IA et agriculture : pour le meilleur et pour le pire ?
Le pôle de compétitivité Végépolys Valley poursuit ses ambitions de rassembler les entreprises, les centres de recherche et de formation du domaine du végétal autour des projets innovants.
L'intelligence artificielle (IA) a d'abord été un rêve fou d'écrivains futuristes avant de devenir réel sous les codes binaires des programmateurs.
Lors de son assemblée générale le 25 mai dernier à Clermont-Ferrand, le pôle de compétitivité Végépolys Valley n'a pas caché son intérêt pour l'IA. Cette nouvelle technologique pourrait être source de réponses pour les quelque 500 entreprises et centres de recherche adhérents dans leur objectif commun de construire « des agricultures plus compétitives, plus qualitatives et respectueuses de l'environnement » comme le décrit Séverine Darsonville, la présidente.
Décider à la place de... plutôt que d'aider à décider
Plusieurs entreprises adhérentes à Végépolys Valley travaillent depuis plusieurs années à mettre la machine au service de l'Homme, de sorte qu'elle l'accompagne dans ses décisions quand elle ne décide pas elle-même. L'Inrae, dans son unité robotique basée à Clermont-Ferrand, développe des approches algorithmiques pour le fonctionnement de robots agricoles. Ces engins doivent pouvoir faire face à une multitude de situations et savoir intervenir. L'IA, espèrent les chercheurs, va permettre par sa capacité de calcul multifactoriel de développer un fonctionnement autonome des robots, quelle que soit la situation. « L'extrême variabilité des paramètres agronomiques entre un robot et son environnement, à la fois en termes de contrôle et de perception (météo, croissance des plantes...), nous limite dans l'approche de commande par les algorithmes. Nous devons pouvoir adapter en temps réel le comportement du robot en fonction de la situation et des tâches qu'il doit accomplir. L'IA va nous permettre d'avoir accès à ces variables, et modifier les paramètres de commande des robots pour maintenir son comportement » détaille Roland Lenain, directeur de recherche à l'Inrae. Toutefois, le chercheur conscient des problématiques éthiques entourant l'IA ne revendique pas un usage de cette technologie pour un contrôle direct, mais plutôt pour une vérification de haut niveau.
Dans son projet Ortikat, le groupe Zekat, implanté à Angers, oeuvre à dépasser cette contrainte. Luc Jarry et ses équipes souhaitent « proposer des outils d'aide à la décision capables d'offrir la solution à une problématique ». L'entreprise s'appuie ainsi sur de nouveaux boîtiers télématiques, installés sur les engins agricoles. Grâce à l'IA, combinée à la collecte de données via ses boîtiers, le service sera en mesure d'analyser en temps réel le travail de l'outil et de proposer d'autres usages et configurations pour en améliorer l'efficience. « Elle sera également en mesure d'optimiser les processus lors des chantiers de récoltes, sans oublier l'observation des cultures, du sol... ».