FDSEA/JA : La mobilisation syndicale reste d’actualité, une veille active s’installe…
Les 2 syndicats ont tenu un conseil d’administration commun le 3 août dernier pour faire un bilan des actions conduites la semaine du 23 juillet et pour définir le programme à venir.
Dans les rangs de la FDSEA et des JA de Haute-Loire, on est toujours sur le pied de guerre. Lors du conseil d’administration commun entre les 2 structures syndicales, le 3 août au Puy-en-Velay, chaque représentant de canton a pu exprimer le ressenti de ses troupes suite aux actions perpétrées ces dernières semaines pour alerter sur la grave crise agricole qui touche l’ensemble de l’élevage. Et l’on a bien senti que la motivation reste entière et que s’ils étaient déjà très nombreux sur les différents ronds-points le 23 juillet, ils sont prêts à remettre ça, voire à durcir le ton.
Actions contre les «égarés»
Et en fin de conseil, Yannick Fialip président de la FDSEA et Anthony Fayolle président des JA, ont, lors d’une conférence de presse, averti les acteurs des filières tant les industriels que la grande distribution, qu’ils allaient poursuivre une veille active ponctuée le cas échéant d’actions ciblées contre «les égarés». En effet, suite à la pression syndicale de ces derniers jours sur le département mais aussi sur tout le Massif Central et plus largement un peu partout en France, des mesures ont été annoncées. «Elles ne sont pas suffisantes» lance Yannick Fialip, mais «c’est un début» et le syndicalisme va se charger de faire appliquer les accords qui ont été conclus dans le cadre de tables rondes réunissant les filières.
Pour le lait, la FNSEA a demandé un prix de 340 € la tonne dès août et jusqu’à la fin de l’année. Pour la viande bovine, l’accord porte sur une augmentation des prix des animaux d’engraissement de 5 cts/kg de carcasse par semaine pour arriver à + 60 cts. Et pour le porc, il convient d’obtenir 1,40 € le kg, prix du cadran breton. Ces hausses ne sont pas utopiques ; elles représentent seulement 15 à 20 % de plus en viande bovine par exemple. Les responsables professionnels reconnaissent que «ces accords sont fragiles» et qu’il faut que tout le monde «joue le jeu» pour y arriver, c’est pourquoi ils sont déterminés à les faire appliquer. Déjà, sur le lait, Sodiaal a promis qu’il paiera 340 € en août ; d’autres grands groupes semblent plus réticents selon les informations de la FDSEA et des JA, mais ceux-là sont assurés d’être dans le collimateur des éleveurs qui ne resteront pas les bras croisés. Le message est clair…
Toujours mobilisés
«Grâce à cette importante mobilisation, on a obtenu des accords, on a quand même fait peur au Gouvernement, mais il faut continuer le mouvement» explique Yannick Fialip. Les responsables départementaux ne sont pas satisfaits notamment du plan d’urgence qui ne répond pas à la problématique
C’est pourquoi, il est prévu quelques opérations sur le plan national. Ainsi la FNSEA et les JA s’invitent le 7 septembre à Bruxelles au Conseil Européen Agricole qui devrait proposer des mesures pour soutenir les marchés. Déjà d’autres pays veulent suivre l’exemple de la France notamment l’Allemagne ou encore l’Irlande. Des éleveurs de Haute-Loire feront le déplacement. Une autre action pourrait voir le jour sous forme de blocage des plates-formes d’approvisionnement ou peut-être de blocage de Paris. À suivre…
Sur le plan local aussi, les présidents de la FDSEA et des JA veulent maintenir la pression. Ils vont donc planifier des opérations de surveillance dans les GMS et autres industries agro-alimentaires avec pour cible les bas prix et les produits importés.
Enfin au cours de la dernière semaine d’août avant la rentrée, les agriculteurs veulent sensibiliser la restauration hors foyer (cantines, maison de retraite…) à mettre des produits français à leur menu. À l’instar de cette initiative, notons que Monsieur le Préfet s’est engagé vendredi dernier à écrire à tous les maires du département pour relayer cette requête. Et les professionnels de marteler : «on ne peut pas continuer avec une politique de bas prix sur l’alimentation ; il faut changer les rapports entre opérateurs des filières pour prendre en compte nos coûts de production».
Pour revenir sur le plan d’aides gouvernemental, le conseil a relever une mesure qui apportera une réelle «bouffée d’oxygène» en terme de trésorerie pour les récents investisseurs notamment, c’est le report d’annuités en fin de tableau. Pour le reste ce sont des «mesures largement insuffisantes». Néanmoins comme l’a dit Anthony Fayolle et pour apporter une note positive, «ce plan c’est comme une pluie après une sécheresse, même si l’herbe ne pousse pas encore, ça fait du bien au moral».
Suzanne Marion