“La carte scolaire aura un effet néfaste sur le développement des collectivités”
Après avoir boudé le dernier Conseil départemental de l’éducation nationale (CDEN), l’Association des maires du Cantal reste mobilisée contre la suppression de postes.

Le problème est inversé. “La suppression de postes d’enseignants n’est plus la conséquence d’une baisse démographique, mais elle va en devenir la cause”, lâche Christian Montin, secrétaire général de l’Association des maires du Cantal (AMF). Sous l’impulsion de son président Pierre Jarlier, l’AMF a décidé unanimement de réagir pour sauver les classes et les écoles rurales. “Nous sommes arrivés à un seuil d’encadrement en dessous duquel les chances de développement de nos territoires seront remises en cause”, martèle-t-il. Ce vendredi, son bureau s’est réuni à Polminhac pour faire le point sur les actions conduites et celles à venir. Tout récemment, les maires du Cantal ont décidé de bouder le Conseil départemental de l’éducation nationale. Cette instance à qui on demande son avis sur la carte scolaire a désapprouvé le projet par onze voix contre et trois abstentions.
Quinze postes " à rendre"
Ce qui n’empêchera pas l’Inspection académique de poursuivre sa tâche en supprimant dans le Cantal, comme l’état le lui a demandé, 15 postes dans le primaire, rappelle le maire de Menet, Alexis Monier qui, en qualité d’ancien inspecteur de l’éducation nationale, connaît bien le sujet. “Nous nous sentons méprisés”, reprennent de nombreux élus, à l’image de Francis Boissonnade, maire de Polminhac. “Les services de l’état nous reçoivent par politesse… Mais rien ne change, nous perdons le troisième poste en dix ans, alors que nous ne perdons pas de population.” Marie-Noëlle Roux, maire de Paulhac, rappelle qu’on parle avant tout d’enfants et de leur avenir. “Si on n’est plus en mesure d’accueillir les petits, on ne les aura pas plus grands et tôt ou tard, l’école fermera”, prévient-elle. L’avenir, le maire de Marchastel, Baptiste Emorine, le voit également sombre. “On garde l’école encore pendant un an, mais après ? Des parents dans l’incertitude risquent d’ores et déjà d’inscrire leurs enfants à Condat”, craint-il. À Ferrières-Saint-Mary, Alain Cros, maire, s’inquiète pour l’institutrice qui, en achetant un logement sur place, espérait bien y conclure sa carrière, et pour l’aide maternelle (Atsem) pour laquelle aucune solution n’est trouvée à cette heure. Pourtant, la municipalité croyait en cette école, pour laquelle elle a beaucoup investi. C’est ce qui a attiré les familles des logements locatifs, tous parents d’élèves. Même les grandes villes sont directement ou indirectement touchées. à Saint-Flour, en 1995, on comptait 516 élèves pour 31 postes. Il n’y en a aujourd’hui plus que 26,5 (- 12 %) alors que l’effectif atteint 558 enfants (+ 8 %). Le sénateur-maire Pierre Jarlier confirme que, plus les écoles rurales ferment ou sont menacées, plus les parents sont tentés d’inscrire leurs enfants en ville. “Et comme nous n’avons pas capacité à tous les accueillir, ils les inscriront de plus en plus dans le privé”, ajoute-t-il. Sans compter que, dans tous les cas, les enfants ont de plus en plus de kilomètres à parcourir pour rejoindre une école. “Car l’état gère le problème comme on gère des stocks”, constate amer l’autre sénateur du Cantal, Jacques Mézard. Les élus ne veulent plus entendre parler des indicateurs nationaux (qui donnent le Cantal deuxième département le mieux loti en termes d’encadrement des élèves), faisant valoir des spécificités territoriales que des visions technocratiques ne peuvent pas percevoir. L’AMF espère la mise en place prochaine d’un schéma départemental de l’enseignement concerté, offrant une vision prospective à moyen ou long terme. Et bien sûr, sans maintien de postes à effectif constant, les maires du Cantal affirment haut et fort qu’ils “ne participeront pas à une seule suppression de poste dans le département”.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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