Aquitaine
Il faut revaloriser les retraites agricoles
Une délégation creusoise était présente au meeting de l'Association nationale des retraités agricoles en Dordogne.
Ils jugent leurs retraites « misérables » et ils veulent le faire savoir. Vendredi 20 août dernier à Bergerac, en Dordogne, plus de 2 500 anciens exploitants et exploitantes sont venus de 11 départements pour manifester, à l'appel de l'Association nationale des retraités agricoles de France (Anraf). Ils demandent une revalorisation de leur pension. Parmi les nombreuses délégations présentes, il y en avait une venue de la Creuse, composée de Willy Snakkers, Jacques Roussillat et Pierre Peters. Ils n'auraient manqué ce rendez-vous pour rien au monde, même si les revendications ne sont pas nouvelles : « Nous voulons une pension décente c'est-à-dire 85 % du Smic, ce qui équivaut à 1 000 euros par mois, ainsi que la parité entre les hommes et les femmes », résume Jeanine Delfour, la nouvelle présidente de l'Anraf. Mais en plein débat sur les retraites, les représentants de l'association n'ont toujours pas pu obtenir de réponse concrète de la part du Gouvernement. « Pourtant ce n'est pas faute de l'avoir sollicité », souligne Roger Tréneule, président de l'Anraf de la Dordogne. Il reproche au Gouvernement de ne pas prendre en considération leurs demandes. Plusieurs courriers ont été adressés au Président de la République. Ils sont restés, à ce jour, sans réponses.
Soutien de la FNSEA
Selon les chiffres officiels de la Mutualité sociale agricole, la retraite moyenne actuelle d'un agriculteur s'élève à 400 euros. Un homme touche près de 650 euros ; une femme 350 euros. « Alors qu'en 2007, Nicolas Sarkozy avait qualifié « d'indigne » et « injuste » le montant des retraites agricoles, il avait promis qu'il allait y remédier, mais il n'a pas tenu parole », poursuit Jeanine Delfour.
Sur 1,7 million de retraités agricoles de l'hexagone, seuls 170 000 ont bénéficié d'une augmentation depuis le 1er janvier. En moyenne la hausse a été de 29 centimes d'euros. « C'est totalement dérisoire. La pension d'un retraité reste au-dessous du seuil de pauvreté qui s'élève à 900 euros. C'est inadmissible, complète Roger Tréneule. Ce que nous demandons, c'est l'égalité des retraites avec les autres catégories sociales et la parité des pensions entre les hommes et les femmes. Aujourd'hui il y a une trop grande différence. On ressent de la colère. Nous sommes les moins bien lotis du système français alors que nous avons travaillé pendant presque 50 ans sans regarder le nombre d'heures. Elle est où la récompense ? ». Avec le soutien des syndicats agricoles (FNSEA, Confédération paysanne, etc.) et de la classe politique*, le vice-président du conseil général de la Dordogne, Jean-Pierre Saint-Amand a rappelé les difficultés du monde agricole : « 40 000 exploitants se sont inscrits au Revenu de solidarité active cette année en France. En 2 ans, les revenus des exploitants ont baissé de 50 %. Et 30 % des exploitations sont en liquidation ».
Les retraités agricoles sont bien décidés à faire entendre leur voix dans une rentrée sociale qui risque d'être agitée. « Nous manifesterons encore et encore » prévient Jeanine Delfour. Elle appelle d'ores et déjà à une nouvelle mobilisation syndicale nationale sur les retraites le 7 septembre prochain, jour où le Parlement commencera l'examen du projet de réforme des retraites reculant de 60 à 62 ans l'âge de départ légal.
* On a noté la participation de trois députés de la Dordogne : Pascal Deguilhem, Germinal Peiro et Colette Langlade.