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« La lutte contre le frelon asiatique doit être collective »

Lundi 31 mars, le rucher-école Lo-Brusc d’Olt et d’Urugne et le GDSA organisaient une soirée grand public pour informer sur la menace posée par le frelon asiatique sur l’apiculture notamment, à Chanac.

Une centaine de personnes se sont réunies à Chanac pour écouter la conférence
Une centaine de personnes se sont réunies à Chanac pour écouter la conférence
© Marion Ghibaudo

Cela fait plusieurs années que le rucher-école organise des soirées similaires à destination du grand public sur le frelon asiatique.
Mais c’est la première fois que la réunion avait lieu à la salle des fêtes de Chanac. Une soirée, donc, pour informer le plus largement possible, et au-delà du cercle des apiculteurs, sur la menace que représente Vespa velutina nigrithorax, et les manières de le contrer de façon collective notamment. La soirée s’adressait donc autant au grand public qu’aux élus locaux, « autant d’échelons qui peuvent apporter des solutions ». Le frelon asiatique est très facile à reconnaître car c’est la seule guêpe sociale en Europe à posséder une livrée foncée. À l’automne, un nid mâture de bonne taille compte environ 2 000 frelons. Entre avril et novembre, une colonie peut générer jusqu’à 13 000 individus, dont au moins 500 fondatrices parmi les femelles sexuées.

Un frelon facilement reconnaissable

Cette variété possède un thorax entièrement brun noir velouté et des segments abdominaux bruns, bordés d’une fine bande jaune. Seul le quatrième segment de l’abdomen est presque entièrement jaune orangé. La tête est noire, la face jaune orangée, les pattes jaunes à l’extrémité. Le frelon asiatique est une guêpe sociale. Comme chez l’abeille domestique, les frelons vivent au sein d’une colonie composée d’une femelle reproductrice, la reine, de femelles stériles, les ouvrières, et, pendant la période de reproduction, de mâles et de femelles sexuées, les futures fondatrices. Comme, le frelon d’Europe, vespa velutina construit un volumineux nid de fibres de bois mâchées formant un papier grossier ; le nid est composé de plusieurs galettes d’alvéoles entourées d’une enveloppe faite de larges écailles de papier, striées de beige et de brun. L’orifice de sortie est petit et latéral alors qu’il est large et basal chez le frelon d’Europe.
Le nid du frelon asiatique est sphérique quand il est abrité, mais il peut devenir ovale et atteindre jusqu’à un mètre de haut et 80 cm de diamètre quand il est fixé, comme c’est souvent le cas, à plus de 15 mètres de haut dans un grand arbre.
Comme chez toutes les guêpes sociales européennes, les colonies du frelon asiatique ne vivent qu’un an. Il est donc inutile de détruire un nid en hiver, puisque le peu d’individus qu’il peut encore contenir est condamnés à mourir de faim ou de vieillesse avant le printemps. Originaire du continent asiatique, l’espèce a été introduite en France en 2004 dans la région Aquitaine. Elle a très certainement été importée de Chine avec des marchandises (poteries). Depuis, elle s’est répandue rapidement pour occuper aujourd’hui la quasi-totalité des départements français. « Sa vitesse de propagation peut atteindre de 80 à 100 kilomètres par an », ont souligné les instigateurs de la soirée.

Les enjeux posés par l’implantation du frelon asiatique

Différents enjeux sont posés par l’implantation durable du frelon asiatique en France. Le premier concerne bien entendu les ruchers et l’impact économique pour les apiculteurs.
Ce dernier est en effet un redoutable prédateur pour les abeilles, provoquant des dégâts importants sur certains ruchers notamment par le stress qu’il engendre sur les colonies. « Six frelons asiatiques devant une ruche, cela veut dire 50 % d’activité en moins dans la ruche ; douze frelons asiatiques ont pour corollaire l’arrêt total de l’activité de la ruche », ont noté les organisateurs de la soirée. Les colonies de Vespa velutina peuvent décimer une ruche d’abeilles domestiques. Postés en vol stationnaire près de la ruche ou posé directement sur la planche d’envol, les frelons se jettent sur les butineuses qui reviennent chargées de pollen. Ils dépècent alors l’abeille pour n’emporter que le thorax, riche en protéines.
En 2023, une équipe universitaire a chiffré l’impact économique du frelon : cela avoisinerait 80 millions d’euros par an.

Comment limiter la prédation ?

Longtemps, les apiculteurs ont tenté de lutter seuls contre cette espèce invasive. Mais devant l’ampleur du phénomène, leurs maigres moyens n’y ont pas suffi. C’est pour cela qu’ils en appellent désormais à une lutte collective et organisée dès l’échelon municipal. 
Une demande récemment renforcée par la loi du 14 mars 2025 « visant à endiguer la prolifération du frelon asiatique et à préserver la filière apicole » : elle prévoit l’instauration d’un plan national de lutte contre la prolifération du frelon asiatique, associant différents acteurs, qui sera décliné à l’échelle des départements. Les apiculteurs touchés par cette calamité pourront recevoir une indemnisation. Une loi dont les décrets d’application restent pour le moment en attente.
« Le piégeage de printemps (ndlr de fin mars à mi-mai), avec des pièges de plus en plus sélectifs, reste l’une des méthodes les plus efficaces à ce jour », ont détaillé les organisateurs de la soirée. C’est en effet le moment où les reines sortent d’hibernation (lorsque les températures atteignent environ 15°C en journée) pour commencer à construire leurs nids et se reproduire. La capture des reines limite donc la formation de nouveaux nids et évite ainsi l’émergence de milliers de nouvelles reines au printemps suivant.
Ce lundi 31 mars, « une première fondatrice a été piégée au Collet-de-Dèze », a confirmé Philippe Clément, le président du GDSA. En Lozère, grâce à l’action du GDSA, six perches sont disponibles et des personnes formées pour venir détruire les nids chez les apiculteurs. Ce qui représente un coût financier non négligeable pour la structure, entre la formation des techniciens, l’entretien des perches et l’achat du gaz utilisé pour détruire les nids.
Ce lundi, à Chanac, le message principal est passé auprès du public présent dans la salle : « aidez les apiculteurs à diminuer la pression exercée par le frelon asiatique ».
Ne reste plus qu’à faire entendre ce message au plus grand nombre, et aux élus des différents échelons pour que la lutte devienne vraiment efficace, et que les apiculteurs se sentent moins seuls face à ce fléau.
 

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