Innov'Action
Innover pour optimiser l'eau dans les exploitations agricoles
Le 1er octobre, les techniques innovantes qui permettent aux exploitations d'être plus autonomes en eau étaient
en démonstration, au Gaec de l’Aérodrome, à l'occasion de la journée Innov'Action.
Le 1er octobre, les techniques innovantes qui permettent aux exploitations d'être plus autonomes en eau étaient
en démonstration, au Gaec de l’Aérodrome, à l'occasion de la journée Innov'Action.
Alors que le changement climatique se fait sentir depuis déjà quelques années en Haute-Loire, la Chambre d'agriculture teste et met en œuvre des solutions techniques avec le concours d'exploitations agricoles, à l'image du Gaec de l'Aérodrome à Chaspuzac. C'est sur cette exploitation que la journée Innov'Action s'est déroulée le 1er octobre en présence d'un public de jeunes du lycée agricole de Bonnefont et d'agriculteurs ; la mauvaise météo annoncée pour le week-end avait toutefois retenu bon nombre d'agriculteurs sur leur chantier d'ensilage...
Cette journée d'échanges autour des pratiques innovantes a démarré par des interventions théoriques et s'est poursuivie sur les parcelles de l'exploitation avec deux ateliers.
Dégradation du bilan hydrique
Le conseiller Mathias Déroulède est intervenu sur l'impact du changement climatique sur les productions végétales en Haute-Loire entre 2000 et 2050. Ce dernier a synthétisé les principaux enseignements du projet AP3C conduit depuis 2015 dans le Massif-Central : "On prévoit un réchauffement plus rapide en hiver et au début du printemps ainsi que des orages plus fréquents en été. Des précipitations qui restent stables sur l'année et une augmentation de l'évapo-transpiration (ETP) qui accroît le risque de sécheresse. Le bilan hydrique se dégrade et en particulier au printemps et on note un risque de gelées tardives au printemps". Face à ces perspectives d'évolution, le conseiller a listé plusieurs pistes d'adaptation pour les exploitations : diversifier l'assolement en introduisant des prairies plus tardives, des couverts d'automne et des cultures plus résistantes à la sécheresse ; allonger la saison du pâturage ; planter des haies pour leur impact bénéfique sur le micro-climat et optimiser la ressource en eau par des points d'abreuvement ou des retenues collinaires.
Compensation carbone
Une autre voie complémentaire est préconisée pour atténuer ce changement climatique : il s'agit de l'approche carbone et environnementale de l'élevage présentée par le conseiller Claude Roche. Après avoir rappelé la contribution de l'agriculture (à hauteur de 17% dont 60% proviennent de l'élevage) dans l'émission de gaz à effet de serre, le conseiller a évoqué la compensation carbone grâce à l'effet stockage de carbone par l'herbe des prairies. "Une prairie naturelle stocke 560 kg de carbone/ha/an, une prairie en rotation en stocke 80 kg et une haie en stocke 125 kg/100m linéaire de haie" indique-t-il en présentant l'outil Cap'2ER qui permet d'évaluer les impacts environnementaux des pratiques agricoles et débouche sur l'identification de leviers d'actions en vue d'une optimisation du système de production.
Les haies jouent également un rôle important dans l'adaptation des exploitations agricoles aux évolutions climatiques. Comme l'a rappelé Stéphane Hekimian technicien à Mission Haies Auvergne, les haies sont de véritables alliées pour les agriculteurs. Elles permettent d'améliorer le rendement en limitant l'ETP, protègent les bâtiments et les troupeaux et ainsi améliorent leur production, limitent la pullulation des rats taupiers, retiennent les sols et maintiennent leur fertilité... La biomasse des haies pourra par ailleurs être valorisée sous forme de bois déchiquetés utilisables en bois énergie ou comme litière.
Les pistes d'adaptation
Deux ateliers ont ensuite permis aux visiteurs de découvrir plus concrètement les pistes d'adaptation au changement climatique proposées par la chambre d'agriculture. L’un s'intéressait aux haies et à leur entretien au moyen d'outil spécifique tel qu'une cisaille d'élagage en démonstration ce jour-là (avec le réseau Cuma de Haute-Loire) sur une rangée de frênes. Les retenues collinaires et les systèmes d'économie d'eau dans les bâtiments étaient aussi à découvrir dans ce premier atelier. "L'un des leviers pour sécuriser le système fourrager des exploitations est l'irrigation raisonnée en utilisant la retenue collinaire ; cette dernière va permettre de stocker l'eau en période où elle est excédentaire pour la réutiliser en période de déficit d'eau. Toutefois, tous les sites ne se prêtent pas à l'installation de ce type d'ouvrage qui doit être installé dans le respect des dispositifs réglementaires en vigueur" explique le conseiller Émilien Delaigue qui signale qu'un protocole de création de retenues collinaires est en cours de ratification dans notre département.
L’autre atelier était centré sur l'agriculture de conservation et les couverts végétaux ainsi que le désherbage mécanique sur couvert végétal. Concernant le thème de l'agriculture de conservation, il s'agissait de "remettre l’agronomie au centre des intérêts en prenant en compte le sol. Face aux aléas climatiques, les agriculteurs doivent pouvoir compter sur un sol bien calibré et qui se présente comme un bon réservoir fonctionnel" indique la conseillère Patricia Tyssandier. Et pour obtenir un sol de qualité et bien structuré, "le travail du sol, l'implantation des couverts végétaux, la rotation des cultures, la diversification des cultures ont aujourd'hui un intérêt primordial". Un atelier de profil cultural a été ouvert pour montrer le fonctionnement physique et biologique des sols, allant jusqu'à la fertilité chimique. Cet atelier s'appuie sur un travail engagé avec le groupe Dephy associé à des producteurs de lentilles qui travaillent sur la technique du semis-direct sous couverts.
Enfin, Bernard Daudet et Joël Batonnet sont intervenus sur le désherbage mécanique. À partir des dernières expérimentations conduites sur les cultures du département (céréales, maïs fourrage et lentille), ils ont présenté les résultats d’efficacité des différents outils sur les adventices. Deux herses étrilles étaient en démonstration pour expliquer leurs utilisations et réglages.