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Irriguer ou "comment donner un coup de pouce à Dame nature ?"

Puisque rien ne pousse sans eau et que la pluie ne tombe pas forcément au moment où  les cultures en ont le plus besoin, des agriculteurs irriguent le maïs ou les légumes plein-champs.  

Enrouleurs des irrigants du Cantal
Du matériel en commun, à la Cuma de l’Eau vive, qui renouvelle son parc d’enrouleurs. 
© Renaud Saint-André

Tentant en raison de sécheresses qui se multiplient. Pourtant,  ils sont encore peu nombreux, les agriculteurs du Cantal, à se  lancer dans l’irrigation. D’une part en raison d’investissements non-négligeables, d’autre part en raison d’une pratique très encadrée sur le plan environnemental, enfin parce que c’est une somme de travail supplémentaire. Moins d’une centaine d’exploitations y a recourt ; environ un quart d’entre eux adhérent à l’association départementale des irriguants. Mardi 26 mars, celle-ci tenait son assemblée générale animée par Vincent Nigou et présidée par Chantal Cor, à la Cuma de l’Eau vive dont le siège est à Maurs(1).     

Faut-il arroser les prairies ? 

Si les maïs et le maraîchage sont les deux principales cultures auxquelles on pense spontanément(2), se pose de manière récurrente la question de l’arrosage des prairies. À ce sujet, le technicien Marc Peilleron a expliqué qu’en Haute-Maurienne “un peu d’irrigation permettait de gagner 2 tonnes par hectare sur prairie naturelle, le double parfois sur des prairies temporaires”. De quoi susciter l’intérêt d’une petite expérimentation dans le Cantal. Du côté de Marmanhac, à 615 mètres d’altitude, des arrosages en micro-placettes de quelques mètres-carrés sur une vieille prairie “bien fatiguée” ont été  prodigués à raison de 30 mm le 8 août et 30 mm le 11 septembre. 

Résultat... très décevant. Un équivalent de 200 kg de matière sèche par hectare. Insignifiant. “Peut-être faut-il persévérer sur plusieurs années ?”, s’interroge Marc Peilleron qui lance plutôt l’idée d’un test un peu plus conséquent, avec du matériel adéquat, sur au moins la longueur d’un canon. Reste à trouver un/des volontaire(s) prêt(s) à réserver pour cette expérimentation un peu de volume d’eau, même en cas de grande sécheresse. Le technicien s’engage à ensuite à communiquer des résultats après prélèvement de la biomasse et également en termes de valeur alimentaire. À mettre également en relation avec un éleveur de Moussages qui pratique déjà l’irrigation de prairies.

Aides et contraintes

Le deuxième temps de l’assemblée était consacré aux points d’actualité. Vincent Nigou a présenté quelques nouveautés, notamment relatives aux arrêtés cadres (qui définissent la répartition des volumes d’eau destinés à l’irrigation) qui changent de périmètres : non plus par département mais par bassin versant. Pas forcément une bonne nouvelle, en raison d’une “harmonisation par le bas” et de nouveaux critères “parfois assez incompréhensibles” pour des prises de décisions, comme la température de l’eau. 

En outre, actuellement des agents contrôlent si les plans d’eau sont ou non connectés à un cours d’eau. Un point qui peut porter à interprétation, notamment en période de pluies abondantes. Néanmoins et par précaution, il est conseillé aux agriculteurs de prévoir des retenues qui soient au moins déconnectables l’été. Vincent Nigou poursuivait sur les aides accordées à l’irrigation. Le Feader européen, versé par la Région, propose un premier volet pour l’amélioration de la zone déjà irriguée (économie d’eau, retenues de substitution, etc.) et un second pour la création de nouveaux périmètres (à l’exception du matériel d’arrosage proprement dit), avec un taux d’aide pouvant aller jusqu’à 40% des investissements compris entre 5000 et 200000€ (et bonifié pour les nouveaux installés ou cas d’installation collective). 

L’État propose également un soutien jusqu’à 80%, mais le dossier d’au moins 100000€ doit être monté avant le 15 mai 2024, concerner la modernisation du prélèvement, la création ou l’extension de réserves et/ou les économies d’eau et sa réutilisation.    

(1) Présidée par Rémi Lacalmontie, elle compte neuf adhérents qui se partagent quatre enrouleurs, une bineuse, un séchoir à maïs et un  réseau fonctionnel. De quoi traiter 100 000 m3 d’eau pour 81 hectares de maïs et abreuver 500 à 600 vaches.   

(2) L’association dispose de deux sondes capacitives qui s’enfoncent à 60 cm dans le sol pour mesurer l’humidité et la température tous les 10 cm. Les relevés 2024 le seront dans une parcelle de maïs au Gaec du Printemps à Maurs et pour du maraîchage chez Florian Itier à  Massiac. 

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