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« La chambre d'agriculture du Puy‑de‑Dôme n'est plus seule »

David Chauve, actuel président de la chambre d'agriculture et candidat à sa ré-élection, dresse le bilan de ses six années à la tête de l'organisme consulaire. Il souligne, entre autres, les nombreux efforts fournis par son équipe pour redonner toute sa place à la chambre d’agriculture dans le paysage politique et décisionnaire du Puy-de-Dôme.

david chauve président de la chambre d'agriculture
David Chauve présente le bilan de sa mandature.
© FNSEA63

L'installation et la transmission font partis des enjeux de l'agriculture puydomoise. Quelles actions ont été menées lors de ces six dernières années ?

D.C : Durant cette mandature, notre principal objectif a été que chaque projet d’installation aboutisse mais surtout se pérennise et permette à l’agriculteur de vivre de son travail. Pour cela, nous avons encouragé la formation, en diversifiant nos offres notamment. Nous avons également proposé de nouveaux modules comme sur la gestion des risques afin de préparer les nouveaux entrepreneurs aux défis liés à la charge de travail, à la pénibilité et aux risques sanitaires et climatiques. L’organisation du travail et les facteurs humains ont aussi été intégrés à l'accompagnement que propose désormais la chambre d'agriculture. Depuis 2019, nous comptons en moyenne 180 installations par an dont plus de la moitié en DJA. Nous accueillons de plus en plus de personnes non issues du milieu agricole. C'est pourquoi, depuis 2020, nous proposons un accompagnement personnalisé notamment aux personnes en reconversion professionnelle, désireuses de se lancer dans l’agriculture grâce au Conseil en Évolution Professionnelle (CEP). À ce jour, 160 personnes ont été accompagnées au CEP. Nous avons également instauré un rendez-vous collectif pour « donner un coup de pouce » aux porteurs de projet non issus du milieu agricole qui seraient confrontés à des points de blocage. L’objectif est de leur permettre de rencontrer les interlocuteurs appropriés pour répondre à leurs questions mais aussi de créer du lien entre pairs, pour avancer, se motiver ensemble et redonner de l’engouement individuel, par le collectif.

 

Les cédants ont-ils également bénéficié d'un renforcement de leur accompagnement ?

D.C : Les installations hors-cadre familial sont de plus en plus fréquentes. Les attentes de ces nouveaux installés ne correspondent pas toujours à ce que proposent les cédants, en termes de foncier, de cheptel et d’infrastructures. Pour transformer chaque départ ou arrêt d’activité en opportunité d’installation, nous avons renforcé nos actions de sensibilisation à la transmission auprès des agriculteurs dès 50 ans, en leur proposant par exemple des journées d’information ainsi qu’une formation pour réfléchir à la stratégie d’avenir de leur exploitation. Notre accompagnement global s'est aussi étoffé de visites individuelles, en amont, pour anticiper le projet d’une future transmission et permettre un accompagnement humain au cours de cette étape clé. Parce que le renouvellement des générations est un véritable enjeu pour maintenir les potentiels de production et la dynamique des filières, nous avons organisé des réunions en partenariat avec les acteurs des filières bovin lait, viande, grandes cultures, ovins, AOP St-Nectaire, viticulture… Sept rencontres « filières » ont été organisées.

 

Durant ces six dernières années, des sujets "récents" ont fait leur apparition dans le département telles que la problématique d'un maintien de la production face au changement climatique, la gestion de l'eau ou encore les énergies renouvelables. Quelle a été la réponse de la chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme ?

D.C : L'approche économique sur les exploitations a été le fil conducteur de notre mandature. Nous avons donc conduit des actions en ce sens. Les crises économiques successives en raison des aléas climatiques, des crises sanitaires ou encore géopolitiques fragilisent constamment l’équilibre de nos exploitations y compris dans nos exploitations puydomoises. La maîtrise technique nous est apparue comme un des leviers fondamentaux pour réduire l’exposition et la vulnérabilité de nos systèmes d'exploitation. La chambre, forte de son expertise, se mobilise aux côtés des agriculteurs pour les accompagner dans l’adoption de pratiques plus résilientes. Nous nous sommes donc engagés dans plusieurs projets de recherche et développement départementaux et régionaux pour fournir aux agriculteurs des solutions gagnantes, réalistes et reproductibles au quotidien dans leurs exploitations. Plus d’une trentaine d’essais techniques annuels ou pluri-annuels ont été réalisés autour de la sécurisation des systèmes fourragers, la gestion des effluents et la fertilité des sols, la protection des cultures, l’optimisation des itinéraires techniques et des assolements... Ces expérimentations, et leurs résultats, sont à la base de notre conseil individuel et collectif. La chambre a également accompagné 34 groupes d’agriculteurs sur du conseil techno-économique.Sur la question de l'eau, nous avons considérablement renforcé nos actions et nos équipes. Une quinzaine de réunions ont été organisées pour apporter des réponses concrètes et des solutions adaptées aux agriculteurs sur la récupération des eaux pluviales, l’abreuvement au pâturage et les aménagements possibles, la réglementation et les subventions disponibles... Nos bulletins de conseils et de suivi de l’irrigation ont évolué, avec l'embauche d'une personne dédiée, pour permettre aux agriculteurs de piloter au mieux leur irrigation. Nous avons construit un accompagnement pour tous les porteurs de projets de retenues individuelles ou collectives sur les aspects administratifs et techniques. Surtout, nous avons remis la chambre d'agriculture au cœur des discussions avec les pouvoirs publics (Dreal, Préfet, DDT...) pour en faire désormais un interlocuteur privilégié et indispensable à la gestion de l'eau au sein de notre département. Enfin, concernant les énergies renouvelables, face à l'augmentation des coûts de l'électricité et la hausse des demandes de production d'énergies, nous avons ouvert au sein de la chambre d'agriculture un service dédié pour structurer notre accompagnement et conseiller au mieux, et en toute objectivité, les agriculteurs. En seulement un an, nos équipes ont rencontré 450 agriculteurs rien que sur la thématique du photovoltaïque.

