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La morosité ambiante n’entache pas la détermination des éleveurs

Les sessions de la Chambre d'agriculture donnent l’occasion aux élus professionnels de faire part de leurs ressentis dans une conjoncture qui aura été particulièrement difficile en 2019.

Les élus consulaires réunis autour de leur président Patrick Escure et du préfet du Cantal.
Les élus consulaires réunis autour de leur président Patrick Escure et du préfet du Cantal.
© r. S.-A.

“P lus que jamais, le monde agricole a besoin d’être soutenu”, plaide le président de la chambre d’agriculture du Cantal. Ses ressortissants sont victimes des aléas climatiques, des prédateurs, d’un cours de la viande qui s’effondre, d’une production laitière qui n’attire plus, d’agribashing... et maintenant de décisions de justice favorables à des plaintes de voisinage ! C’est beaucoup. Patrick Escure expose sa crainte de voir ces acteurs majeurs de l’économie cantalienne que sont les agriculteurs, désabusés, démotivés.

Trois motions de vigilance

Vendredi 22 novembre, la dernière session a donné l’occasion aux élus professionnels de s’exprimer sur ces divers points d’actualité. Sécheresse, loup et rats taupiers ont fait l’objet de motions votées à l’unanimité : la première pour rappeler au président Macron son engagement à indemniser (une fois la perte de production sur prairie constatée) dès qu’une baisse de 11 % du produit brut théorique de l’exploitation est atteint (plutôt que 13 % comme avant 2018), tout en demandant le retrait pur et simple de cette condition. La deuxième motion réclame que des résultats de recherches contre la pullulation des rats soient rapidement communiqués (même si Patrick Bénézit, de la FRSEA, remarque que tous les produits testés s’avèrent moins efficaces et bien plus chers que la bromadiolone). Quant au loup, il est clairement réclamé la libéralisation des tirs, “seuls moyens de lutter contre le prédateur”, pour lequel il est également demandé qu’il devienne une espèce chassable. Des points majeurs qui n’ont pas pour autant occulté d’autres sujets également traités, à commencer par l’effondrement des cours de la viande bovine, notamment en broutard, où l’offre réduite n’enraye pas une baisse du prix d’achat. Patrick Bénézit pense avoir identifié la cause : “Ce n’est ni une raison économique, ni une raison climatique, mais la faute des opérateurs qui mettent la pression sur les cours du jeune bovin, comme tous les automnes.”  Sur les animaux finis, le président de la FRSEA du Massif central  argumente son propos de données factuelles : baisse de prix malgré une consommation de viande qui augmente de 1,8 % en France, avec des prix à la consommation qui restent soutenus, comme celui du steak haché à 12 €/kg en moyenne.

“Sur les Égalim, on ne lâche rien”

De quoi relancer la discussion sur les États généraux de l’alimentation (Égalim) et ses promesses relatives à la redistribution des marges. “Pas question de mettre la loi à la poubelle ! Si demain, on relâche sur l’encadrement des promotions, on n’aura vraiment plus rien”, martèlent les représentants des syndicats majoritaires. “On attend des actes, qui n’existent toujours pas”, résume Joël Piganiol, président de la FDSEA du Cantal. Dans son allocution, même le préfet encourage à la persévérance... FDSEA et JA constatent en outre qu’un  “potentiel reste à travailler” sur l’export. Le témoignage de Jean-Marie Fabre, de retour de Chine, en atteste. Il considère que la dégustation de viandes issues de nos races emblématiques par le président a pu provoquer “un électrochoc” auprès du peuple chinois. D’autre part, il explique avoir visité une grande surface haut de gamme, “avec une présentation des produits alimentaires comme des joyaux”, mais où les viandes venues d’Argentine, du Brésil ou du Canada sont légion... “Si on avait eu sur place de la marchandise, on pouvait faire du business. Car la France véhicule une excellente image dans tous les domaines.” Alors à l’avenir ? Un bémol, de taille : comment produire suffisamment de volumes pour ouvrir un nouveau marché ? Jean-Marie Fabre a sa petite idée : “Y aller avec l’idée de vendre l’excellence française qu’ils attendent, à fortes valeurs qualitatives.” Actuellement, c’est le porc français qui profite du marché chinois, dans ce pays qui est à la fois le premier en termes de consommation de viande porcine et dans lequel son propre élevage est quasiment totalement décimé, en raison d’une sévère épizootie (PPA)... Une démonstration, parmi d’autres, que les éleveurs et élus professionnels ne sont pas dans la résilience, mais cherchent des solutions pour multiplier les chances de réussite économique. Autre preuve que la détermination à se battre pour défendre la qualité de leurs produits et leur pouvoir d’achat n’est pas entachée, la FDSEA et les JA du Cantal participeront aux manifestations organisées ce mercredi à Clermont-Ferrand et à Lyon.

 

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