« Faire pousser des arbres pour faire grandir les hommes »
Il y a de la poésie et une certaine philosophie, dans leur manière de pratiquer l'agriculture. Frédéric et Laure Cébron de l'Isle ont eu plus d'une vie avant de se lancer comme agriculteurs, à Ventalon-en-Cévennes, dans le hameau du Cros.
Elle était institutrice, il était réalisateur à Canal+. Parisiens pour une bonne partie de leur carrière, ils ont tout lâché il y a un peu plus de dix ans pour faire un tour du monde en camion. Une aventure qui les a menés d'Inde en Amérique du Sud et d'Indonésie au Laos. En tout, une cinquantaine de pays visités, des milliers de rushs pour des documentaires notamment sur les pratiques agricoles dans ces pays, où les questions majeures sont partout les mêmes, dont la principale : que faire face aux changements climatiques ?
Ce long périple leur a donné l'envie de changer leur façon d'être, en se reconnectant à la nature. Et quoi de mieux que de mettre les mains dans la terre pour se faire ? Si, au départ, le couple avait décidé de s'installer aux alentours de Montpellier, d'où est originaire Frédéric Cébron de l'Isle, c'est finalement dans les Cévennes qu'ils décident de poser leurs valises. Dans ce petit hameau perdu au bout de lacets interminables sur des routes étroites comme seules les Cévennes savent en produire, ils construisent, depuis 2019, leur ferme. Le Cros, ils l'ont visité par hasard, lors de vacances dans le coin. Et sont tombés amoureux de l'endroit, qui avait une histoire à raconter. Et pas seulement comme pierre du passé.
Le couple est arrivé avec une philosophie simple : « reconnecter l'humain à la nature, et donner des outils aux uns et aux autres pour grandir ». Ils pourraient ajouter : tout faire par eux-mêmes, au maximum. Ce lien se fait par le travail sur les 20 hectares de la ferme, acquis via la Safer. Et du travail, il y en a toujours, assurent Frédéric et Laure Cébron de L'isle. Entre les châtaigniers qu'il a fallu dégager pour qu'ils se remettent à produire, nettoyer des parcelles pour lancer leur activité de maraîchage « sur sol vivant », la partie de Laure plutôt, remonter les murs en pierre sèche, reconstruire les bâtiments qui tombaient en ruine, le travail, depuis trois ans, ne manque pas sur leurs terres labellisées en bio. « On n'a pas pris un jour de vacance depuis que nous sommes arrivés », s'amuse Frédéric Cébron de l'Isle. Mais les journées qui passent, toutes différentes, ne leur paraissent pas si longues. Tous deux passionnés par ce projet qu'ils sont en train de réaliser, Frédéric et Laure Cébron de l'Isle sont dans leur élément, au milieu de leurs plantes et du travail toujours renouvelé. Et s'enthousiasme de la solidarité qu'ils ont trouvé ici et les nombreux conseils reçus pour les soutenir.