 

Diriez-vous que ce mandat a été celui du retour de l'agriculture au sein du paysage politique départemental ?

D.C : Dès le début du mandat en 2019, nous avons œuvré pour repositionner la chambre d’agriculture comme principal interlocuteur en matière de réflexion agricole au sein du département. Nous avons relancé le dialogue et renforcé les partenariats avec l’ensemble des structures agricoles pour optimiser le service rendu aux agriculteurs et partager des objectifs communs pour le développement de la ferme départementale. Les échanges avec les collectivités et les pouvoirs publics ont été intensifiés pour remettre l’agriculture au centre des projets de territoire et créer un environnement de soutien aux intérêts de la profession. Les élus et équipes en territoire ont rencontré l’ensemble des Communautés de communes dès 2020, et la chambre a signé en 2022 une convention de partenariat avec le Conseil départemental actant de la nécessité d’un travail conjoint en faveur de l’agriculture départementale. Ces échanges servent plusieurs objectifs : positionner la chambre comme structure référente lorsqu’il s’agit de donner des avis ou prendre part aux décisions pouvant impacter l’agriculture puydomoise, souligner le poids économique crucial de l’agriculture et son rôle essentiel dans la vitalité de nos territoires ruraux, défendre les enjeux et trouver des solutions collectives pour accompagner le renouvellement des générations, la souveraineté alimentaire, la gestion de l’eau... La capacité de la chambre d’agriculture à fédérer des acteurs est un atout majeur pour impulser des projets structurants dans les territoires et qu'il ne faut surtout ni négliger, ni abandonner comme cela a pu être fait auparavant. Aujourd’hui plus que jamais il est important de défendre nos moyens de production pour enrayer l’érosion du nombre d’exploitations (-22 % de 2010 à 2020). C'est un travail quotidien et continu dans les commissions et les instances décisionnaires que nous avons réalisé par une présence assidue, et que nous poursuivrons, pour actionner des leviers afin de sécuriser la production, les filières, les outils économiques et rendre les exploitations les plus autonomes possibles, condition sine qua non au renouvellement des générations.

 

La chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme n'est donc pas isolée ?

D.C : Disons qu'elle ne l'est plus. Nous avons repris toute notre place à la chambre d'agriculture régionale. Depuis l'année dernière, nous avançons avec les autres chambres d’Auvergne-Rhône-Alpes sur un travail de prospective pour explorer l’avenir de l’agriculture à horizon 2040 : Prospect’AURA. Face aux volontés politiques et aux enjeux croissants liés au changement climatique, à la sécurité alimentaire, à la durabilité des ressources, ce projet vise à identifier les tendances clés et les technologies émergentes qui façonneront l’agriculture de demain. L’enjeu est de fournir aux décideurs, aux agriculteurs et aux différents acteurs des filières des informations précieuses pour anticiper l’avenir et adapter leurs stratégies. Encore une fois, la chambre œuvre à soutenir pleinement les agriculteurs du département. Reprendre le contrôle de la communication sur l'agriculture au sein du débat public pour renforcer le dialogue est indispensable.

 

Et pour demain ?

D.C. : Il est d'abord impératif de faire confiance aux agriculteurs et de les laisser entreprendre librement. Il faut continuer de les accompagner dans la modernisation de leur exploitation pour préserver les femmes et hommes qui génèrent de l'économie sur les territoires, maintenir des filières fortes, dynamiser l'installation et la transmission des outils de productions. Il est important d'obtenir une certaine continuité sur de nombreux dossiers que nous nous sommes réappropriés au prix de nombreux efforts. Les agriculteurs puydomois doivent voter massivement pour légitimer la chambre d'agriculture dans le département ainsi que la majorité qui sortira de ces élections. Le poids de la chambre dans son territoire dépend du nombre d'agriculteurs qui votent. C'est aussi la responsabilité de chaque professionnel.

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