentiellement sur le pastoralisme. Sans estive, les flancs des volcans seraient cachés sous une étendue de forêt vierge. Le paysage actuel est donc le fruit de la présence des bergers et de leurs brebis de race Rava majoritairement.
« Nous avons souhaité nous réunir en association pour démontrer que notre brebis a participé à façonner le paysage. Notre rôle dans ce classement international est important et nous devons continuer à le défendre » explique Joël Ballet, secrétaire de la nouvelle « Association des éleveurs de brebis Rava ».

Une voix plus forte


Toute gloire à sa rançon et la Chaîne des Puys ne fait pas exception. Assez vaste pour abriter plusieurs dizaines de volcans, elle semble pourtant trop restreinte pour concilier les usages entre touristes et éleveurs.
Les activités pastorales sont régulièrement la proie d’incivilités récurrentes et croissantes de la part des touristes (chiens non tenus en laisse, passage au milieu du troupeau.). Chaque année, le défi est le même pour les bergers : réussir à maintenir tout le monde à sa place. Malgré les nombreux échecs, le président de l’association, Richard Randanne croit en la construction de liens pérennes entre l’agriculture et le site UNESCO. « L’ensemble des élus et des acteurs du territoire s’accordent sur l’importance de la race et de son activité dans l’entretien du site. À travers cette association, nous espérons devenir une force de proposition écoutée et entendue. L’un de nos objectifs est d’intégrer le plan de gestion du site pour travailler à la conciliation des usages. »
C’est face à cet objectif que Guillaume Cercy, sélectionneur Rava à Chapdes-Beaufort a rejoint l’association. Chaque année, ses brebis gagnent les pentes des volcans pour y passer l’été, se nourrir de l’herbe et subir les visites des touristes. Alors pour remédier à cette problématique menaçante, le jeune éleveur est persuadé qu’« être tous réunis autour de ce projet de territoire est très important pour avoir une voix forte ».
Loin de souhaiter déserter le site, il veut croire au bienfondé de ce classement et profiter de son aura pour communiquer autrement autour de la race. « La Rava n’est plus évoquée non seulement d’un point de vue technique, on se penche davantage sur son rôle dans son berceau. Ce ne peut être que bénéfique. »

Agneau made in Unesco


Au travers de cette association, les éleveurs ont également l’ambition d’entamer dans un second temps, un travail de valorisation de leurs agneaux. « Notre brebis n’est pas très bien conformée… » précise Joël Ballet qui ajoute « il est temps de communiquer auprès du consommateur local et étranger de ce qu’est un agneau Rava en mettant en avant sa zone de pâture ».
Là encore, ils espèrent bénéficier de l’UNESCO. « Les acteurs économiques du département sont convaincus des retombées d’un tel classement. Nous pouvons avoir beaucoup d’inquiétudes de l’accroissement du tourisme sur notre activité. Mais je pense que nous pouvons également y voir des opportunités, notamment en termes d’augmentation de la consommation » argumente Richard Randanne.
L’association est ouverte à tous les éleveurs ovins qui souhaitent adhérer.

Mélodie Comte

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