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FRSEA AURA
« La première des solutions, c’est le prix à la production »

Pas de souveraineté alimentaire sans prix rémunérateurs. Ce message, les élus l’ont martelé lors de l’assemblée générale de la FRSEA AuRA, organisée jeudi dernier, à laquelle participait la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert.

Michel Joux, Christiane Lambert et David Chauve.
De gauche à droite : Michel Joux, Christiane Lambert et David Chauve.
© © S.C

Parfois âpre, sans concession, mais toujours dans la construction, le débat avec la présidente de la FNSEA, autour de la question de la souveraineté alimentaire qui ne peut se conjuguer autrement qu’avec " des prix pour nos produits ", a été particulièrement nourri, jeudi dernier, à la Tour-de-Salvagny, à l’occasion de l’assemblée générale de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes. Une FRSEA unie et soudée par des échanges réguliers autour d’une ambition pragmatique, résumée par David Chauve, secrétaire général : " Construire des positions partagées par l’ensemble du réseau d’Auvergne-Rhône-Alpes. Les proposer, les argumenter, les défendre… pour qu’elles deviennent réalité ". Dans cette dynamique, Auvergne-Rhône-Alpes a été la première région à s’emparer du dossier stratégique de la construction du prix en marche avant. " Pour nous, le syndicalisme sera économique ou ne sera pas. C’est pourquoi, nous sommes très mobilisés pour obtenir la prise en compte des coûts de production sur la base d’indicateurs publics, pour renforcer en la modifiant, et faire appliquer la loi des Etats Généraux de l’Alimentation, en s’impliquant auprès des organisations économiques avec l’organisation de rencontres régulières et le soutien syndical si besoin ", a insisté le président de la FRSEA, Michel Joux.


" La valeur ne se décrète pas, elle va se chercher "
Pour l’ensemble des élus, il y a urgence à obtenir gain de cause sur ces sujets-là. " Sur le terrain, les agriculteurs sont fatigués. Ils sont au bout du rouleau car on leur demande toujours plus et en face, il n’y a pas de salaire. Il y a une voie par l’emploi, qui nécessite un niveau de rémunération suffisant pour payer ces emplois. Il n’y a rien de plus décevant que de se lever chaque matin en sachant que nous produisons à perte ", a souligné Sabine Tholoniat, présidente de la FNSEA du Puy-de-Dôme. " Nous sommes en décrochage sur notre région, on n’est pas là pour faire du misérabilisme. Mais avec entre 17 et 19 000 euros de revenus courant par actif, nous nous devons d’être plus revendicatifs. On ne jalouse pas ceux qui gagnent plus leur vie, mais nous avons indéniablement des marges de progrès ", a complété David Chauve.


Une restructuration à bout de souffle
Et d’estimer aujourd’hui qu’il est indécent de renvoyer systématiquement à des problématiques de compétitivité de structure. " Il y a un effet ciseau avec des charges qui augmentent plus vite que nos produits (voir ci-contre). La seule manière que nous avons eu de compenser jusque-là c’est d’être plus productifs. Les jeunes générations ne veulent plus continuer comme cela. Nous sommes arrivés au bout de la restructuration avec une baisse du nombre d’actif qui doit nous interpeller ", a indiqué Yannick Fialip, vice-président de la FRSEA. Une position partagée par Adrien Bourlez, président de la FDSEA de l’Ain : " massifier pour compresser nos charges pour espérer un revenu devient impossible à l’échelle de la ferme France. La valeur ne se décrète pas, elle va se chercher. Nos coopératives ne vendent pas, elles livrent. Elles ne sont plus en adéquation avec les agriculteurs et la société ".
Plus globalement, pour Joël Piganiol et Gérard Gallot, respectivement présidents de la FDSEA du Cantal et de la Loire, " c’est le concept même d’organisation collective qui doit retrouver un regain d’intérêt car à ce stade, il ne donne plus de perspective ".


Un syndicalisme de solutions
Sans occulter les problèmes, la présidente de la FNSEA a apporté des éléments d’analyse et fait état du travail " accompli sans relâche " : " Les Etats généraux de l’alimentation donnent de la visibilité, ils n’auraient pas existé sans toutes les actions syndicales en France. Il y a des opportunités, et des difficultés que je n’occulte pas. Le prix a toujours été la priorité à la FNSEA, mais le sujet s’est complexifié parce que les frontières se sont ouvertes, la concurrence s’est exacerbée. Nous devons composer avec un contexte intérieur bien particulier avec quatre centrales d’achat. Les gouvernements successifs ont joué la carte du pouvoir d’achat des consommateurs au détriment des pouvoirs d’achat des producteurs. On a cet héritage-là. Cette construction de prix dicté par la GMS est une spécificité française, aucun autre pays ne fonctionne comme ça. La loi Ega a ouvert des perspectives, la loi Besson-Moreau peut permettre de transformer l’essai mais la guerre des prix n’est pas finie ". Si en 2019, la loi a permis de stopper la déflation, " en 2020, alors que les distributeurs ont engrangé entre +10 et +16% de parts de marché, des baisses de prix ont été demandées. On a terminé à -0,3% ", preuve si besoin était pour Christiane Lambert, " de la force de frappe titanesque des distributeurs qui bénéficient d’appuis sérieux à Bercy ".  Bien décidée à poursuivre cette bataille du prix et bien d’autres dans une posture proactive, Christiane Lambert a conclu : " Le syndicalisme majoritaire bénéficie d’une expertise pour être en capacité de trouver des solutions pour nos adhérents. Les solutions ne sont pas les mêmes pour chaque filière. Ne subissons pas, montrons ce que nous savons faire ".
 

 

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