« Je conseille vivement aux agriculteurs de s’équiper d’extincteurs »
Partout dans le Puy-de-Dôme, il ne se passe pas un jour sans feux de broussailles ou de sous-bois depuis le début du mois de juillet. Bilan et prévention avec le Colonel Christian Rodier du SDIS.
15 hectares de forêt près de Thiers ont été la proie des flammes. Depuis le début du mois de juillet, les incendies sont devenus courants et particulièrement dans les chaumes. Entre accident ou acte de malveillance, les causes sont nombreuses. Le Colonel Christian Rodier du Service Départemental d’Incendie et de Secours du Puy-de-Dôme fait un bilan de la situation et rappelle les règles de bon sens.
Combien de départs de feux ont été enregistrés et d’hectares brûlés depuis le début du mois ?
« Nous avons dénombré plus de 150 départs d’incendie pour feux de végétaux ou de forêts depuis le 1er juillet. Actuellement, près d'une centaine d'hectare au total a été brulée. Les opérations majeures ont été localisées à Moirat avec six hectares de brûlés, St-Quintin avec huit hectares dont deux en sous bois, Lempdes avec cinq hectares, Charbonnier-les-Mines avec dix hectares, sur les hauts de Clermont-Ferrand avec cinq hectares et Thiers avec, à ce jour, 15 hectares. Tout le département est donc concerné. »
Quels conseils donnez-vous aux agriculteurs pour limiter les départs de feux ?
« Les agriculteurs sont, je pense, bien plus sensibles aux risques incendie mais il est toujours bon de rappeler de ne pas fumer en forêt ou dans les zones herbagères, éviter bien sûr de jeter sa cigarette par la fenêtre de sa voiture, ne pas laisser de bouteilles vides ou de détritus sur le sol et laisser le libre accès aux chemins forestiers. Autour de sa maison ou de ses bâtiments agricoles, il faut tenir les parcelles et les chemins d’accès débroussaillés et éviter d’avoir un stock de bois à proximité. Dans la mesure du possible, les agriculteurs doivent également éviter certains travaux non urgents qui pourraient créer des étincelles et déclencher un feu. Je ne saurais que trop conseiller aux agriculteurs d’avoir dans leurs tracteurs et autres machines agricoles, un extincteur ou une réserve d’eau afin d’intervenir sur les premières flammes.»
En cas d’incendie quel comportement doit-être adopté ? Certains agriculteurs ont travaillé le sol sur les pourtours d’un incendie pour tenter de le contenir, est-ce efficace ?
« Cette disposition peut s’entendre en l’absence de vent. Cela évite la continuité végétale et donc limite la propagation. Attention toutefois, le vent permet l’emport de brindilles enflammées et ce dispositif n’est pas suffisant pour éviter la propagation.
Il faut avant tout contacter les secours (18 ou 112) en précisant la nature du feu (récolte sur pied, chaume…), les risques à proximité (bois, habitations…), les réserves d’eau (poteaux incendie, réserve naturelle…) et la localisation la plus exacte possible (commune, lieu dit…). Il faut surtout s’éloigner de la zone et attendre l’arrivée des secours. »
Le niveau de vigilance des incendies a été relevé, qu’est-ce que cela signifie ?
« Nous disposons d’une carte Indice Feu Météo (IFM) mise à jour par Météo France qui permet d’identifier le risque sur la France avec un focus par département. Tous les matins nous recensons les moyens d’intervention propres à ce type de risque. Camions citerne forestiers (CCF) disposant de 2 tonnes d’eau et capable de franchir des obstacles, et les personnels prompts à les armer. De même, cette démarche est identique pour les officiers responsables des opérations de secours. Dès lors les personnels peuvent être alertés et envoyés sur le terrain. Nous établissons donc une réponse quotidienne au vu de notre répartition des moyens au niveau départemental. A ce jour, nous n’avons pas souhaité mettre en œuvre de dispositif préventif sur le terrain du fait du maillage des centres d’incendie et de secours internes au Puy de Dôme (190) qui permettent d’intervenir rapidement. Nous bénéficions aussi de l’appui de l’hélicoptère de la Sécurité civile, permettant des reconnaissances aériennes pour définir le contour du feu et les méthodes d’interventions les plus adaptées. »
Le département est donc suffisamment équipé en matériels et en hommes pour lutter contre les incendies ?
« Le SDIS 63 est effectivement à ce jour suffisamment équipé en matériels et moyens humains. Nous disposons de plus d’une quarantaine de camions citerne forestiers que nous pouvons compléter par des camions citerne ruraux (CCR) qui disposent de plus d’eau et d’une capacité hors route. De même nous avons l’appui des fourgons d’incendie qui eux ne peuvent se déplacer que sur route mais soutiennent la protection des points sensibles (notamment les habitations). »