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La Ferme du Vézie : un horizon à trois voies et trois voix

Jadis ferme castanhaïre intensive par excellence, la Ferme du Vézie affiche depuis plusieurs années un nouveau visage : un élevage bio plus rustique en monotraite couplé à des porcs fermiers.
 

Un homme, une femme, et un homme accroupis au milieu des cochons
Dimitri Bousquet (à droite) a rejoint Laura Fabrègues et son père Michel en 2023.
© P. O.

Quand Michel Fabrègues s’est installé avec sa mère voilà bientôt 30 ans à Lafon de Lafeuillade-en-Vézie, l’exploitation ressemblait à une ferme bretonne... typique de Châtaigneraie : une quarantaine de vaches prim’holstein sur guère plus d’hectares et un atelier porcin naisseur de 140 truies. Au tournant des années 2000, les cochons ont disparu, avant de revenir sous un autre format et schéma, l’exploitation s’est convertie au bio “par conviction”, souligne Michel, s’est extensifiée, misant sur la ressource herbagère et tournant la page du maïs, tout comme celle des deux traites quotidiennes. “La monotraite, ça faisait un moment qu’on y réfléchissait, on le faisait déjà l’été”, explique Laura, qui a rejoint son père en 2021 après avoir officié comme technicienne de collecte au GIE Châtaigneraie

Monotraite : vaches et éleveurs s’en portent mieux

Le déclic définitif ? Il tient à trois paramètres : la volonté des associés de se dégager davantage de temps libre, un prix de l’électricité inflationniste et quasi inversement proportionnel à celui du lait bio. “La chute a commencé après le Covid en 2021, et s’est poursuivie avec les vagues de conversion”, analyse Michel. Pour tomber de 
500 €/1 000 l à 430 € actuellement, après un point bas à 365 € lors de la saisonnalité printanière. Enclenchée comme chaque été en juillet, la monotraite ne s’est, en 2024, plus interrompue. “Aucun de nous n’a eu l’envie de repartir sur deux traites par jour”, retrace Dimitri Bousquet, le dernier installé voilà un an, et qui confesse ne pas avoir de sympathie particulière pour la gent bovine. “C’est plutôt elles qui ne m’aiment pas !” sourit-il. C’était d’ailleurs la condition à son installation : tout (ou presque) sauf des vaches (lire par ailleurs). 

Double brassage génétique

Depuis, la production laitière(1) a certes reculé d’un quart environ (contre un tiers en moyenne en monotraite), mais le lait s’est enrichi en TB et TP(2), l’état des vaches s’en est aussi très favorablement ressenti tandis que le coût alimentaire a été sensiblement abaissé. Sachant que depuis quatre ans, la Ferme de Vézie pratique un double croisement : deux taureaux abondance ont été achetés dans le Vercors pour la reproduction des prim’holstein, dont les produits ont gagné en rusticité, en conformation aussi et leur lait en taux (de deux à trois points sur le TB et TP). 

Tout bénéf’ sur les taux 

“On a des vaches qui mangent moins tout en étant plus adaptées à nos conditions climatiques et au pâturage. Et on cherche à accroître les taux naturellement, sans apports d’aliments, sachant que Biolait, qui nous collecte, rémunère bien la qualité”, indique Laura Fabrègues. Le Gaec a aussi introduit de la jersiaise dans ce brassage génétique “trois voies” dont les premiers veaux sont reconnaissables à leur robe brune tâchée de blanc. Les veaux mâles sont laissés sous les mères jusqu’à leur départ, tandis que les velles le seront jusqu’au sevrage. “On est en  phase d’ajustement”, précise Laura, qui s’est essayée à faire téter un lot de cinq génisses, non sans mal.
 

(1) Un peu moins de 200 000 litres annuels produits par 45 vaches sur 80 ha en bio.
(2) Taux butyreux (TB) et taux protéique (TP). 

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