Herd book Limousin : une année mitigée de plus
La campagne 2013-2014 n’aura pas été celle de la reprise pour la race Limousine. Réunis en assemblée générale à Lanaud le 4 décembre, les responsables ont fait le bilan d’une année morose. Une de plus.
De conjoncturelles, les difficultés semblent devenir structurelles pour les éleveurs limousins. Baisse des cours, demande de reproducteurs moindre, l’heure n’est pas aux réjouissances. Malgré tout, le nombre d’adhérents du Herd book Limousin s’est maintenu lors de cette dernière campagne. Si les arrêts de contrôle de performances et les cessations d’activité s’élèvent à 62, elles sont presque compensées par l’arrivée de 52 nouveaux adhérents. Une raison d’espérer et de persévérer pour les responsables du Pôle de Lanaud. Le nombre de vaches cotisantes progresse (+2,2 %) preuve de la nécessité toujours présente d’agrandir le cheptel pour maintenir son revenu. La certification mâles et femelles, après un rebond l’an passé, repart à la baisse avec respectivement -6,8 % et -15,8 %. En revanche, la qualification augmente. Sur la campagne écoulée, on compte 12 vaches supplémentaires qualifiées RR et 4 RRE. Parmi les raisons possibles de cette progression, la mise en place du nouvel indice IBOVAL en septembre, qui a conduit à deux indexations dans l’année. 10 mâles supplémentaires ont été qualifiés RRVS et 6 RREVS sur la campagne. Le nombre de veaux qualifiés reste stable. Enfin, les exportations sont en recul avec près de 180 animaux exportés en moins. Les exportations vers les pays de l’Est, Russie en tête, qui avaient fait les beaux jours de 2011 sont encore une fois absentes cette année. Au chapitre des actions menées lors de la campagne, Jean-Marc Alibert, président du Herd Book a rappelé la participation d’une quarantaine d’éleveurs au programme de mesure de l’ouverture pelvienne. Les travaux du futur Limousine Park semblent par ailleurs en bonne voie.
Les perspectives du marché mondial
À l’issue de l’assemblée générale, Philippe Chotteau, responsable du département économie de l’Institut de l’élevage a fait le point sur le marché de la viande bovine mondial. Premier constat au niveau européen, la consommation chute : -14,6 % en six ans. En parallèle, la production décroît elle aussi. Fait nouveau cependant, le cheptel laitier remonte après de nombreuses années de chute. Dans les trois années écoulées, il a gagné 500 000 têtes. En France, la décapitalisation entamée en 2011 se tasse. La production de viande bovine reste inférieure à la demande. La consommation se maintient globalement même si les morceaux à griller et à rôtir reculent au profit du steak haché. La demande mondiale tire le marché et les prix qui semblent redécoller partout sauf en Europe. La Chine est actuellement le premier importateur de viande mondial avec 1 Mtec. La demande est aujourd’hui principalement le fait de pays en voie de développement. Dans les dix ans à venir, la demande est estimée à 9 Mt soit la production actuelle du Brésil. Dès lors, quelle stratégie mettre en place en France ? Éleveurs vieillissants, revenus en berne, controverses sur la viande, difficultés d’investissement quand les marges sont étroites, faible proportion de viande française dans la restauration hors domicile, la situation doit en effet conduire à se poser des questions. L’élevage français a cependant des atouts à mettre en avant : la traçabilité, le soutien apporté par la PAC, la performance de ses abatteurs… des défis vont être à relever d’ici peu. Ainsi, la fin des quotas laitiers pourrait conduire les éleveurs laitiers à se retourner vers l’élevage allaitant. Les négociations commerciales à l’international doivent être suivies de près de même que les attaques récurrentes contre la viande bovine. Des opportunités existent néanmoins avec la progression de la demande en viande des classes moyennes en Asie et dans les pays méditerranéens et avec l’image positive de la gastronomie française.