La profession maintient la pression
Après l’impressionnante mobilisation du 22 octobre, FRSEA et JA Auvergne-Rhône-Alpes tiennent à obtenir des pouvoirs publics plus que des signaux, des actes sur quatre problématiques fondamentales.
D’abord sur la rentabilité des exploitations. Le syndicalisme majoritaire exige une application sans délai de la loi issue des Egalim conformément à son objectif de départ : ramener du prix à la production agricole. Cela implique « que l’État impose la prise en compte des coûts de production des agriculteurs dans la formation des prix de tous les produits « Origine France », et sanctionne financièrement les acteurs de la distribution, de la restauration hors-foyer et de l’aval des filières qui ne le feraient pas », rappelle Michel Joux, président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes. Pour les professionnels, cette consolidation de la loi doit s’accompagner d’une adaptation du cadre réglementaire pour condamner l’abus de position dominante de l’aval des filières et de la distribution.
Sur la PAC, FRSEA et JA demandent au Président de la République de défendre un budget de la PAC a minima stabilisé par rapport à la situation actuelle ; un soutien amplifié aux investissements des exploitations (bâtiments, protections physiques contre les aléas climatiques, développement de la ressource en eau) ; et l’annulation de toutes les surtranspositions réglementaires en France par rapport au cadre européen.
En matière de préservation du modèle alimentaire français, les professionnels disent « stop » au double discours, et réclament un abandon de la ratification du CETA, du Mercosur et de tous les accords bilatéraux tels qu’ils sont construits aujourd’hui ; de réunir toutes les conditions pour garantir aux consommateurs la transparence sur l’origine des produits et ingrédients ; et l’application de l’article 44 de la loi EGA qui prévoit que tous les produits entrant sur le sol français doivent être conformes aux standards européens.
Sur la question de l’agribashing, « nous demandons un message formel du Président de la République qui condamne officiellement toutes les agressions que subissent les agriculteurs », souligne Nicolas Merle, président des JA Auvergne-Rhône-Alpes. De manière très concrète, la profession milite pour davantage de communication positive grâce à un fonds dédié, qui n’aura d’effet que si les associations et autres qui stigmatisent les agriculteurs, en n’hésitant pas à pénétrer dans des propriétés privées, soient condamnées. Cela implique d’adopter la proposition de loi pour délit d’entrave spécifique à l’exercice de l’activité agricole, d’intenter systématiquement des actions en justice contre les contrevenants…
Enfin sur les aléas climatiques, FRSEA et JA estiment qu’au-delà du traitement de l’urgence (indemnisation rapide pour les pertes sécheresse de 2019, abaissement du seuil de perte de 13 à 11 % pour 2018, pas d’application de déchéance DJA pour les JA qui ne pourraient pas atteindre leur revenu prévisionnel la cinquième année…), il est temps d’engager l’agriculture française dans un grand plan d’adaptation au changement climatique (accompagnement financier de l’adaptation des exploitations, prévention par l’adaptation des pratiques, protections physiques, infrastructures pour développer la ressource en eau, simplification administrative des dossiers de créations de retenues d’eau (substitution et développement de la ressource, révision des SDAGE à la hauteur des enjeux).