Limagrain
« Innover, c’est être compétitif et répondre aux défis agricoles du 21ème siècle »
Interview de Jean-Yves Foucault, président du groupe Limagrain.
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Pac, pression environnementale, enjeux agricoles, compétitivité… quel est votre avis sur ces différents sujets qui bousculent aujourd’hui l’agriculture ?
Jean-Yves Foucault : La Politique agricole commune est un sujet qui intéresse bien évidemment tous les agriculteurs. En revanche, ce n’est pas un sujet central pour le groupe Limagrain. C’est un élément parmi d’autres dont on doit tenir compte mais qui n’entre pas dans la stratégie de l’entreprise.
Non, je crois que le plus inquiétant n’est pas la réforme de la PAC mais toutes les contraintes qui se profilent à l’horizon. Nous évoluons dans un contexte réglementaire européen et français de plus en plus complexe, qui bouge constamment et dans lequel on a du mal à s’adapter. L’absence de lien entre agriculture et économie est inquiétante. Dans d’au-tres pays, on aide les agriculteurs à être compétitifs, nous en Europe, on conditionne l’aide à des contraintes environnementales. Ça n’a pas de sens ! Et pourtant, dans cet environnement mouvant, il faut être capable de répondre en termes de production, de marge et de compé- titivité. C’est là notre vrai job aujourd’hui : apporter des solutions aux adhérents.
De quelle manière ?
J-Y F. : En sécurisant leurs exploitations agricoles. C’est tout le sens de l’action de Limagrain et de ses recherches dont l’ambition est d’apporter, avec responsabilité, des solutions innovantes et durables face aux enjeux agricoles et alimentaires internationaux. En 2050, la population mondiale approchera des dix milliards d’habitants, l’agriculture européenne aura donc un rôle primordial à jouer pour augmenter sa production et proposer des produits sains et sûrs tout en restant dans la course. Produire plus avec moins pour produire mieux, passe en grande partie par l’innovation. C’est pourquoi nous misons depuis toujours sur un effort soutenu de recherche en lien avec des partenaires privés et publics. Et c’est par le biais de la recherche et de l’innovation que nous aidons ainsi les agriculteurs à être pertinents économiquement, tout en protégeant l’environnement. Pour mémoire, en 2012 nous avons mobilisé 14% de notre chiffre d’affaires professionnel dans le budget recherche, soit 205 M€ sur une centaine de sites de recherche.
Entre l’Auvergne et l’international, comment la coopérative maintient-elle un équilibre ?
J-Y F. : Nos racines sont en Auvergne et plus que jamais ! Notre implantation prochaine sur notre nouveau siège est un vrai engagement politique, un symbole fort qui marque notre attachement à la région. Nous avons investi près de 100 millions d’euros en 3 ans dans le nouveau site qui va accueillir très prochainement des salariés du groupe venant de Paris et des emplois nouvellement créés.
Il existe aujourd’hui une vraie implication dans la relation avec la région et le souhait de la faire progresser au profit des uns et des autres. Notre engagement auprès de l’ASM, notre partenariat avec l’INRA, montrent notre implication en tant qu’acteur de l’attractivité de la région.
Pour autant, nous poursuivons notre développement dans le monde. Limagrain est aujour-d’hui un groupe coopératif international, présent dans près de 40 pays. Cette stratégie nous permet de trouver de nouvelles voies de valorisation pour nos savoir-faire et de nouveaux marchés pour nos variétés. Notre dernière acquisition est une société potagère située en Californie. Elle s’inscrit dans une opération de consolidation sur une zone où nous n’étions pas présents. Notre logique à l’international est d’une part, d’accéder à un maximum de variétés en élargissant la palette de ressources et, d’autre part, d’adapter le produit à la zone, au pays.
L’internationalisation est une nécessité pour la solidité du Groupe et une solution pour élargir le champ des possibles aux biotechnologies.
Où en est l’activité élevage du Groupe ?
J-Y F. : Nous avons une activité de distribution mais nous ne sommes pas, et nous ne serons pas leader dans ce domaine. Nous sommes à l’écoute des éleveurs pour les accompagner.
L’alimentation animale n’est pas notre cœur de métier, mais s’il y a des projets qui ont du sens en face de nous, on appuiera, on les accompagnera.
Je pense surtout que l’élevage a un besoin impératif de faire naître des filières et d’avoir un leader.