FDSEA : le projet syndical devient départemental
Avec un score sans appel, les élus de la liste FDSEA-JA se mettent en action pour préparer une agriculture à l’image de ce qu’ils ont présenté durant la campagne électorale.
Ceux qui ont porté un projet syndical de campagne seront demain aux commandes. La victoire écrasante de la liste FDSEA/JA (62 %) a conforté l’alliance majoritaire dans l’idée que ses orientations sont les bonnes. Déjà, les équipes se retroussent les manches. Elles savent qu’elles auront à traiter des sujets d’actualité, comme le paiement des soutiens aux agriculteurs victimes de la sécheresse ; le convoyage de paille pour que les mêmes puissent refaire leur stock sans devoir subir une spéculation quasi-record(1) ; faire en sorte que, à ce sujet, la méthanisation n’entre plus en concurrence avec l’élevage... Mais aussi veiller, dès maintenant, au rééquilibrage des prix dans les rayons depuis l’interdiction qui est faite à la grande distribution de pratiquer la vente à perte sur certains produits de marque (pratique qui se faisait au détriment des rayons lait et viande notamment). Un rééquilibrage en faveur des producteurs. Parallèlement, il y a tous les sujets de fond, évoqués durant les 22 réunions conduites sur le territoire avant les élections et qui doivent se traduire à présent par des actes. À commencer par la révision de la Pac, d’abord prévue en 2020 et qui sera sans doute reportée jusqu’à l’horizon 2022.
Une feuille blanche
“Mais dans tous les cas, il s’agira bien de défendre, à l’échelle de nos massifs, le système herbager et surtout la spécificité montagne. Car rien n’est jamais acquis, y compris sur l’ICHN(2) ; on repart sur une feuille blanche ; seule certitude : les handicaps naturels, eux, resteront...”, prévient Joël Piganiol, président de la FDSEA. Patrick Escure, président sortant de la Chambre d’agriculture (et qui sera vraisemblablement reconduit pour un nouveau mandat), ne veut pas d’une prise en charge régionale : “Il nous faut un socle national. Sinon, on peut s’attendre à de vraies différences de traitement. Cela reviendrait à créer des distorsions de concurrence, comme nous les dénonçons régulièrement avec des importations, mais là au sein même de notre pays.” L’autre volet important concerne le “statut de l’exploitant” auquel les actifs sont attachés, pour concentrer les moyens sur des agriculteurs réellement engagés et travaillant sur l’exploitation. Un fléchage à même de conforter l’installation, comme le constate le président des Jeunes agriculteurs du Cantal. À cet égard, le renouvellement des générations fait également partie des têtes de chapitres du projet syndical commun FDSEA/JA, amené à être décliné dans le projet agricole départemental (PAD). “Il nous faudra faire encore mieux, en abordant notamment le problème du foncier ou des retraites(3) qui ont une incidence directe”, admet Francis Flagel. “Le précédent PAD datait de 2013 et méritait d’être revu”, convient Joël Piganiol. Sa ré-écriture prévoit une orientation forte des liens avec le territoire, en filières. “Un véritable aménagement du territoire”, résume Guy Touzet, secrétaire général de la FDSEA. Or tout cela ne semble possible que dans le cadre d’une vraie proximité. C’est pourquoi, comme ils l’avaient martelé durant la campagne, les syndicats majoritaires sont si attachés à l’échelle départementale.
Proximité et liberté
“La loi Notre prévoit une réorganisation du réseau des chambres d’agriculture, relève le président sortant. Fin janvier, une ordonnance permet à ceux qui le souhaitent d’entrer dès maintenant, à titre expérimental et durant trois ans, dans un schéma de chambre régionale unique. Aucun département au Sud de la Loire ne s’est positionné sur cette voie.” Conforté par le taux de participation aux dernières élections prouvant l’attachement des électeurs à leur chambre départementale, le Cantal ne veut évidemment pas de la généralisation de ce schéma. Elle serait perçue comme une perte de pouvoir et de décision. Ce que Patrick Escure résume d’une formule : “Nous, on veut que perdure cette liberté.”
(1) Les instances agricoles vont demander le soutien de l’État pour que de la paille à bon prix, bloquée à la frontière espagnole, puisse être livrée par le rail, par l’Armée s’il le faut.
(2) Indemnité compensatoire de handicaps naturels.
(3) Particulièrement amers depuis le rendez-vous manqué de “l’amendement Chassaigne”, repoussé par le Président Macron pour un débat intégré au sein de la réforme générale des retraites, les aînés ne décolèrent pas et seront soutenus dans leur combat “pour des retraites décentes” par les actifs.