Fourrages : Viser des foins de haute Qualité avec le séchage en grange
Le Gaec de St Mau à Roche en Régnier a choisi le séchage en grange pour optimiser la qualité du foin base de la ration de ses chèvres et vaches allaitantes.
Les 200 chèvres du Gaec St Mau à St Maurice de Roche sur la commune de Roche en Régnier, (Gaec qui compte 2 associés Christian Aubert et son fils Aurélien, et Angélique conjointe collaboratrice), sont gourmandes et donc difficiles. Pour donner du bon lait et donc du bon fromage, ces dames exigent un fourrage de qualité, appétent, riche en fibres et en feuilles. Partant de ce constat, c’est tout le système fourrager qui a été revu sur cette exploitation.Depuis l’an dernier, une unité de séchage en grange fonctionne pour le foin de 58 ha de prairies temporaires et naturelles, et pour alimenter le troupeau caprin et les 20 vaches allaitantes Salers. Cet investissement répond, pour la famille Aubert, à sa problématique : «faire du bon foin». Il a fallu plusieurs mois pour se lancer dans cette aventure, de nombreuses visites d’autres exploitations avec différents systèmes, des discussions entre associés et avec les techniciens du service bâtiment de la Chambre d’Agriculture notamment…
Ration sèche
Mais revenons à nos… chèvres. Les agriculteurs avaient depuis longtemps noté que celles-ci faisaient beaucoup de refus dans les pâtures. Alors première décision pour pallier ces pertes, élever des vaches allaitantes moins délicates.Mais ils ne veulent pas en rester là et souhaitent optimiser l’alimentation de leurs troupeaux et notamment le fourrage en restant sur une ration sèche. Chez Aubert on ne fait pas d’ensilage.On se penche donc sur les techniques de récolte du foin. D’où l’émergence de l’idée du séchage en grange. Le foin est récolté au pré à l’autochargeuse, amené sur une plate-forme de déchargement et repris rapidement par une griffe sur rail pour être directement déposé dans une des 2 cellules de séchage. Christian Aubert voit dans cette technique divers atouts : «Rapidement rentré et sans trop de manipulation, le foin garde ainsi toute sa valeur nutritionnelle» pour le plus grand plaisir des chèvres mais aussi des Salers. «Et avec un meilleur fourrage, on aura moins besoin de concentrés». Économiquement cela compte. Autre atout de cette méthode, c’est le confort de travail. Moins de manutention permet d’avancer plus vite dans le chantier. Par ailleurs pensée avant la construction de l’unité, la distribution du fourrage est elle aussi facilitée car liée aux cellules de stockages. Et Christian Aubert d’ajouter : «plus de filets, de ficelles ou de plastiques… moins de danger qu’avec les balles rondes empilées». Bref les Aubert ne voient dans cette solution que des avantages. Si ce n’est le prix bien sûr parce qu’une telle installation leur a coûté environ 240 000 € (8 000 € par ventilateur ; il y en a deux. 30 000 € la griffe de distribution…). Notons que les associés ont réalisé en autoconstruction une très grande partie du bâtiment (bardages bois et métal, terrassement, petite maçonnerie…) ce qui a largement réduit le coût de l’investissement même si cela leur a demandé beaucoup d’heures de travail. Pour l’anecdote, «on a posé 20 tonnes ou 2 000 m2 d’OCB» note Aurélien en nous montrant les parois des cellules. Soulignons que ces agriculteurs semblent plutôt perfectionnistes, à la vue des cloisons en OCB, de la graduation de couleur à l’intérieur des cellules pour visualiser la hauteur de foin, de la «mezzanine» qui dessert à la fois la salle des ventilateurs et un espace pour distribuer les fourrages aux vaches allaitantes ou encore du chariot fait maison pour pailler les chèvres… Fonctionnalité est un maître mot chez Aubert.
Optimiser le fourrage
Si cette installation fonctionne depuis l’été dernier, les exploitants ont apporté pour cette saison des améliorations pour optimiser le système. La plus importante est la construction de capteurs de chaleur sous le toit du bâtiment des vaches allaitantes qui permet ainsi d’acheminer aux ventilateurs de l’air plus chaud et moins humide que l’air ambiant. Ils ont ainsi gagné entre 10 et 15 % d’humidité en moins. Christian Aubert insiste aussi sur l’orientation du bâtiment, élément primordial pour optimiser le système. Et comme la finalité de cette installation est la qualité des fourrages dans une optique d’agriculture raisonnée, la famille Aubert veut maintenant se pencher sur l’optimisation des prairies temporaires tant par les espèces à mettre en place que par les techniques culturales. À suivre…
Suzanne Marion