FCO et MHE la vaccination patauge faute de doses
Alors que les éleveurs sont prêts à vacciner massivement leurs animaux, la pénurie de vaccins met un coup de frein à la démarche. La vaccination reste malgré tout la seule défense contre la FCO et la MHE.
Alors que les éleveurs sont prêts à vacciner massivement leurs animaux, la pénurie de vaccins met un coup de frein à la démarche. La vaccination reste malgré tout la seule défense contre la FCO et la MHE.

Doit-on s'attendre à une reprise des contaminations FCO et MHE en 2025 ? « On ne peut rien affirmer mais la probabilité de voir de nouveaux foyers être déclarés dans les prochains mois est grande » explique François Peyroux, directeur du GDS 63, lors d'une réunion d'information à Besse.
Qu'il s'agisse de la fièvre catarrhale ovine ou de la maladie hémorragique épizootique, le pic de contaminations démarre entre fin août et début septembre jusqu'à fin octobre. « D'où l'intérêt de vacciner avant la mise à l'herbe. » Or, les vaccins manquent à l'appel pour tenir ces délais. Alors qu'une large partie du cheptel ovin et bovin puydomois est vaccinée contre la FCO-3, de nombreux élevages attendent encore leurs doses pour se protéger de la FCO-4 et 8 ainsi que de la MHE.
Bluevac 3, Syvazul 4 et 8, Hepozivac : des disponibilités incertaines
La réponse des éleveurs puydomois à la vaccination est massive, largement soutenue par les dispositifs nationaux de gratuité. Plus de 72 000 doses ont ainsi été délivrées aux élevages ovins couvrant 90 % des animaux du département pour la FCO-3. Le taux de couverture théorique atteint 70 % pour les bovins avec plus de 280 000 doses délivrées. « Le manque de disponibilité du Bluevac 3 (vaccin pour les bovins) freine cette progression. »
Le Syvazul 4 et 8, permettant de vacciner en une seule injection la FCO-4 et FCO-8, est en rupture depuis plusieurs semaines. « Les laboratoires nous annoncent une reprise des livraisons fin mars » assure François Peyroux. Isoline Couineaux, vétérinaire à Besse n'est pas de cet avis. « Ils nous ont dit ce matin (jeudi 13 mars NDLR) que finalement nous aurions les doses fin avril. » La situation est identique concernant le BTV 4 et 8 dont les prochaines livraisons ne sont pour l'heure pas prévues avant la fin du mois de juillet 2025. Seul le Bluevac 8, vaccinant uniquement contre la FCO-8, semble encore disponible pour l'heure.
Du côté de la MHE, ce n'est pas mieux. Les 250 000 doses déjà livrées ont permis théoriquement de vacciner 125 000 bovins puydomois soit 60 % du cheptel. « Les prochaines disponibilités de Hepizovac sont annoncées pour fin mars, avec une nouvelle commande d'État de 1 million de doses » annonce François Peyroux.
Ces annonces sont malheureusement à prendre avec des pincettes.
La disponibilité des doses varie chaque jour, presque à chaque heure. C'est difficile d'être à jour dans les commandes et encore plus d'expliquer aux éleveurs pourquoi certains ont été livrés et pas d'autres » témoigne la vétérinaire.
Disponibilité des vaccins, business ou défaut d'anticipation ?
Dans cette affaire, les laboratoires sont les premiers incriminés, accusés de ne pas avoir anticipé l'afflux de commandes ou encore de jouer davantage la carte du business que celle du sanitaire.
« Le manque de signal clair en matière de vaccination pèse aussi dans la balance » selon le directeur du GDS 63. Il pointe notamment les évolutions des contraintes liées à l'export. « Il y a quelques jours, les obligations de vaccination pour exporter vers l'Espagne ont été levées. On entend dire que ce devrait être le cas aussi pour l'Italie mais sans certitude. » Sans obligation de vacciner, le nombre d'actes diminuera et avec lui le nombre de commandes. La loi des laboratoires est celle de l'offre et de la demande...
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Difficile alors de lancer la production d'un vaccin dont les délais de fabrication sont de quatre à cinq mois et les commandes fluctuantes.
Une production anticipée pourrait être une solution mais pas sans garantie d'achat. Les labos ne veulent pas se retrouver avec des doses sur les bras » souligne le directeur du GDS 63.
Le conditionnement des vaccins participerait également à cette pénurie. « Les flacons sont conçus pour vacciner 50 animaux. Une fois ouvert, il faut les utiliser très vite et nous n'avons pas le droit d'employer les doses restantes dans un autre élevage. La cohorte est donc difficile à atteindre » témoigne Isoline Couineaux.
Cette pénurie limite les éleveurs désireux de protéger leurs animaux et n'encourage guère les derniers indécis. Pourtant, après plusieurs mois de recul, le rapport bénéfice risque des vaccins est plus que favorable.
Il peut y avoir à l’issue de la vaccination, une petite perte de lait liée à une réponse inflammatoire immunitaire mais elle n'est pas durable. Beaucoup de nos éleveurs ont fait la vaccination MHE et FCO-3 en même temps, sans effet secondaire. Nous n'avons pas non plus observé d'augmentation des avortements y compris sur les animaux gestants » précise la vétérinaire.
Les éleveurs craignent de voir arriver les vaccins après la mise à l'herbe alors que les recommandations stipulent de réaliser l'acte avant la sortie des animaux.
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Une commande groupée de vaccins à l'échelle du Puy-de-Dôme à l'étude
Le GDS 63 étudie la possibilité de réaliser une commande groupée de vaccins à l'échelle du département, un an à l'avance, avec un prépaiement à hauteur de 10 à 15 %. « Nous sommes en discussion avec les laboratoires pour voir si cette méthode permettrait d'avoir les vaccins dans les temps. L'idée n'est pas de supplanter les vétérinaires. Le GDS s'occuperait de la logistique pour concentrer un gros volume de commandes qui serait ensuite dispatché aux vétérinaires des différents secteurs. Ainsi, le laboratoire en question recevrait un gros lot de commandes, tout en même temps, mais à livrer pour l'année suivante. » Dans la petite salle de Besse, quelques éleveurs bovins adhèrent à l'idée ainsi que l'unique éleveur ovin présent dans la salle. « La FCO est passée dans mon élevage. Je n'avais pas vacciné. Une fois mais pas deux. Maintenant, le vaccin chez moi sera systématique. »
La FCO-3 est récemment passée du statut exotique à enzootique simplifiant les contraintes de mouvements à l'échelle nationale. Ceci a aussi pour effet de sortir la maladie des circuits d'indemnisation. François Peyroux l'affirme : « il y a de grandes probabilités qu'à la prochaine épizootie il n'y aura pas d'indemnisation pour les animaux morts ». Les premiers chiffres d'une étude en cours, mesurant les impacts de la crise sanitaire sur la filière bovin viande en AuRA révèle une perte de 32 000 naissances en 2024, sur la région.
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