La place des femmes dans l'agriculture
La bande dessinée « Il est où le patron ? », réalisée par cinq paysannes et la dessinatrice Maud Bénézit, redouble d'engagement et d'humour pour aborder la question du sexisme dans l'agriculture. Entretien avec les autrices.
Que nous raconte « Il est où le patron » ?
« C'est l'histoire de trois femmes, paysannes, voisines de marché, qui se rencontrent, s'entraident et se lient d'amitié. Il y a Jo, qui débarque seule pour reprendre la ferme et le troupeau de chèvres du vieux Georges. Ça n'est pas facile tous les jours pour elle, même si elle n'a pas froid aux yeux : il paraît que c'est une féministe... Coline, elle, n'a pas trop le temps de se poser des questions, elle est bien prise par la fromagerie, son rôle au syndicat et ses deux enfants. Avec son mari Pierre, elle a l'impression que tout se passe bien, même si certaines situations lui pèsent. Anouk, elle, est apicultrice. Elle a quitté la ville il y a quelques années et cherche toujours sa place dans un monde où la virilité semble érigée en valeur absolue. Ensemble, les trois paysannes se donnent progressivement la force de faire entendre une autre voix que celle du patriarcat. »
Quel a été le point de départ de ce projet de BD ?
« Nous souhaitions faire une BD féministe qui rende compte de la réalité de nos vies de femmes paysannes. C'est avec cette envie que nous avons rencontré Maud, dessinatrice de BD, ayant elle-même suivi une formation agricole. Nous, paysannes, bergère, éleveuses, apicultrice ou maraîchère, aimons passionnément nos métiers, mais, comme dans le reste de la société, nous vivons jour après jour des situations qui nous dérangent, nous mettent mal à l'aise voire nous font violence, car cela nous renvoie sans cesse à notre statut de femme et non d'individu autonome. Chacune des situations décrites dans cette BD a été vécue par nous ou notre entourage. L'énorme et riche matériau rassemblé met en évidence un constat édifiant : ce qui pourrait n'être qu'un empilement d'anecdotes, parfois drôles, parfois tragiques, est en fait le reflet d'un système qui opprime (entre autres) les femmes. »