La limousine, apte à couvrir une diversité de marchés
Les éleveurs cantaliens de race limousine préparent leur assemblée générale, le 6 avril à Leynhac.
“Mettre en avant une production originale.” C’est l’idée qui sera abordée lors de l’assemblée générale du syndicat des éleveurs cantaliens de race limousine. Puisqu’il revenait au secteur d’Aurillac-Châtaigneraie d’accueillir ce rendez-vous annuel, il a été décidé de se rendre vendredi 6 avril chez Sylvain et Aurélie Caumon à Leynhac - entre Marcolès et Maurs. Des éleveurs qui ont à la fois un recul de 20 ans sur une production labellisée bio, et fait le choix de diversifier les revenus de leur exploitation du lieu-dit “La Martory”. “Ça illustre bien la limousine avec sa diversité de production, en veau, en vache adulte et sous signe officiel de qualité”, justifie Jean-Paul Portal, président des éleveurs limousins du Cantal. “On produit notamment du veau rosé bio, sur le modèle de l’Aveyron, engraissé à la ferme avec nos céréales et vendu à moins de huit mois”, confirme Sylvain Caumon. Un produit différencié qui se retrouve notamment sur les étals de magasins de type Biocoop, parfois un peu éloignés du lieu de production, comme le regrettent les éleveurs, faute de filière d’abattage bio dans le département.
Veaux, génisses, vaches
“La plupart des vaches adultes sont achetées par la société bouchère Faget, qui choisit sur pieds, de ferme en ferme avant de redistribuer notamment sur la façade Ouest”, poursuit Sylvain, qui commercialise également des génisses d’élevage à destination du Tarn ou de l’Aveyron. “Des animaux trapus et aux bonnes qualité maternelles, mais dont la première des qualités est aussi d’être très dociles”, insiste-t-il. Quant au choix de la race, il la doit à son père qui, dès 1979, avait opté pour la limousine. “Lors de mon installation, en 2003, j’ai pu constater en effet sa polyvalence entre qualités bouchères et qualités maternelles et des vaches qui vêlent seules.” Du vinaigre dans la ration En Gaec depuis que son épouse Aurélie l’a rejoint sur l’exploitation, le couple élève une cinquantaine de mères sur 80 ha, dont 10 ha de céréales (2 ha de céréales panifiables pour la consommation humaine et 8 ha en méteil). Avec toujours un bon stock fourrager afin de garantir l’autonomie alimentaire du troupeau. “Ce que j’aime, c’est créer des liens entre les productions”, confie Sylvain. “Comme je suis passionné des arbres, j’en ai plantés et pas seulement pour faire de l’ombre au troupeau quand il fait chaud. J’ai des pommiers avec lesquels je fais du jus et du cidre, mais aussi du vinaigre de cidre que j’intègre en cure durant l’hiver à la ration de tous les animaux, pour ses qualités de digestibilité, de fixation des minéraux, pour l’équilibre du PH dans la panse et beaucoup d’antioxydants. Ingéré avec du chlorure de magnésium, le résultat sanitaire est spectaculaire : regain de brillance au niveau du pelage et plus besoin de vermifuge.”
Vive le bois
Dans le même esprit, le bois issu d’élagage de haies(1) ou autres est broyé, avec la complicité de la Cuma déchiq’bois, pour devenir litière. “On enregistre beaucoup moins de glissades, d’accidents, de boiteries... En plus, le paillage de plaquettes de bois absorbe les jus ; l’atmosphère du bâtiment s’en trouve assaini, sans odeurs d’ammoniaque ; même les dalles en béton vieillissent mieux !” Les éleveurs de Leynhac gagnent aussi en temps de travail : plus de fosse à purin à sortir ; pas d’épandage à pulvériser... Du temps gagné pour d’autres activités. À la production de jus de pomme, de cidre et vinaigre, et de quelques châtaignes, s’ajoutent jusqu’à 1 000 poulets produits par an, 3 à 4 tonnes de farine bio, ainsi qu’une activité d’agro-tourisme qu’Aurélie prend plus particulièrement en charge, avec visite de la ferme, location de gîtes et de chambres d’hôtes classés 3 épis aux Gîtes de France.
(1) La ferme de La Martory a replanté 2 km de haies depuis 2008.