PRODUCTION LAITIERE
Envolée des charges et stagnation des prix du lait, le compte n'y est pas !
La FDPL a rappelé le 20 septembre lors d'une conférence de presse, l'urgence de voir s'appliquer la nouvelle loi Agriculture et Alimentation et d’encadrer davantage les pratiques des transformateurs et distributeurs.
La FDPL a rappelé le 20 septembre lors d'une conférence de presse, l'urgence de voir s'appliquer la nouvelle loi Agriculture et Alimentation et d’encadrer davantage les pratiques des transformateurs et distributeurs.
À l'occasion d'une conférence de presse au Gaec de la Louchadière à Saint-Ours-Les-Roches, la Fédération Départementale des Producteurs Laitiers (FDPL) a rappelé le contexte difficile dans lequel se trouve la profession. Entre stagnation des prix, envolée des charges de productions et confiance rompue avec Sodiaal, Thierry Chirol, président nouvellement élu à la FDPL, place de nombreux espoirs dans l'application de la future loi Agriculture et Alimentation.
Producteurs, transformateurs, distributeurs, l'éternel bataille
La situation de la production laitière n'a rien de glorieuse. Comme dans la quasi-totalité des domaines professionnels, de la maçonnerie à l'automobile, les prix des matières premières et des énergies explosent depuis le début de l'année. L'agriculture n'est pas épargnée et notamment la production laitière. L'indice IPAMPA (Indice des Prix d'Achat des Moyens de Production Agricole) a enregistré une hausse moyenne de 8,1% des prix d'achat des intrants supportés par les exploitations agricoles. Parallèlement, le prix du lait n'a quant à lui augmenté que de 1,5%. "Les charges d'alimentation ont progressé à elles seules de 25 à 30% en 2021. Certes, l'année climatique a été plus clémente pour la production de fourrages mais elle n'a pas offert les conditions optimales pour récolter de la qualité" explique Thierry Chirol.
Le président des producteurs laitiers du Puy-de-Dôme a surtout la dent dure à l'encontre des entreprises de transformations et des distributeurs avec qui, dit-il, "le dialogue est compliqué voire impossible [...] ils se renvoient la balle entre eux" avant d'ajouter "la GMS tire les prix vers le bas et nous demande dans le même temps une montée en gamme, ce système ne peut plus perdurer". La nouvelle loi Agriculture et Alimentation offre l'espoir au producteur d'encadrer les pratiques. "Si la loi est réellement appliquée, le prix du lait sera plus proche des charges de production." Les laitiers demandent ainsi un engagement et un arbitrage de la part de l'État pour enrayer la situation. " L'État ne peut certes pas tout faire. Pourtant lorsqu'il a fallu confiner 65 millions de personnes en 2020, il nous a prouvé le contraire. Quand on veut on peut et cette loi devra être appliquée au risque de voir la production laitière française diminuer au point de ne plus approvisionner le pays."
" Comment envisager le renouvellement des générations ?"
Le contexte actuel est d'autant plus préoccupant que depuis le mois d'août, un bras de fer s'engage avec Sodiaal. La coopérative a annoncé il y a quelques semaines, le déclassement de 10% du lait produit en agriculture biologique. "Sodiaal s'assoit sur ses engagements contractuels de rémunération de ses sociétaires après les avoir fortement encouragés à la conversion en agriculture biologique ! " La raison avancée à cette dévalorisation laitière n'est autre que l'engorgement des marchés. Un comble selon les producteurs.
"Les pouvoirs publics, français comme européens, orientent l'agriculture vers le bio. Les attentes sociétales imposent toujours plus de contraintes. Et au final, il n'y a aucune contrepartie pour les producteurs. C'est encore à nous de faire les frais d'une stratégie erronée. Cela ne peut plus durer. Dans 10 ans, un grand nombre d'éleveurs partira à la retraite. Comment peut-on envisager, et encourager, les reprises d'exploitations dans un tel contexte où le fruit du labeur n'est pas payé à sa juste valeur ? "