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Irriguer : un moyen de sécuriser sa production

Bien que limitée à 0,1 % de la SAU cantalienne, l’irrigation peut servir d’assurance rendement pour les exploitations au système fourrager tendu.

Jean-Marc Brunhes, à droite, a témoigné de son expérience lors de la journée organisée par le GVA de Lafeuillade-Montsalvy,
l’association des irrigants du Cantal et la SA-TPA.
Jean-Marc Brunhes, à droite, a témoigné de son expérience lors de la journée organisée par le GVA de Lafeuillade-Montsalvy,
l’association des irrigants du Cantal et la SA-TPA.
© P.O.

Drôle de temps pour parler irrigation, ce 10 juillet au moulin de Nadal (commune de Leu- camp). Au bord de l’étang deJean-Marc Brunhes, les bottes sont de rigueur tant le sol est détrempé par les pluies abondantes de ce début juillet. N’empêche, même dans un département réputé vert, le sujet intéresse, comme en atteste la trentaine d’éleveurs présents, bien conscients que la fréquence des sécheresses printanières ou estivales tend ici aussi à se rapprocher. C’est aussi ce constat qui a poussé Jean-Marc Brunhes à planifier la construction d’un étang d’irrigation.Installé il y a un peu plus de 25 ans en production laitière, avec un quota initial de 250 000 litres, ce producteur a peu à peu intensifié sa structure pour atteindre 500 000 litres sans accroître ses surfaces (45 ha). “Les débuts de l’irrigation remontent à mon père, en 1983, a-t-il expliqué lors de cette journée co-organisée par le GVA de Lafeuillade-Montsalvy, l’association des irrigants du Cantal avec l’appui de la SA-TPA. On pompait au début dans la rivière en sollicitant chaque année des demandes de prélèvement mais ça devenait de plus en plus délicat. Aussi, pour avoir l’assurance d’une récolte de maïs(1) à la hauteur espérée, plutôt que d’aller courir du terrain, j’ai eu l’idée de cet étang.”


Les séquelles de 2003


La sécheresse de 2003 est aussi passée par là : “Je l’ai vécue difficilement, j’avais dû acheter du maïs, le mien même irrigué n’avait fait que 6-7 T/ha contre l’objectif de 15-16 T.” L’éleveurde Leucamp entame ses démarches en 2008, il prend contact avec la DDT pour une demande préalable. S’enchaîne une procédure assez lourde avec l’obligation d’une étude de sol, d’une étude d’impact sur le milieu aquatique, l’élaboration des plans et des caractéristiques de l’ouvrage d’une capacité de 12 000 m3. Ce dernier est alimenté par une source et l’eau de pluie (et à terme de l’eau recueillie sur les toitures des bâtiments de l’élevage). Implanté sur un terrain tourbeux et argileux, sa construction a nécessité  de  déplacer 6 200 m3 de terre issue du décaissement du site d’un futur bâtiment de l’exploitation. Sur les conseils de la SA-TPA, maître d’œuvre, l’étanchéité de l’étang est assurée par une géo- membrane, préférée à l’argile en raison du risque de fissure de cette dernière, et la gestion du trop-plein se fait par un système de siphonnage. Initiée en septembre 2013, la mise en eau de l’étang a débuté en mars pour une durée d’un mois. Coût total de l’ouvrage, études comprises : 94 000 eurso, sans aide. En effet, les seuls investissements éligibles aux aides de l’agence de l’eau Adour-Garonne sont aujourd’hui ceux portant sur la construction d’ouvrages collectifs en substitution à des prélèvements en rivière(2).Dans ces conditions, la création d’un étang d’irrigation est-elle rentable dans le Cantal, un département qui ne compte qu’une petite centaine d’irrigants pour 520 ha arrosés (quasiment exclusivement du maïs ensilage), soit 0,1 % de la SAU totale,principalement en Châtaigneraie etsur le bassin d’Aurillac ?


Rentable pour les laitiers


“C’est à raisonner au cas par cas”, répond Vincent Nigou, en charge du dossier irrigation à la Chambre d’agriculture. Selon une étude réalisée auprès d’agriculteurs irrigants par une élève ingénieure, en système lait, l’irrigation joue efficacement un rôlede sécurisation en année sèche, à partir d’une fréquence de sécheresse d’un an sur quatre, notamment dans le cas de retenues déconnectées des cours d’eau, donc non concernées par d’éventuelles mesures de restrictions de pompage. “En système viande, la situation est plus contrastée car ces élevages ont souvent une faible superficie en maïs et dans ce cas, il est parfois plus avantageux d’a- cheter du fourrage”, souligne l’ingénieur de la Chambre d’agriculture. Autre enseignement de simulations réalisées sur des cas-types du réseau Références, l’irrigation permet une intensification de la production sans agrandissement avec une amélioration du revenu pouvant atteindre 15 à 20 % en élevages laitiers. En bovins viande, pour les mêmes raisons que précédemment, l’effet n’est pas aussi net, même avec une orientation vers l’engraissement. “Dans tous les cas, nous disposons d’outils de simulation pour évaluer l’impact sur le revenu mais aussi sur le travail car la question de la main d’œuvre n’est  pas  négligeable  en matière d’irrigation”, complète Vincent  Nigou.


(1) Maïs qui constitue les deux tiers de l’alimentation de ses laitières.

(2) Taux d’aides : de 35 à 70 %.

 

Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.

Droits de reproduction et de diffusion réservés.

 

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