Europe Service : après la relocalisation, place à la décarbonation et l’innovation
Leader tricolore des marchés du déneigement hivernal et de la propreté urbaine, la société aurillacoise Europe Service va présenter en fin d’année un engin innovant pour la sécurité autoroutière.
Dans l’industrie comme ailleurs, pour s’assurer et conserver la pole position, il y a des virages qu’il faut savoir bien négocier, a fortiori quand on évolue en terrains montagneux. Leader tricolore des marchés du déneigement hivernal et de la propreté urbaine, l’entreprise aurillacoise Europe Service en a pris un, stratégique, au sortir de la crise sanitaire, en relocalisant une partie de la fabrication de ces chasse-neige, balayeuses et laveuses urbaines... externalisée dans les pays de l’Est(1), sur son nouveau site ultra moderne d’Autec étrenné en mai dernier. Une réindustrialisation en zone rurale via un investissement de 19 M€ et la création d’une quarantaine d’emplois qui vise à doubler la production d’ici 2025, actuellement d’un millier d’engins, à destination des collectivités (Départements, agglomérations...) mais aussi de grands comptes, parmi lesquels Aéroports de Paris, l’Armée pour le nettoyage sécurisé de leurs pistes, ou encore de concessionnaires d’autoroutes.
RSE : Europe Service passe à la vitesse supérieure
Deuxième virage déjà bien amorcé, celui de la décarbonation tant de son process industriel que des véhicules livrés. Le vaisseau amiral Autec se veut ainsi à la pointe en matière de neutralité énergétique et d’empreinte environnementale : système de chauffage et fours de cuisson hybrides, eaux de lavage et de traitement intégralement recyclées au sein d’un circuit fermé, pose prochaine de 10 000 m2 de panneaux photovoltaïques sur la toiture de l’usine pour assurer son autonomie énergétique... Et cette démarche RSE (responsabilité sociale et environnementale) ruisselle sur sa gamme de produits pour les doter de technologies toujours plus vertes : Europe Service vient ainsi de remporter un marché à Madrid pour livrer 25 balayeuses-laveuses dont le moteur diesel a été démonté et remplacé pour carburer désormais au GNV, réduisant ainsi les émissions d’oxyde d’azote et particules fines. “On s’engage ainsi dans la décarbonation de notre production mais aussi en faveur de la santé humaine”, avance Aurélien Lafon, PDG de la société cofondée voilà plus de 30 ans par ses parents, Guy et Maryse, et Alain Lespine. Guy Lafon à qui l’on doit d’ailleurs la conception d’une station de saumure dont la technologie permet d’économiser 50 % de sel lors du traitement des routes.
Avec l’arrivée d’un nouveau directeur général, en la personne de François-Xavier Montil, la société compte en outre mettre davantage encore l’accent sur la dimension sociale de cette RSE, convaincue qu’au même titre que la préservation de l’environnement, à apporter du sens et du bien-être au quotidien de ses 370 salariés fait partie des critères prisés d’attractivité d’une entreprise toujours en quête de nouveaux collaborateurs.
Diversification et export
Troisième virage, la diversification, entamée dès 2007 en développant l’activité propreté urbaine qui fait désormais jeu égal en terme de chiffre d’affaires avec l’activité historique du déneigement. Mais le changement climatique et un manteau neigeux annoncé plus chiche dans les années et décennies à venir incitent Europe Service à accélérer le mouvement et explorer d’autres marchés, quand bien même, Aurélien Lafon l’assure, “ça ne va pas s’arrêter d’un coup, il y aura toujours des épisodes neigeux intenses, il faudra toujours traiter les routes, cela fait partie de notre ADN et de la sécurité routière qu’on amène”. Sécurité routière dont l’entreprise cantalienne
pourrait bien devenir un acteur de premier plan avec une innovation mondiale qu’Europe Service présentera en fin d’année en présence d’un certain Jean Todt, enfant du pays pierrefortais aujourd’hui envoyé spécial de l’Onu pour la Sécurité routière. Nom de code de l’opération et du prototype développé au terme de nombreux échanges avec l’un de ses clients, APRR, société concessionnaire d’autoroute : Econe.
Mécaniser la pose/dépose de cônes autoroutiers
Objectif : sécuriser les interventions de balisage des autoroutes, particulièrement accidentogènes et meurtrières pour les personnels engagés. “Actuellement, cela fait appel à un équipage de trois personnes, un chauffeur du
véhicule, deux autres à l’arrière : un qui fait passer les cônes, un second qui les pose, le tout avec un trafic potentiellement important et rapide, des conducteurs pas toujours attentifs...”, décrit Aurélien Lafon. Des interventions que devraient révolutionner l’engin mis au point par le service R&D d’Autec(2) : sur un camion-remorque doté d’un long plateau (protégeant le chauffeur en cas de choc arrière), est fixé un bras mécanique robotisé qui réalisera, une fois paramétré, la pose et dépose des cônes et panneaux de signalisation.
Deux premiers prototypes sont sortis de l’usine Autec, ont été testés et sont en cours de paramétrage, deux autres le seront prochainement. Brevetée, cette innovation made in Cantal est promise à un bel avenir en France comme à l’international, l’export étant annoncé comme un axe fort de développement pour la société aurillacoise qui n’y réalise actuellement que 8 % de son chiffre d’affaires.
(1) Europe Service a aussi rapatrié sur sa nouvelle unité ytracoise les fabrications des entreprises Bialler (Haute-Alpes) et Sicométal (Jura), deux constructeurs de matériel de déneigement repris respectivement en 2015 et 2017.
(2) Coût R&D du projet : entre 1 et 1,5 M€.