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La Limagne frappée par la sécheresse hivernale

En plaine de Limagne et sur les côteaux, l'hiver a été inhabituellement sec avec un déficit pluviométrique atteignant près de 60%.

Dans les sols légers de la Limagne Sud, l'eau manque déjà alors que l'hiver vient à peine de se terminer.
Dans les sols légers de la Limagne Sud, l'eau manque déjà alors que l'hiver vient à peine de se terminer.
© auvergne agricole

L'hiver touche à sa fin et déjà la plaine de la Limagne est en fâcheuse posture. Malgré une fin d'année 2019 (octobre, novembre et décembre) pluvieuse à l'excès (+30% à +60% par rapport à la normale), les trois premiers mois de 2020 sont déficitaires. Les stations météo de Clermont-Ferrand et Issoire notent d'ores et déjà un déficit pluviométrique allant respectivement de -50 à -60% par rapport à la normale. A cela s'ajoute une hausse moyenne des températures mensuelles en Février, entre +2°C à +5°C. Le tout donne des résultats d'évapotranspirations (ETP) particulièrement inhabituels (voir encadré ci-dessous). Les premières conséquences de cette météo douce et sèche, se font sentir à la fois sur les cultures et les prairies de la Limagne.

Plus de 15 jours d'avance pour les blés

L'hiver exceptionnellement doux a accéléré la croissance des céréales à paille. Le blé a ainsi « plus de 15 jours d'avance » avec un stade épi 1 cm déjà atteint pour les premiers semis. Pourtant, ces mêmes parcelles accusaient à l'automne dernier un retard de 15 jours sur la date d'implantation habituelle. « L'excès de pluie à l'automne 2019 a décalé les semis du blé. D'un point de vue physiologique, on peut presque dire qu'il a un mois d'avance » précise Yoan Ginestière, ingénieur agronome à la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme. Cette avance n'est pas forcément une bonne chose. Le stade épi 1 cm est l'un des plus sensibles de la culture. Durant cette période, le moindre aléa peut coûter cher aux blés. Le mois de mars n'est pas encore terminé et le froid a fait son retour cette semaine, selon les prévisions météo. « Il y a un risque de perte de rendement si le froid est trop intense. »

Chaleur, sécheresse et Covid-19

Le froid inquiète cependant moins l'équipe agronomie de la Chambre d'agriculture que la hausse des températures et l'absence de pluie. Encore une fois, l'hiver fut trop clément en Limagne privant la plaine de l'eau tant attendue et espérée. Yoan Ginestière l'assure : « nous allons au-devant d'une situation critique s'il ne pleut pas dans les deux prochaines semaines ». Dans les sols les plus légers, les pieds de blé commencent à souffrir de ce déficit. Françoise Lère, conseillère à la Chambre d'agriculture précise : « les valeurs moyenne d'humidité des sols sur reliquat sont les plus faibles de ces cinq dernières années ». Si le manque d'eau perdure, les plantes vont entrer en « régression » et réduire leur production de tales. « Au nombre de trois normalement, on pourrait n'en avoir qu'une seule par pied. Le rendement serait alors impacté. » L'irrigation pourrait réduire le phénomène et surtout optimiser les prochains apports de fertilisants. Malheureusement, là encore, l'accumulation des conditions météorologiques et sanitaires du pays, ne jouent pas en faveur de la Limagne. « En raison du Covid-19, l'ouverture des réseaux d'irrigation pourrait être retardée (voir encadré ci-dessous). »

L'herbe repousse difficilement

Du côté des prairies, la situation est plus hétérogène mais non moins inquiétante. Pascale Faure, conseillère fourrage à la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme, suit plusieurs parcelles en Limagne et sur les côteaux, notamment à Sauxillanges. « Ce territoire cumule sur le mois de février moins de 15 mm de pluie. Les prairies surpâturées l'année précédente, ou pâturées durant l'hiver, ont une repousse très lente. Les prairies de fauches sont quant à elles plus préservées. » La conseillère note une importante hétérogénéité selon les territoires. Ainsi en montagne, les sols viennent à peine de se ressuyer et la pousse n'a pas encore débuté. Dans la plaine, les situations divergent en fonction de la situation de chaque parcelle. Pascale Faure a ainsi observé dans les coins ombragés aux sols profonds « des repousses encourageantes ». A contrario, sur les sols légers « la situation risque de se compliquer s'il n'y a pas d'eau ». Son homologue Stéphane Violleau pousse l'observation plus loin en révélant l'impact de la fertilisation. « Les éleveurs ayant apporté une fertilisation précoce vont pouvoir compenser les pertes. Ceux qui n'ont pas fait de fertilisation auront immanquablement une perte d'herbe. »

En attendant de voir comment évolue la situation météorologique sur la plaine de la Limagne, l'ensemble des conseillers s'accorde à dire que « la Limagne et ses côteaux se dirigent vers une sécheresse ». Reste à espérer qu'avril et mai seront, comme à leur habitude, des mois très arrosés.

 

Pluviométrie et ETP estimée au 1er trimestre 2020

-          Clermont-Ferrand : pluviométrie 32,4 mm et ETP estimée 129 mm (situation qualifiée de très sèche, en dessous de 2019)

-          Issoire : 29,8 mm et ETP estimée 133 mm (situation qualifiée de très sèche, en dessous de 2019)

-          Courpière : 61,4 mm et ETP estimée 124 mm (situation sèche)

-          Sayat : 115 mm et ETP estimée 113,5 mm

-          Ambert : 95 mm et ETP estimée 122 mm

-          Saint-Sulpice : 132 mm et ETP estimée 94 mm (situation humide)

Sources Météo France et AP3C

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