La filière ovine entre adaptation et innovation
Tour d’horizon des différents sujets abordés lors de l’assemblée générale de la Fédération nationale ovine (FNO) organisée le 19 avril à Vogüé (Ardèche).
« La filière ovine va un peu mieux » a souligné Michèle Boudoin, présidente de la Fédération nationale ovine (FNO) dont l’assemblée générale était organisée cette année en Ardèche. Plusieurs centaines d’éleveurs avaient fait le déplacement pour discuter de l’actualité et de l’avenir de la filière. « Si notre production a encore des difficultés, nous nous devons de travailler ensemble et de porter des projets collectifs pour mieux se faire entendre », a ajouté la présidente. Clef de tout développement efficace, le renouveau de l’animation du réseau de la fédération est un de ses objectifs majeurs. « Nous avons besoin de l’implication sans failles de chacun d’entre vous pour assurer le développement du secteur ovin et être acteur de notre destin. »
Contractualisation, évolution de l’accompagnement technique
« Les défis qui vont nous mobiliser dans les semaines et les mois à venir sont grands. » Concernant le rendement des exploitations, la construction des prix est une étape incontournable, a rappelé la présidente, mais impossible à constituer, notamment la mise en place d’une contractualisation rénovée. La constitution d’indicateurs pertinents des coûts de production, de prix de revient et de prix de marché, est ainsi engagée par la fédération depuis quelques mois. Dans le cadre de la loi Egalim, « l’interprofession aura juste le droit de proposer des indicateurs. Juste de l’incitatif et beaucoup de temps perdu à notre sens. Pour autant, il ne faut pas baisser les bras sur ce sujet, la contractualisation reste la clef pour l’obtention d’un prix rémunérateur ». Pour ce faire, Michèle Boudoin a évoqué le besoin de travailler sur l’évolution de l’accompagnement technique des éleveurs ovins, que ce soient les outils ou les pratiques afin d’améliorer leurs conditions de travail. « L’interopérabilité des données est peut-être une solution », estime-t-elle. « Toutes les pistes de travail doivent être explorées. Il est de notre devoir de réussir ce chantier. »
Des atouts socio-économiques et environnementaux
La production ovine apporte des atouts socio-économiques et environnementaux majeurs dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Elle contribue au dynamisme économique des territoires difficiles et isolés, de la transformation dans les abattoirs locaux et de la commercialisation via les boucheries et GMS. La préservation, l’ouverture et la mise en valeur des paysages sont également au rendez-vous grâce à la pâture. En Ardèche, « la majorité de nos surfaces est localisée en zones de pentes », a rappelé Mickaël Giraud, éleveur à Saint-Joseph-des-Bancs et administrateur de la Fédération régionale ovine. « Malgré ces handicaps naturels, nous avons développé des atouts. Nous avons des abattoirs, des conseillers spécialisés en pastoralisme, divers événements comme la Fête de la transhumance, qui nous permettent de dynamiser et de mettre en avant notre métier. » Une dynamique soutenue par Christiane Lambert, présente lors de cette assemblée générale : « L’élevage ovin est une filière qui sait valoriser ces espaces-là […]. Soyons transparents dans l’amélioration de nos métiers, mais nous ne lâcherons rien pour assurer une juste valeur du prix de production ».
Relancer la consommation d’agneau
La filière se détermine par le relief mais également par des productions commercialisées en démarche de qualité. Mais la problématique de la consommation d’agneau est aussi au centre de l’avenir de la filière. L’adéquation entre l’offre et la demande est fondamentale : « C’est à nous, éleveurs, de faire avancer les choses. Nous devons lancer des initiatives avec nos conseils régionaux ou départementaux pour faire découvrir ou redécouvrir la viande d’agneau, notamment aux plus jeunes », a évoqué la présidente de la FNO. Les initiatives menées par le département du Bas-Rhin ou la Région Auvergne Rhône-Alpes qui mettent en avant la viande d’agneau lors de journées thématiques organisées dans les cantines scolaires ou dans d’autres espaces, en sont des exemples. « Nous devons le faire partout ! » Michèle Boudoin a salué l’initiative des producteurs laitiers qui se sont fédérés autour d’une association nationale, « France Brebis laitière », en passe de devenir l’interprofession nationale de la filière ovine laitière. « S’adapter et innover, cela a toujours été le quotidien des éleveurs de moutons. »
Europe, prédation, renouvellement
Concernant l’actualité européenne, il est hors de question de voir baisser le budget de la future PAC 2020, a rappelé Brigitte Singla, membre du bureau de la FNO. Les professionnels ovins réclament une meilleure prise en compte des apports du pastoralisme et de leurs systèmes d’exploitation en matière environnementale. Concernant la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, « cela engendrerait une perte de compétitivité à l’export, des difficultés sur les échanges et une perturbation des équilibres du marché de la viande ovine », a alerté Brigitte Singla.
Sur la prédation, « nous sommes à bout, mais notre détermination et la pression commence à porter leurs fruits », a exprimé Michèle Boudoin, farouchement opposée à une gestion différenciée des territoires. Zéro attaque, c’est l’objectif sur lequel Michel Joux, président de la FRSEA Auvergne Rhône-Alpes, espère voir s’engager le Gouvernement.
Autre enjeu majeur pour les éleveurs ovins, le renouvellement des générations où près de 45 % des brebis seront à reprendre d’ici une dizaine d’années. La présidente de la FNO a exposé à cette occasion le projet de création d’un réseau d’éleveurs formateurs-tuteurs en tant que nouveau parcours à l’installation en donnant la possibilité de découvrir le métier sur une ou plusieurs exploitations à des jeunes souhaitant s’installer.