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Fermoscopie donne du sens aux chiffres

Après plusieurs rendez-vous sur l'ensemble du territoire, aux contacts de ses clients, Cerfrance Terre d'Allier dresse un bilan de santé des exploitations et avance plusieurs perspectives d'avenir.

Une présentation complète diffusée devant les nombreux partenaires de Cerfrance Terre d'Allier.
Une présentation complète diffusée devant les nombreux partenaires de Cerfrance Terre d'Allier.
© AA03

C'est le rendez-vous désormais incontournable des clients Cerfrance Terre d'Allier et de ses partenaires ; Fermoscopie 2019 a clôturé sa tournée de rencontres, au coeur des territoires de l'Allier, par une présentation détaillé des caractéristiques de l'agriculture bourbonnaise pour entrevoir des solutions d'améliorations et d'accroissement des performances.

Des difficultés de trésorerie auxquelles il faut s'adapter

On note une baisse des résultats d'environ 12 000 EUR sur les productions bovin viande et polyculture du fait de la baisse des prix et de la hausse des charges alimentaires liées à la sécheresse. La conséquence directe se traduisant par des difficultés en trésorerie qui s'explique par des EBE qui ne suffisent plus pour faire face au remboursement d'annuités et aux besoins de prélèvements privés. Un constat développé par Sabine Michel, conseiller d' Entreprise Cerfrance Terre d'Allier : «  Les trésoreries qui se creusent,  or, il faudrait avoir une avance ou une épargne d'environ 150 jours de chiffres d'affaires ».

Faire le point sur sa structure

L'autonomie alimentaire et fourragère est, elle, un enjeu pour l'avenir des exploitations puisque les risques d'aléas devraient être plus récurrents et forts à l'avenir comme l'explique Sabine Michel : «  Il est nécessaire de faire le point sur sa structure : suis-je autonome ou non, au potentiel maximum ou non ?   En fonction des réponses, plusieurs voies d'adaptation sont possible, dont il faut discuter avec les conseillers Cerfrance, pour voir les impacts techniques, humains et économiques (agrandissement, extensification, intensification, équilibre herbe / céréales...) ».

Des rencontres fermoscopie qui tendent à délivrer un message essentiel appuyé par David Boismenu, responsable Conseil Cerfrance Terre d'Allier : « Dès que l'exploitant a le sentiment que sa structure se fragilise (économiquement, techniquement, ...), il ne faut pas attendre et avoir le réflexe de mobiliser les conseillers et comptables pour faire le point et trouver des solutions avec les créanciers et les partenaires bancaires ».

S'adapter aux aléas climatiques

Une séance Fermoscopie 2019 qui a été marqué par l'intervention de Nathalie Velay, du service Etudes et Références de Cerfrance, sur les conséquences et l'adaptation des exploitations aux aléas climatiques, en particulier, la sécheresse.

Les sécheresses consécutives de ces deux dernières années remettent au coeur des échanges et réflexions le sujet du changement climatique. Inéluctable, ils nous interrogent sur les modalités d'adaptation des exploitations agricoles, à des aléas de plus en plus fréquents, et des amplitudes plus forte. Sans présager des évolutions à venir, chaque entreprise peut aujourd'hui s'interroger sur sa capacité de résistance en matière d'autonomie fourragère, d'optimisation de son potentiel pédoclimatique et de sa sécurité financière. Nathalie Venay complète : « Si on analyse les résultats de 350  exploitations allaitantes  sur les 8 dernières années, la part des achats de fourrages (vert et paille) représente une dépense moyenne annuelle de 5 000 EUR par exploitation soit près d'un tiers du coût alimentaire global. Ce budget varie en fonction des années sèches, comme en 2011, pouvant atteindre 64 EUR/UGB, mais varie aussi d'une exploitation a une autre, avec des entreprises qui achètent du fourrage de manière chronique alors que d'autres le font plus épisodiquement. L'enjeu économique est conséquent, les acheteurs réguliers de fourrage perdent en moyenne 40 EUR d'EBE/UGB, comparativement aux exploitations plus autonome ».

La question de l'autonomie fourragère est un facteur important de la performance des entreprises, et le sera encore plus demain. Quel est mon niveau de sécurité aujourd'hui ? Existe-t-il des marges de manoeuvre pour améliorer mon autonomie ? Voilà des questions sur lesquels chacun peut se pencher pour anticiper ... Voici quelques repères, proposé par Nathalie Venay, qui peuvent être utilisées pour positionner votre entreprise :

-       La production autonome, consiste à mesurer la part des kilo de viande vive produite par les aliments et fourrages récoltés sur l'exploitation, l'objectif minimum est d'atteindre 75 % ;

-       La comparaison de son chargement (UGB/ha de SFP) avec un niveau de chargement potentiel (au regard du contexte pédoclimatique) et un chargement optimum permet d'identifier les leviers adaptés à chaque situation pour gagner en autonomie ;

-       Le besoin en fond de roulement, véritable enjeu dans les exploitations allaitantes, devraient atteindre 150 jours de chiffre d'affaire dans les exploitations allaitantes pour être armés à affronter les aléas. 60 % des exploitations atteignent cet objectif aujourd'hui ...

Sébastien Joly

Formation « Stratégie de l'exploitation et coûts de production » : se poser des questions aujourd'hui... pour savoir où aller demain.

La Chambre d'agriculture et Cerfrance Terre d'Allier ont choisi d'associer leurs compétences pour proposer aux éleveurs de l'Allier un programme de formation qui leur permettent d'envisager l'avenir.

Le constat de départ était partagé par les deux structures :

  • Le contexte dans lequel évoluent les exploitations est de plus en plus incertain et volatil, les éleveurs sont en recherche de repères...
  • Plusieurs dimensions sont à prendre en compte (économie, attentes sociétales, évolutions climatiques, moyens humains, attentes personnelles...)
  • De l'adaptation à l'orientation stratégique plusieurs niveaux d'analyses doivent être envisagés
  • Chaque exploitation est un cas particulier... et chaque chef d'exploitation a des expériences à partager
  • Nos compétences respectives sont complémentaires

Suite à ce constat, une première formation a été mise en place en 2019 à destination des éleveurs de bovins viande. Un groupe de 10 éleveurs s'est donc réuni à 4 reprises sur l'automne (2 séances d'une demi-journée et deux journées entières) pour travailler à partir de leurs chiffres. Au préalable, un bilan de production détaillé ainsi que les coûts de production ont étés calculés pour chaque participant. La très bonne implication des éleveurs a permis d'évoquer l'ensemble des stratégies envisageables pour optimiser les systèmes de production existant et anticiper les évolutions à mette en oeuvre pour que chaque exploitation puisse s'adapter aux nouvelles opportunités ou contraintes. Les échanges ont été riches et chacun a pu apporter son expérience à partir de son parcours de chef d'entreprise.

Fort de ce succès, nous renouvelons l'opération en 2020 pour les éleveurs de bovins allaitants mais, en fonction des demandes, nous pourrons étendre ces formations à destination des éleveurs d'ovins ou de bovins lait.

Tout éleveur intéressé peut se manifester dès maintenant auprès de l'unité élevage de la Chambre d'Agriculture ou de son conseiller Cerfrance.

Franck Doriat, Responsable Unité Elevage Machinisme Bâtiment à la Chambre d'agriculture de l'Allier.

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