Garder le cap malgré les embûches
Réunis en conseil en début de semaine, les responsables professionnels du Massif central ont balayé l’actualité de la plupart des filières agricoles constatant une persistance des difficultés. Des actions syndicales pourraient intervenir dès la rentrée.
En lait, le prix payé aux producteurs plafonne à un niveau très bas, mettant en péril le maintien de l’activité laitière sur bon nombre d’exploitation. « Certaines entreprises comme Lactalis encouragent cette spirale à la baisse, en payant le lait 10 à 20 euros de moins les 1 000 l/de lait que ses concurrents », a fustigé Yannick Fialip, président de la section régionale laitière. À ce stade de la crise, un soutien des marchés et une régulation au niveau européen sont indispensables, selon les professionnels. Un besoin de régulation nécessaire aussi dans le secteur de la viande bovine où les cours sont encore à la peine. Si les producteurs attendent beaucoup de la démarche « cœur de gamme » (voir encadré), des opportunités au niveau de l’export sont à saisir. « Les pouvoirs publics français doivent impérativement accélérer les démarches pour enfin obtenir les certificats sanitaires indispensables », a insisté Patrick Bénézit, président de la FRSEA Massif central.
Trop de contraintes
En volailles, les professionnels déplorent les contraintes liées à l’arrêté bio-sécurité. Dans ce cadre, les éleveurs devront non seulement suivre une formation pointue (équivalent du certiphyto) mais aussi encore mettre la main à la poche. « Sur la seule région Auvergne-Rhône-Alpes, la mise en place de la biosécurité va générer un investissement de l’ordre d’une vingtaine de millions d’euros dans les exploitations. On marche sur la tête. Nous avons le sentiment que le rouleau compresseur de la suradministration continue sa course pour mieux pousser les gens à arrêter la production », s’est emporté Jacques Force, président de la section régionale avicole.
Ne pas flancher sur la loi Sapin
De manière transversale, sur la question des prix et des relations entre les différents maillons au sein des filières, Patrick Bénézit a détaillé les avancées obtenues dans le cadre de l’examen de la loi Sapin 2 par les deux assemblées. « À force de travail au niveau de la FNSEA, des amendements positifs ont été adoptés. Nous avons par exemple obtenu que la référence aux coûts de production issus des interprofessions ou à défaut de l’observatoire des prix et des marges apparaissent clairement dans les contrats ». Mais pour les professionnels tant que la loi n’est pas votée, il convient de rester vigilant. « Il ne faut pas sous-estimer les capacités de lobbying dont usent et abusent les industriels et la grande distribution ». Une commission mixte réunissant sept députés, sept sénateurs et les présidents des deux commissions économiques se réunira en septembre prochain pour statuer définitivement sur ce texte de loi.
Retraites agricoles
D’ici là, le maillon production compte bien maintenir la pression et prendre un coup d’avance dans le cadre de la campagne pour les présidentielles de 2017. « Un des chantiers à ouvrir et à soumettre aux candidats, c’est la remise à plat de la loi de modernisation de l’économie (LME) », a insisté Pascal Lerousseau, président de la FDSEA de la Creuse. Sur le volet social, la FRSEA Massif central souhaite aussi être proactive en mettant sur la table une revendication on ne peut plus claire : l’adoption d’un minimum vieillesse au SMIC. Une demande relayée non seulement par la section des anciens exploitants, « mais qui devra aussi être portée par les actifs », a suggéré Jean-Claude Chalencon, président de la section régionale des anciens exploitants du Massif central.