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La profession agricole attendue pour co‑construire

La présence du ministre de l’Agriculture au congrès national de Jeunes agriculteurs était attendue, d’autant plus qu’il s’est prêté au jeu des questions-réponses. Ainsi, les JA l’ont interrogé sur plusieurs sujets de préoccupations.

Le ministre de l’Agriculture était très attendu par les Jeunes agriculteurs. Dans le jeu des questions-réponses avec les JA, il est allé plutôt dans leur sens.
Le ministre de l’Agriculture était très attendu par les Jeunes agriculteurs. Dans le jeu des questions-réponses avec les JA, il est allé plutôt dans leur sens.
© LGF

« Ça y est, nous y sommes », lançait Jean-Christophe Farjon, président du comité d’organisation de Jeunes agriculteurs Loire, mardi 4 juin pour l’ouverture du congrès national JA, qui se tenait pendant trois jours dans la Loire. Effectivement, il a été préparé et attendu pendant de longs mois par une équipe départementale qui n’a pas compté son temps. Elle a été soutenue par de multiples partenaires et rejointe par de nombreux bénévoles, aussi motivés les uns que les autres pour accueillir comme il se doit les congressistes venus de toute la France. Plusieurs temps forts ont ponctué ces trois jours : présentation et amendement du rapport d’orientation (lire dans cette page), table ronde sur l’influence de la politique et de l’économie mondiales sur l’agriculture française, échanges avec le ministre de l’Agriculture...
C’est sur un ton optimiste et mobilisateur que le président de Jeunes agriculteurs, Samuel Vandaele, a pris la parole, jeudi, devant le ministre de l’Agriculture, les invités et les congressistes. « Nous ne devons rien lâcher. Notre mission est parfois difficile, mais elle est nécessaire pour notre avenir, pour notre économie, pour notre société. Nous avons des bases solides, des valeurs, un regard, une légitimité renforcée. Nous avons de bonnes raisons de continuer, longtemps, fièrement, sans jamais baisser les bras. » Le ministre de l’Agriculture allait dans le même sens : « Le métier d’agriculteur n’est pas un métier du passé, c’est un métier d’avenir. La jeunesse contribuera à bâtir une autre image de l’agriculture. L’agriculture de demain sera innovante, compétitive et fera de la transition énergétique. » À plusieurs reprises, Didier Guillaume a proposé aux JA de se mettre autour de la table, d’être force de proposition. « Je veux co-construire pour que l’agriculture apporte aux concitoyens et à la jeunesse française. »

Le financement des installations assuré
Renouvellement des générations, relations commerciales, États généraux de l’alimentation, accès au foncier, produits phytopharmaceutiques, PAC, autant de sujets sur lesquels les Jeunes Agriculteurs ont interrogé le ministre de l’Agriculture.
Les installations en agriculture sont en augmentation, ce qui est bon signe, mais les JA craignent un manque de budget. Didier Guillaume a pris l’engagement qu’en 2019 et 2020 aucun jeune ne sera pénalisé pour son installation par manque d’argent. « Il y aura le financement nécessaire, les moyens seront au rendez-vous. » Il a également garanti que le programme pour l’accompagnement et la transmission en agriculture sera suffisamment doté pour l’ensemble des régions.
L’accès au foncier est également déterminant pour les installations et le renouvellement des générations en agriculture. « Ma volonté est de co-construire sur le foncier, l’installation et le statut d’agriculteur, affirmait le ministre de l’Agriculture. JA et FNSEA doivent se mettre au travail. Nous n’avons pas forcément besoin d’attendre une loi pour avancer », sous entendu que des décrets ou des arrêtés sont envisageables.

Relations commerciales
Pour Rémi Jousserand, président de Jeunes agriculteurs Loire, « le renouvellement des générations passe par la formation, un parcours professionnel », mais aussi par « un revenu », retour de valeur attendu par les agriculteurs avec les États généraux de l’alimentation et la loi qui s’en est suivie. Pour la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, « il est grand temps que tous les dispositifs s’appliquent et que les mauvais acteurs soient poussés des planches vers les parquets des tribunaux. » Mais, « la loi ne fera pas tout. Les agriculteurs ont aussi un rôle déterminant à jouer dans les organisations et dans le déploiement des plans de filière. » Le ministre de l’Agriculture convenait que « les négociations commerciales ne vont pas du tout. 2019 est l’année zéro » de la loi EGAlim. C’est pour cela que « deux groupes ont été constitués à l’Assemblée nationale pour conduire une commission d’enquête sur le comportement de la grande distribution. Et des sanctions sont prévues. Nous continuons à mettre la pression, mais la profession doit aussi la mettre. Nous devons réussir à faire en sorte que ce ne soit plus comme avant. »
Sur le plan des relations commerciales internationales, alors que le Brésil revient à l’attaque avec les accords du Mercosur, Didier Guillaume affirmait que « la France ne ratifiera pas cet accord s’il comprend des produits qui ne répondent pas aux standards voulus dans notre pays. » En parallèle, le ministre de l’Agriculture estime que « plutôt que de passer du temps à se battre pour ne pas importer, il faut travailler pour exporter », notamment de la viande en Chine. Le Gouvernement demande que la filière œuvre dans ce sens.

La France et l’Europe
Comme la FNSEA, les JA s’inquiètent du devenir de la PAC et des distorsions de concurrence en Europe. « JA veut une PAC qui porte une vision sur l’avenir de l’agriculture », intervenait Samuel Vandaele. Le ministre de l’Agriculture a une nouvelle fois été clair : « La France est opposée à une proposition de baisse de 15 % du budget de la PAC et elle ne veut pas d’une PAC renationalisée. » Quant à la gestion des risques, « il nous faut travailler sur un système qui permette à tout agriculteur de s’assurer selon ses moyens. » La distorsion de concurrence avec la réglementation sur l’emploi des produits phytopharmaceutiques est considérée comme « une vraie difficulté » par le ministre de l’Agriculture. Il assurait aussi que « le Gouvernement veut positionner l’agriculture dans une voie d’avenir, pas dans une impasse. Il faut arrêter la dépendance aux produits phytosanitaires, mais il faut trouver des alternatives. »
D’autres sujets ont été abordés avec le ministre de l’Agriculture, comme l’agribashing (« Il faut sanctionner et condamner ces actes », assurait Didier Guillaume), le loup (« L’administration française a annoncé pour la première fois que la France compte plus de 500 loups », ce qui permet au ministre d’affirmer que « le loup n’est plus une espèce en dépeuplement » et doit l’aider à « aller plus loin à l’échelle de l’Europe pour plus réguler le loup. »), la gestion de la ressource en eau (« L’agriculture doit pouvoir avoir de nouvelles retenues d’eau. L’eau va être rare. L’agriculture sera résiliente que si elle est irriguée. »).

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