La production de fruits rouges des Monts du Velay n'a pas échappé à la météo extrême de ce printemps et de cet été 2022. La sécheresse ambiante a perturbé la production durant toute la saison : "Les retenues collinaires nécessaires à la culture des petites fruits rouges, se sont vidées très rapidement et l'on peut dire que cela a été une angoisse permanente pour chacun d'entre eux. C'est la première fois que l'eau nous manque en cours de saison ! D'habitude, les producteurs ont de l'eau durant toute la période de production..."explique le directeur du GIE des fruits rouges des Monts du Velay, Denis Chirouze.
Or, cette année dès le printemps, un temps très sec s'est installé et a ensuite perduré. "Fin août, sous l'effet du tarissement des sources et d'une forte évapotranspiration, certaines retenues collinaires se sont vidées obligeant quelques producteurs à arrêter prématurément la production alors que la saison s’arrête généralement autour du 15 octobre... ".
Sans eau, pas de petits fruits !
La problématique de l'eau qui s'est véritablement posée cette année conduit les adhérents du GIE à réfléchir aux solutions techniques qui permettraient de faciliter l'accès à l'eau, que ce soit en installant des forages ou bien en agrandissant des retenues existantes ; car, rappelons-le : les fruits rouges ont besoin d'eau pour pousser. En d'autres termes, sans eau, pas de petits fruits !
"L'adaptation au changement climatique passera inévitablement par l'eau. Pour contrer la chaleur et l'évapotranspiration, il nous faudra plus d'eau" signale le président du GIE Éric Pauchon qui livre son inquiétude actuelle concernant l'insuffisance des réserves des retenues d'eau des producteurs à la mi-novembre... "Nous sommes inquiets pour la saison prochaine" ajoute-t-il.
Un autre paramètre météorologique a nettement desservi cette production : les températures très élevées, même en montagne à des altitudes à plus de 950 m, il a ainsi fallu composer avec les excès de chaleurs qui ont eu un impact négatif sur la plantation des plants de framboisiers. "On a constaté des pertes plus importantes de plants et des problèmes de débourrage, ce qui a débouché sur des rendements moindres" note le directeur du GIE.
Impact des fortes chaleurs
Les chaleurs ont également impacté la qualité des fruits frais, plus ternes et plus marqués ; les filets d'ombrage dans lesquels ont investi les producteurs n'ont malheureusement pas suffi... La cueillette a d'autre part été bien plus pénible pour les ramasseurs.
La météo a bien sûr affecté le tonnage produit par le groupement. "Cette année, nous avons atteint 1150 tonnes de petits fruits rouges (contre 1130 T en 2021) alors qu'en début de saison, nous avions un potentiel compris entre 1200 et 1300 T.» Autre conséquence cette fois-ci au niveau commercial : une grande partie des fruits a été classée en catégorie 2.
Moindre consommation en raison des fortes chaleurs
Les fortes chaleurs ont par ailleurs détourné les consommateurs des fruits rouges au profit de fruits très juteux tels que les melons, pastèques ou pêches... La demande a donc été clairement inférieure cette année en raison de la météo (décourageant les consommateurs à se rendre sur les marchés ou dans les restaurants) sans oublier la morosité ambiante (inflation et messages peu favorables diffusés en boucle par les médias nationaux - baisse du pouvoir d'achat, fruits et légumes chers...).
Les prix payés aux producteurs portent les traces de toutes ces difficultés ainsi "le GIE a obtenu un chiffre d'affaires inférieur à l'an dernier avec un tonnage supérieur ; ce qui montre que nous avons vendu un peu moins cher nos fruits et ce malgré la hausse du prix de nos matières premières». Car tout comme les autres agriculteurs, les producteurs de fruits rouges subissent également de plein fouet l'inflation, que ce soit sur les cartons d'emballage (+25 %/+30%), les engrais (+40%/+50%), la main d'œuvre saisonnière (+10%), le carburant et le coût du substrat...
Beau potentiel pour l'avenir
Malgré tout, la production de fruits rouges reste très porteuse en termes de débouchés ; le GIE est d'ailleurs toujours à la recherche de nouveaux producteurs ne serait-ce que pour renouveler les générations. "Notre filière se positionne sur des fruits de qualité vendus sur les marchés haut de gamme du sud de la France et en région parisienne ; à l'image de l'enseigne Grand Frais qui est notre premier client. Dans un contexte où l'on ressent une nette préférence française de la part des acheteurs, les débouchés sont au rendez-vous. Alors que la culture des petits fruits devient impossible dans certaines régions du sud, la Haute-Loire, grâce à ses altitudes élevées, apparaît tout à fait adaptée" explique Éric Pauchon.