Interview : L'ensemble des filières placées sous surveillance
Les agriculteurs maintiennent la pression. Le président de la FDSEA s'explique.
le prix du lait» : Yannick Fialip.
Le 22 juillet, le gouvernement annonçait un plan d'urgence de 600 millions d'euros pour l'élevage en crise. Suite à ces annonces, la FDSEA et les JA ont décidé de poursuivre leur mobilisation par des actions de blocages durant toute la journée du 23 juillet. Pour quelles raisons ?
Yannick Fialip : La première réponse du gouvernement n'était pas adaptée à notre demande. Nous réclamions des prix rémunérateurs et on nous a répondu en nous proposant des aides conjoncturelles pour les élevages en difficultés. Nous avons poursuivi les actions en durcissant le ton pour que l'ensemble de la filière, les pouvoirs publics et les consommateurs comprennent que l'on a besoin de prix.
Et votre mobilisation a été entendue...
Yannick Fialip : On a obtenu un début de réponse avec un accord sur le prix du lait suite à la table ronde réunissant l'ensemble des acteurs de la filière laitière. Toutes les actions musclées que l'on a conduites la semaine dernière ont fait reculer le gouvernement et ont fait comprendre à l'ensemble de la filière que les éleveurs avaient besoin de prix rémunérateurs. L'accord signé le 24 juillet vise à augmenter de 10% le prix du lait sur les 6 prochains mois ; un prix qui devrait se stabiliser autour de 340e/T durant cette période. Cet accord sera appliqué dès le mois d'août.
Dans quel état d'esprit se trouve désormais la FDSEA ?
Yannick Fialip : Nous allons être très attentifs à l'application de cet accord. Tout opérateur qui remettra en cause les termes de cet accord subira des actions très fortes de la part des producteurs. Et pour maintenir la pression et faire en sorte que cet accord soit respecté par tous, nous envisageons le retour à des actions syndicales dans le courant de l'été. Nous allons mettre sous surveillance l'ensemble de la filière lait.
On continuera aussi à mettre la pression sur la grande distribution pour l'empêcher de vendre du lait étranger à bas prix.
On ne lâchera pas non plus les pouvoirs publics afin de leur faire comprendre que rien n'est réglé et que les producteurs sont toujours mobilisés pour obtenir gain de cause sur la rémunération de leurs produits.
Et concernant les autres productions, où en sommes-nous ?
Yannick Fialip : Pour la viande, des engagements ont été pris et doivent être respectés. Pour la viande porcine, on commence à s'approcher d'un prix d'équilibre mais c'est encore insuffisant car ils ne rémunèrent pas l'éleveur ; il faut donc continuer la bataille.
Le plan d'aide va arriver dans les départements, il s'agit certes d'une aide à court terme mais il apportera des réponses aux éleveurs en difficultés. Nous allons suivre de près sa mise en oeuvre et l'on demande que les organismes concernés (banques et MSA) de notre département participent à une table ronde avec le Préfet et la profession pour examiner au cas par cas la situation des éleveurs en difficultés.
Nous lançons un appel à tous les organismes agricoles (coopératives, centre d'insémination, centre de gestion...) pour qu'ils fassent, cette année, un geste (sur les prestations par exemple) en faveur des éleveurs.
Après cette forte mobilisation médiatique, qui se poursuivra dans les semaines qui viennent, nous espérons que nous allons basculer dans un cycle de hausse des prix payés à la production.
Propos recueillis par Véronique Gruber