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« Il ne faut jamais croire qu'il n'y a pas de solution »

Christiane Lambert, présidente de Vivea

© Actuagri

Avec les crises qui s'accumulent, certains agriculteurs envisagent d'arrêter le métier. Pour les aider à se reconvertir, Vivea va consacrer 5 millions d'euros (2,5 millions en 2016, 2,5 millions en 2017) pour financer les formations, en complément de l'aide publique. Le fonds d'assurance de formation des chefs d'exploitation et d'entreprise agricole a signé le 18 novembre une convention avec le ministère de l'Agriculture et Pôle Emploi, pour collaborer en ce but.

Pourquoi Vivea s'est-il mobilisé pour accompagner cette reconversion ?
Depuis plusieurs mois, Vivea est contacté par des agriculteurs en situation de fragilité ou de très grande difficulté, qui veulent savoir s'ils peuvent bénéficier d'un financement pour se reconvertir. Le 5 août, le ministère de l'Agriculture a émis une circulaire relative à la réinsertion professionnelle instaurant une aide au départ de 3 100 euros, un montant qui a fait bondir la profession ! Le Conseil d'administration de Vivea a décidé de compléter ce dispositif en finançant, dans le cadre du congé formation, des formations pour les agriculteurs rencontrant de grandes difficultés et souhaitant se reconvertir. L'idée est de mettre les agriculteurs en situation de prise de recul, de réfléchir à un projet et de trouver les formations qui correspondent le mieux à leurs compétences. Compte-tenu de leur situation économique, il est important que ces agriculteurs retrouvent vite du travail pour dégager des revenus.

Vers quels types de métiers se dirigent-ils le plus fréquemment ?
Je veux avant tout préciser que majoritairement, les agriculteurs qui arrêtent leur activité retrouvent très vite du travail, car ils ont de nombreuses qualités : sens de l'organisation, capacité d'initiative et d'adaptation, force de travail, poly-compétences... Beaucoup se reconvertissent dans des entreprises de travaux agricoles ou de travaux publics, dans les métiers du bois... Grâce à la connaissance qu'ils ont des robots de traite ou des équipements informatiques, certains vont également travailler dans des usines pour piloter des chaînes automatiques.

En quoi le partenariat avec Pôle Emploi est-il un atout supplémentaire ?
Pôle Emploi a des antennes sur tout le territoire et une excellente connaissance des métiers en tension, à savoir les métiers qui embauchent, et les offres non pourvues localement. Par ailleurs, Pôle Emploi a un savoir-faire dans l'accompagnement des candidats, le conseil en évolution professionnelle et permettra à chaque agriculteur de construire un plan d'action. Ces éléments permettront à l'agriculteur d'être rassuré sur ses capacités et compétences et trouver vers quoi il veut s'orienter. Le dispositif que nous avons mis en place avec le ministère de l'Agriculture, Vivea et Pôle Emploi doit nous permettre d'aller très vite et d'être efficaces. Un agriculteur peut dès aujourd'hui se renseigner auprès de Vivea, de Pôle Emploi, ou auprès des organisations agricoles qui vont être informées des formalités à accomplir.

Qui peut prétendre à ce dispositif ?
Il s'adresse aux agriculteurs dont l'exploitation a été jugée inapte au redressement après avis de la CDOA ou qui sont soumis à une procédure collective de liquidation judiciaire devant le TGI, des personnes à qui il faut absolument donner la possibilité de rebondir. L'objectif est de ne pas les laisser s'isoler, il ne faut jamais croire qu'il n'y a pas de solution. C'est justement un dispositif à la carte pour que chacun l'utilise de façon individualisée. Les agriculteurs peuvent demander soit l'ensemble du dispositif, soit seulement l'aide publique ou seulement celle de Pôle Emploi. Je connais le cas d'un agriculteur qui a retrouvé du travail en 48 h en région Centre ! Dans ce cas, pas besoin du dispositif d'accompagnement, mais pour d'autres il pourra être nécessaire.

Et pour les agriculteurs qui se sentent dépassés mais dont l'exploitation peut continuer, y-a-t-il des mesures ?
Pour les agriculteurs en situation de burn-out, mais dont l'exploitation peut continuer, la MSA a mis en place des formations sur deux jours pour se ressaisir et retrouver des éléments de confiance pour repartir. Le Gouvernement propose aussi une aide, dans le cadre du plan de consolidation annoncé en octobre, pour permettre aux agriculteurs de se faire remplacer. Depuis 2009, Vivea met également en place des formations spécifiques par filière pour revenir aux fondamentaux de gestion. La formation destinée aux grandes cultures est disponible depuis 2016.

Peut-on encore compléter ce dispositif ?
Nous avons contacté « Régions de France » pour que les régions puissent compléter ce dispositif par un revenu d'accompagnement pour les agriculteurs pendant leur temps de formation. Aujourd'hui, une région, les Pays-de-la-Loire, est prête à signer une convention avec VIVEA. Nous souhaitons que d'autres suivent cette initiative.

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