La mise à l’herbe : une période charnière qui se prépare
Le printemps est là, les beaux jours arrivent, vous n’aspirez qu’à une chose : mettre vos animaux à l’herbe. Réussir cette transition demande une préparation en amont et la vérification de quelques de points.
La mise à l’herbe, c’est pour tous les animaux, qu’ils soient ou non en stabulation pendant la période hivernale, une modification d’environnement, un changement d’alimentation avec des impacts importants, notamment chez les ruminants particulièrement sensibles aux transitions alimentaires.
Des parcelles prêtes à accueillir les animaux
Durant l’hiver, les intempéries ont pu causer des dommages aux installations. Vérifier les clôtures, s’assurer qu’il n’y a pas d’obstacle les ayant endommagées ou gênant la transmission du courant est essentiel. De bonnes clôtures, c’est prévenir la divagation des animaux et diminuer les risques de contamination entre troupeaux. Un inventaire des points d’eau sera effectué en veillant à fournir aux animaux une eau de qualité, avec un débit suffisant. Elle doit être accessible à tous, sans oublier les veaux, et les points d’eau doivent être propres et régulièrement nettoyés. De l’eau contaminée au pâturage est mise en cause dans presque tous les cas de salmonellose ou de leptospirose.
Des animaux prêts à sortir
Les mois d’hiver ont pu mettre à mal les onglons des adultes. Un parage systématique est à effectuer sur tout bovin avec signe d’alerte, il permet de vérifier l’absence de lésion et de gérer la pousse de la corne. Pour cela, vous pouvez prendre contact avec votre pareur auprès de Farago Creuse.
Pour les veaux, le changement va être le plus important. Ils vont passer d’un statut quasi sédentaire à une activité musculaire importante d’où la nécessité de complémentation en sélénium afin de prévenir la myopathie-dyspnée ou « raide ». Plusieurs solutions s’offrent à vous, que ce soit par voie orale ou injectable, consultez votre vétérinaire.
Une gestion du parasitisme à définir
Les veaux vont être confrontés pour la première fois à la strongylose. Bien que nous sortions de l’hiver, les larves infestantes sont là, en moyenne 300 par kg de matière sèche. Selon le mode d’exploitation de la parcelle à la fin de l’année précédente, le type d’animaux, la date de retrait de la parcelle, son chargement et le mode de déparasitage, cette contamination peut varier. Le plus souvent, les veaux sont placés année après année sur les mêmes parcelles, souvent très contaminées en fin de saison et qui risquent d’être encore contaminées au printemps si le gel n’a pas suffisamment détruit les larves infestantes. Agir tôt est souhaitable pour ne pas risquer d’atteindre rapidement des seuils critiques. Sur des veaux de plus de 4 mois, la prévention à la mise à l’herbe est à privilégier, au moyen de molécules rémanentes (avermectines) ou de bolus. Les protocoles sont à adapter en concertation avec votre vétérinaire, en prenant en compte la nécessaire optimisation de l’herbe pour assurer la croissance des animaux sans négliger la mise en place de l’immunité. On peut ainsi gérer différemment les animaux destinés à une commercialisation rapide des animaux destinés à la reproduction. Nous reviendrons plus en détail sur cette gestion des strongles dans un prochain article.
Une prévention de l’entérotoxémie
Conséquence d’une transition alimentaire parfois défaillante, l’entérotoxémie est due à la prolifération de germes anaérobies (clostridium). Elle se manifeste par une mort subite des animaux « empoisonnés » par les toxines que ces microbes auront produites. Après une très courte période de fièvre et de symptômes nerveux, la maladie tue généralement en moins de 24 heures. Sa prévention passe d’abord par un respect de la transition alimentaire (cf. ci-dessous). La vaccination systématique contre l’entérotoxémie est recommandée et le coût reste raisonnable. La couverture vaccinale ne sera pas totale compte-tenu du grand nombre de clostridies impliquées mais c’est une protection supplémentaire. La primovaccination (première vaccination dans la vie d’un animal) peut se faire dès la deuxième semaine de vie et nécessite deux injections espacées de 4 semaines environ.
