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MÉTÉO
Juillet orageux, août caniculaire

Le printemps 2024 marqué par d'importantes pluies et des températures fraîches sur l'ensemble du pays, laisse désormais la place à un été instable dont les premières prévisions donnent un mois d'août chaud voire caniculaire. Explications.

un thermomètre sur fond de ciel bleu
Les premières prévisions de Météo France pour cet été donnent un mois de juillet encore perturbé mais un mois d'août chaud voire caniculaire au sud de la Loire.
© Freepik

La météo de ces derniers mois a été pour le moins perturbée, non sans causer d'ailleurs quelques désagréments à l'heure des semis de printemps, des ensilages et maintenant des fenaisons. Le temps promet d'être encore particulièrement instable cette semaine avec des alternances entre pluie et soleil. Ce désordre n'est ni l'œuvre de Médard, ni de Barnabé et encore moins de la lune mais d'une perturbation des masses d'air à l'échelle synoptique(1) sur l'Atlantique nord. Le dérèglement climatique n'est bien sûr pas étranger à ce phénomène comme à d'autres dans le monde dont les effets pourraient toucher jusqu'à l'Europe. Explications avec Emmanuel Buisson, Docteur en physique de l’atmosphère et directeur Recherche et Innovation à Weather Measures et Weenat.

 

L'anticyclone des Açores a oublié l'Europe

 

L'abondance de pluies et le manque d'ensoleillement de ces dernières semaines résultent d'une position très basse de l'anticyclone des Açores qui, habituellement, protège le continent européen des dépressions. 


L'abondance de pluies et le manque d'ensoleillement de ces dernières semaines résultent d'une position très basse de l'anticyclone des Açores qui, habituellement, protège le continent européen des dépressions. « Il agit comme un gros coussin de masses d'air. Sa position va permettre aux anticyclones du Groenland et de Sibérie de descendre en hiver et d'apporter de l'air froid mais de repousser la pluie qui vient de l'Atlantique nord » explique Emmanuel Buisson. C'est notamment ce qui s'est produit en 2022 et 2023, deux années très sèches. Depuis novembre 2023 en revanche, les conditions se sont modifiées. « L'anticyclone des Açores nous a un peu oubliés. Les anticyclones du Groenland et de Sibérie ne sont pas descendus. Ils sont restés assez haut ouvrant la fenêtre aux dépressions côté ouest. » La situation s'est ensuite élargie puisque dès le mois de mai, les dépressions ont continué de descendre et de s'étendre sur le pays. Le pourtour méditerranéen très sec jusqu'alors bénéficie désormais de pluies. « Les derniers relevés du BRGM donnent de très bons niveaux des nappes phréatiques en France sauf, encore, sur l'ouest du golfe du lion. »

 


El Niño a-t-il un effet ?

« En 2023, El Niño succédait à trois années de La Niña (un phénomène observé seulement trois fois depuis le début des relevés météo) et là, en moins d'un an, il va encore lui laisser la place. »

Le phénomène climatique El Niño, dans le Pacifique Sud, influence le climat planétaire. Il se caractérise par des températures anormalement élevées de l'eau dans la partie est de l'océan. Le thermomètre rentre alors en ébullition ; les canicules se multiplient dans le monde. « Nous savons qu'il y a des effets sur le climat européen mais sans pouvoir les identifier clairement. » Au cours de l'été 2024, son pendant, La Niña (températures très basses de l'eau de l'océan) va s'installer. « C'est un phénomène inédit. En 2023, El Niño succédait à trois années de La Niña (un phénomène observé seulement trois fois depuis le début des relevés météo) et là, en moins d'un an, il va encore lui laisser la place. C'est clairement la marque du dérèglement climatique. » En 40 ans, la température moyenne mondiale a augmenté de 1,5°C. Dans les 20 prochaines années, elle devrait s'élever encore d'autant. Les conséquences sont nombreuses notamment au niveau des masses d'air qui soumises à des écarts de plus en plus importants, évoluent désormais à une vitesse vertigineuse et deviennent instables. 

« Tout bouge très vite c'est pour cette raison que les prévisions météo, au-delà de trois à cinq jours, perdent considérablement en fiabilité. »

 


Un mois de juin particulier


Le mois de juin est en passe de se terminer et sans surprise il sera en termes de températures en de ça de la normale trentennale. « Il est moins mauvais que juin 2016 où la luminosité avait fait cruellement défaut au moment des stades phénologiques les plus importants sur les céréales. » Il n'est pas toutefois sans avoir occasionné une pression maladie importante (lire aussi Forte pression des maladies et durcissement des seuils limites de mycotoxine). Emmanuel Buisson met en garde également sur le développement racinaire des cultures de printemps qui n'ont pas eu à aller chercher l'eau en profondeur. « Si les prévisions de Météo France pour l'été se confirment (à savoir chaud voire caniculaire au sud de la Loire) ces cultures risquent de pâtir parce que leurs racines auront été développées en surface du fait de l'abondance d'humidité au semis. Elles n'iront pas chercher l'eau présente en profondeur. » Cette campagne s'annonce-t-elle similaire à celle de 2016 ? La réponse après les moissons.
 

1. L’échelle synoptique est la dimension des phénomènes météorologiques ou océanographiques qui s'étendent sur une vaste portion de la surface de la planète Terre.

Lire aussi -> Mauvaise météo : l’apiculture fait grise mine

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