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Fermes bas carbone, plus d'herbe, moins de CO2?

Plusieurs journées sont proposées aux agriculteurs engagés dans des démarches bas carbone. Pour l’Est-Cantal, l’une d’elles avait lieu chez Lionel Rambaud, à Mentières.

Un groupe de personne avec à droite des vaches mangeant
L’herbe est au centre des objectifs bas carbone.
© b.parret

Pour Lionel Rambaud qui recevait ses collègues sur son exploitation le 17 septembre, faire baisser les émissions de carbone s’est accompagné d’une grosse remise en question de son quotidien d’agriculteur. “Je n’avais plus de plaisir au travail et besoin de revenir à l’essentiel tant pour moi que pour mes animaux, résumait- il. En m’engageant dans la démarche Haute valeur environnementale (HVE), je voulais voir l’impact sur l’environnement, les pistes à améliorer et ce que je voulais laisser aux futures générations. Ensuite, avec la démarche bas carbone, j’ai souhaité aller plus loin en définissant des pistes qui finalement me correspondent. J’ai remis de l’ordre dans mon fonctionnement, je suis plus serein, mes vaches sont plus calmes et cerise sur le gâteau, j’ai obtenu la prime de décarbonisation, car je partais de loin.”

Prétexte à une remise en question
Sans être en bio ni sous un autre signe de qualité, l’agriculteur voulait retrouver de la valeur sur sa ferme. Tout est allé de pair.
Le témoin était donc tout trouvé pour cette journée consacrée à “comment faire baisser son impact carbone ?”. Certes, le public était convaincu puisque les participants sont tous engagés dans une des différentes démarches tel le projet Life carbon farming ou le programme Clienfarms. Cinquante-deux fermes sont ainsi candidates dans le Cantal et enregistrent de bons résultats. La Chambre d’agriculture accompagne chacune d’elles dans le diagnostic et le suivi sur cinq ans pour atteindre les objectifs qui sont validés par les services de l’État.
Vladimir Ségard, conseillé spécialisé carbone à la Chambre d’agriculture, a ainsi pu faire le point sur les objectifs généraux, ce qui est demandé aux agriculteurs et quels sont les avantages à en tirer sur les exploitations.

La contribution de chacun

Dans le contexte de changement climatique, la loi, ici aussi, impose certaines choses afin que chacun et surtout les plus gros pollueurs prennent leur part à la décarbonisation. L’objectif pour la France est d’atteindre la neutralité carbone en 2050, c’est-à-dire à l’échelle d’une génération. Il s’agit de décarbonner les énergies en faisant la part belle à l’électrique au détriment du pétrole, de diviser par deux la consommation d’énergie, de réduire les émissions et d’augmenter les puits de carbone (forêts, océans, mais aussi prairies). Pour situer la place de l’agriculture dans ce contexte, celle-ci représente le premier secteur économique à être impacté par le changement climatique. Elle est le deuxième plus gros émetteur de gaz à effet de serre en France. Mais l’agriculture française peut être un gros contributeur au stockage du carbone.

Tout est dans le pré

Cette journée mettait plus particulièrement en lumière le rôle des prairies dans le processus de décarbonisation. Et, en cela, chaque contribution compte ! Lionel Rambaud s’est engagé dans la démarche bas carbone il y a quatre ans. Aujourd’hui, il se situe à 0,82 kg de CO2 émis par litre de lait produit. La baisse enregistrée sur son exploitation lui permet de bénéficier du crédit carbone (30 €/ tonne de CO2 éliminée). Parmi les actions mise en place pour obtenir ce résultat, Lionel Rambaud a d’abord réduit le nombre d’animaux improductifs et fixé les vêlages à 30 mois. Autre action, maïs et tourteau ont disparu de la ration tant pour supprimer le CO2 produit dans les transports et la production de méthane dans les déjections. Les compléments alimentaires sont eux aussi en très forte baisse même avec l’utilisation d’un robot de traite. Lionel Rambaud est revenu à l’essentiel avec les prairies naturelles, jouant sur la diversité florale, les légumineuses et protéagineuses. Le pâturage tournant tous les trois jours est pratiqué et amélioré chaque année. La mise au pré intervient dès le mois de mars. “Il faut bien connaître ces parcelles entre les plus productives, les plus éloignées et bien les entretenir pour conserver les rendements”, souligne l’éleveur. L’engrais de ferme composé des lisiers est d’autant plus valorisé dans la logique de réduire les intrants. La décarbonisation peut être aussi synonyme d’économie financière.

Prairies 

Entretenir, amender 

Les prairies naturelles de montagne possèdent une grande variété de plantes, près d’une cinquantaine, rappelait Vincent Vigier, de la chambre d’agriculture du Cantal. Cette variété se compose de plantes plus précoces que d’autres, de certaines moins sensibles à la chaleur. Ainsi, le tapis végétal   résiste mieux aux changements climatiques. Mais pas forcément au rats taupiers. Il n’est donc pas interdit de les reconstituer par sur-semis avec du matériel adapté. Les prairies constituent d’importants puits de carbone.  
Pour les lisiers, fumiers et composts, à chaque fois, l’objectif  est de conserver leur richesse en azote, phosphore, potassium, etc. Il faut éviter le lessivage avec les pluies et compléter avec des fermants pour  optimiser la ressource conseille Vincent Vigier. Ces fermants peuvent s’utiliser sur l’aire paillée directement sans nuisance pour les animaux. L’aire paillée peut aussi être valorisée avec du calcaire ou de la dolomite ce qui permet de l’économiser.

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