Une opposition entre fourrages conservés et herbe
Pour bénéficier pleinement de l’alimentation de haute qualité et peu coûteuse en énergie qu’est l’herbe, cette transition est à préparer car elle peut être à l’origine d’accidents. La digestion des aliments commence par une phase de fermentation dans la panse des ruminants. La flore microbienne responsable de ces fermentations se spécialise en fonction de la nature des aliments consommés (flore cellulolytique ou amylolytique). Plus la ration hivernale sera différente de la composition de l’herbe jeune et plus la transition sera nécessaire et longue. Alors que la ration à base de fourrages conservés, est riche en matière sèche, énergie et cellulose, pauvre en azote soluble, à l’inverse, les caractéristiques de l’herbe jeune sont sa faible teneur en cellulose et amidon et sa grande richesse en eau, azote et sucres solubles.
Une transition alimentaire à étaler sur 3 semaines
Tout cela n’en fait pas un aliment parfait et justifie un rééquilibrage par l’apport de cellulose et amidon (foin ou paille – céréales ou ensilage de maïs). En cas d’excès d’azote soluble, les animaux présentent une diarrhée profuse, signe d’un transit trop rapide. Une bonne partie de la valeur nutritive de l’herbe est alors perdue. La meilleure transition s’effectue par une mise à l’herbe progressive tout en laissant à disposition les aliments de la ration hivernale. Le problème se pose surtout pour les bovins allaitants et bovins d’engraissement. La mise à disposition de foin ou de paille est à envisager, et ce, même si les animaux en mangent peu. Quand c’est possible, un apport quotidien de céréales, en faibles quantités, assure une meilleure transition et corrige le déséquilibre de l’herbe jeune, qui peut s’avérer préjudiciable pour la reproduction. Vous pouvez vous rapprocher de la Chambre d’Agriculture pour optimiser la gestion de l’herbe, notamment en relation avec le cumul des températures depuis le début de l’année ou la hauteur de l’herbe dans les parcelles.
Un apport minéral à ne pas oublier
L’herbe jeune, surtout quand elle provient de prairies temporaires à flore peu variée ou dans le cas de prairies permanentes à flore dégradée, est souvent pauvre en certains minéraux importants : sodium, magnésium. Vous maintiendrez un apport de sel pendant toute la période estivale et une complémentation en magnésium à la mise à l’herbe ou en cas de repousse rapide, afin de prévenir la tétanie d’herbage.
Une désinfection des matériels en commun et des bâtiments d’élevage
La mise à l’herbe, c’est aussi l’utilisation des bétaillères qui peuvent être partagées entre plusieurs éleveurs, c’est donc ne pas oublier de les nettoyer et les désinfecter entre chaque élevage. La période estivale est propice à la désinfection des bâtiments, surtout s’il y a eu des problèmes pendant l’hiver. Il faut profiter du vide sanitaire pour nettoyer consciencieusement les stabulations et pulvériser un produit adapté à la problématique de l’élevage. Compte-tenu de leur polyvalence (virus, mycobactéries, oocystes), des produits comme le Prophyl S ou le Kenocox sont recommandés. Cela fait partie des mesures de biosécurité qui visent à prévenir la maladie plutôt que de la traiter.
Votre vétérinaire, GDS Creuse et Farago Creuse pour vous accompagner
La mise à l’herbe est une période charnière à préparer selon la méthodologie apportée par notre concept « Le sanitaire, j’adhère ! ». Pour plus d’informations, consultez votre vétérinaire ou consultez-nous à GDS Creuse. Si vous souhaitez profiter de conseils de professionnels pour vos problèmes de clôture, de parage ou de désinfection, rapprochez-vous de votre technicien Farago Creuse qui vous accompagnera dans votre démarche.