« La hausse des charges rend urgente l’augmentation des prix »
Face à l’augmentation des charges, Patrick Bénézit, président de la Copamac et secrétaire général adjoint de la FNSEA, estime indispensable une augmentation des prix à la production et une Pac finalisée par une stratégie non discriminante sur l’accès à l’aide protéines.
À l’occasion du Sommet de l’élevage (5 au 8 octobre à Clermont-Ferrand), un temps d’échange sur le second volet de la loi Égalim est prévu avec le ministre de l’Agriculture. Rappelez-nous ce qui a motivé ce second « round » et qu’en attendez-vous ?
Nous avons milité pour une deuxième version des Éga, car la première ne fonctionne pas. Cette seconde version, matérialisée par la loi Besson-Moreau, reprend pas mal d’éléments stratégiques qui nous avaient été refusés la première fois. L’un de ces éléments est le fait que la négociation parte toujours du coût de production et que la cascade se fasse jusqu’au distributeur en toute transparence. Le sujet, c’est bien que nous couvrions nos coûts de production.
Le texte qui vient de passer au Sénat après avoir été voté à l’Assemblée nationale est-il de nature à garantir cet objectif ?
Le texte sorti du Parlement* allait dans ce sens avec un gros travail de la profession sur ce sujet. Le texte est passé au Sénat. ll y a des choses qui ont été améliorées, quelques points qui ont été détériorés. Nous espérons qu’en commission mixte parlementaire, les quelques points restants iront dans le bon sens. Quoi qu’il en soit, nous demanderons au ministre mardi matin lors du Sommet de l’élevage, l’application immédiate du texte. Nous mettrons la pression sur le gouvernement. La DGCCRF devra faire le travail immédiatement, parce que nous avons l’expérience qu’avec la loi Éga 1, certaines mesures pourtant adoptées, n’ont jamais été contrôlées. Cette entrée en vigueur rapide est d’autant plus urgente que les agriculteurs subissent depuis plusieurs mois une augmentation importante de leurs charges, et des épisodes climatiques dramatiques (gel, grêle…). Ils ne pourront passer le cap sans hausse de prix significative.
En quoi cette loi peut être bénéfique pour toute la filière ?
Le combat au niveau parlementaire a été ardu, car les choses n’étaient pas partagées par un certain nombre de nos partenaires. Mais force est de constater que ce texte permet à nos coopératives et à nos industriels de retrouver des positions beaucoup plus propices à la négociation avec les distributeurs. Ce texte revient sur la LME (loi de modernisation de l’économie), qui avait placé la grande distribution dans une position ultra dominante. Nos partenaires auront des armes majeures, qu’ils n’avaient pas avant pour aller négocier. Dans ces conditions, nous n’avons pas apprécié que certains d’entre eux veuillent influer sur la loi leur permettant de mieux négocier sans pour autant rendre aux producteurs des prix au niveau du coût de production. Nous le regrettons, mais heureusement cela n’a pas abouti.
Ou bien que certains industriels veuillent continuer à utiliser le drapeau français des matières premières agricoles.