Filière ovine : malgré les loups et la FCO, le secteur reste debout
La filière ovine était au cœur d'une journée organisée par la FNSEA mardi 10 décembre à Saint-Ours. Michèle Boudoin, présidente de la fédération nationale ovine (FNO), était présente pour l'occasion.
La filière ovine était au cœur d'une journée organisée par la FNSEA mardi 10 décembre à Saint-Ours. Michèle Boudoin, présidente de la fédération nationale ovine (FNO), était présente pour l'occasion.
La filière ovine continue de prouver sa résilience.
Une réunion d'information s'est tenue mardi 10 novembre à Saint-Ours sur l'exploitation de Pierre Diogon. L'éleveur s'est installé il y a deux ans avec sa mère. Ensemble, ils gèrent une exploitation de 500 brebis à Saint-Ours, une quinzaine d'hectares de céréales et une seconde exploitation en vaches allaitantes à Bromont-Lamothe.
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La filière ovine souffre de l'instabilité politique actuelle
Les problématiques de la filière ovine étaient au cœur des discussions.
Michèle Boudoin, présidente de la FNO, a fait le point sur la filière ovine : « Nous n'avons pas d'interlocuteur en ce moment, donc c'est compliqué », a-t-elle indiqué alors même que le gouvernement n'a pas encore été remplacé de mardi 10 décembre. « D'un point de vue national, lorsque nous avons vu arriver Barnier, nous étions plutôt contents. C'était un ancien ministre de l'agriculture qui avait beaucoup œuvré pour la filière ovine. La motion de censure nous a un peu anéantis. »
Concernant le remboursement des pertes liées à la FCO8, l'agricultrice a indiqué que « certaines modalités techniques ne convenaient pas » à la FNO, notamment la période prise en compte.
Elle a également indiqué que le remboursement devrait arriver en février sur les comptes bancaires des agriculteurs, gravement touchés par l'épidémie (voir encadré) et a expliqué que les exploitants concernés devraient se rendre sur internet dès le 20 janvier pour déclarer le nombre de brebis perdues.
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Le dossier Loups au cœur des préoccupations
Michèle Boudoin a ensuite abordé la question du loup : « S'il devient régulable, on prend le risque d'avoir moins d'aide sur la protection ». Claude Font, secrétaire général de la FNO en charge du dossier Loups, était présent à ses côtés pour informer sur l'état de la prédation en France. (voir encadré)
Enfin, un rappel des grandes lignes du plan départemental caprin/ovin a été fait. Ce dernier s'étend sur trois ans et représente un véritable soutien financier pour les acteurs de la filière.
Claude Font : « Le nombre de victimes du loup augmente »
« Pour ce qui est des tendances : le nombre de victimes ne cesse d'augmenter au niveau national, de 4 à 10 % selon les départements. Beaucoup de territoires sont nouvellement prédatés comme l'Aisne et les Deux-Sèvres, ajoutant un peu plus de victimes. Malgré un nombre de prélèvements de loups conséquents (209 autorisés), la prédation continue d'augmenter. Le changement de statut du loup au niveau européen devrait, on l'espère, nous permettre de passer d'une politique de protection des troupeaux à une politique de régulation de l'espèce lupine en améliorant les capacités de protection des troupeaux. Notre objectif reste la baisse de la prédation de manière effective sur l'ensemble des élevages pour préserver un pastoralisme national actif. »
Michèle Boudoin : « Une pénurie d'agneaux pour Pâques 2025 »
« Le séisme sanitaire de la FCO8 de cet automne sur le département du Puy-de-Dôme, et plus généralement sur la région AURA, a fait perdre l'espoir et des économies au sein des exploitations. Les éleveurs se sont retrouvés devant des animaux qu'ils ne pouvaient pas sauver. Cette épidémie est arrivée brutalement courant août et a beaucoup impacté le secteur par la violence de ce sérotype. La FCO8 était déjà connue mais a muté et était beaucoup plus violente. Les éleveurs ont perdu des animaux, mais les exploitations devaient continuer à exister. Beaucoup d'entre eux, considérant qu'ils auraient du mal à retrouver des animaux en âge de se reproduire, ont gardé des agnelles de boucherie, destinées normalement à faire de la trésorerie, afin d'avoir un cheptel reproducteur qui soit compatible avec les échéances, les charges et les animaux qu'ils avaient. Certains opérateurs se sont retrouvés avec moins d'animaux commercialisés. Beaucoup de brebis gestantes ont fait des avortements. Nous allons donc avoir une pénurie d'agneaux pour Pâques 2025. La filière ovine est déjà assez fragile, puisque nous fournissons seulement 47 % de la consommation française. Dès qu'il y a des maladies vectorielles, il y a forcément des incidences. Heureusement, les pouvoirs publics ont entendu notre appel de désespoir. Le Premier ministre (Michel Barnier NDLR) et la ministre de l'Agriculture (Annie Genevard NDLR) ont décidé, en octobre dernier, d'apporter du soutien aux éleveurs touchés par la FCO3. Nous avons obtenu que cette enveloppe puisse aussi indemniser les pertes liées à la FCO8, ce qui est important au vu des 35 000 brebis disparues dans notre région. »