Inondations de janvier : un phénomène qui n’a “rien d’exceptionnel”
Chargée de retracer et suivre les risques naturels dans le Cantal, notamment les inondations, la DDT assure que les crues de début janvier n’ont rien d’extraordinaire.

Le terrain de rugby de Saint-Simon transformé... en bassin de water-polo, des parcelles inondées par la crue de la Cère en terrain de jeu pour ski nautique, des stabulations de la vallée de l’Alagnon les pieds dans l’eau, des routes coupées provisoirement,... : des images et vidéos de crues et inondations qui ont marqué ce début d’année 2018 pour le moins arrosé avec une succession de vigilances jaunes pour le Cantal et nombre de départements voisins. Selon Météo-France, entre le 1er et le 14 janvier, il est ainsi tombé 2,5 à 3 fois les précipitations(1) d’un mois complet de janvier. Rien à voir pourtant avec les crues de 1822 ou 1866 restées dans les annales comme le relève Séverine Lagarrigue, en charge des risques naturels au sein du service Environnement de la Direction départementale des territoires (DDT). “On est sur une crue courante hivernale, à peine décennale, qui n’a donc rien de vraiment exceptionnel”, affirme contre toute attente cette dernière. Des crues comme on en constate tous les cinq-dix ans pour la Cère, tous les dix ans environ pour la Jordanne et l’Alagnon.
Crues : un risque oublié de la mémoire collective
“Sauf qu’on n’a pas eu d’hiver digne de ce nom depuis longtemps et qu’on a perdu cette mémoire. Les gens sont donc surpris et ont l’impression d’évènements exceptionnels”, explique celle qui remonte le temps à la recherche de traces et données sur les deux principaux risques naturels auxquels le Cantal est exposé, à savoir les inondations et les mouvements de terrain. “On a des écrits qui datent du XI-XIIe siècle sur des inondations, mais surtout à partir du XIXe siècle avec notamment la crue de 1822 de la Véronne et de la Jordanne”, explique Séverine Lagarrigue, qui sonde ainsi les archives départementales mais aussi une matière première plus contemporaine : des articles de presse, photos, témoignages publiés ou désormais postés sur les réseaux sociaux, données des pompiers, du PGM (Peloton de gendarmerie en montagne) de Murat... Des informations que son service se doit de qualifier “pour savoir s’il s’agit d’une occurrence décennale, cinquantenale, centenale...” Ce travail d’historien des risques naturels permet d’alimenter une base de données départementale et de mettre à jour tous les cinq ans le DDRM, le dossier départemental des risques majeurs du Cantal, un outil d’information préventive. Cette petite équipe de la DDT contribue elle aussi à laisser des témoins de ces évènements en pausant des repères de crue. “Tout cela participe à la culture du risque, une culture qu’on n’a pas dans des départements comme le nôtre car on n’a pas d’épisodes réguliers, comme les épisodes cévenols dans le Sud par exemple”, analyse la chargée d’études de la DDT.
(1) Parmi les valeurs remarquables relevées par Météo-France : 56 mm au Lioran le 1er janvier, 57 mm à Marcenat le 3 janvier, 48 mm à Deux-Verges le 8 janvier.
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